mardi 9 octobre 2012

The Black Godfather

Le film le plus connu de John Evans est incontestablement Le parrain noir de Harlem.

THE BLACK GODFATHER - John Evans (1974)

Rescapé d'un braquage qui tourne mal, le jeune JJ (Rod Perry) est protégé par Nate Williams (Jimmy Witherspoon), un chef important de la pègre qui lui prodigue quelques conseils pour réussir dans le business et l'engage à ses cotés.
Rapidement, JJ contrôle tout dans le quartier mais se refuse à tremper dans le trafic de drogue. S'appuyant sur le groupe de militants dirigé par Diablo (Damu King), le jeune parrain profite même de sa puissance pour éradiquer les dealers. Le trafic du gangster blanc Tony Burton (Don Chastain) est en péril et le dandy est prêt à tout pour sauvegarder ses parts de marché...
Produit par Jerry Gross (le producteur de Sweet Sweetback's Baadasssss Song), le film est réalisé par John Evans, auteur de Speeding Up Time et quatre ans plus tard  Blackjack (avec les mêmes collaborateurs), ainsi que du court Huey P. Newton: Prelude to Revolution.

Ce film est un pur produit blaxploitation. Par son casting, ses décors urbains, son soundtrack et son sujet. Mais aussi par sa réappropriation des histoires hollywoodiennes et l'adaptation totale à des personnages afro-américains ; là où Blacula était une déclinaison de Dracula, The Zebra Killer de L'inspecteur Harry ou Cooley High de American Graffitti, voici la -fausse- transposition du Parrain de Coppola.
Le budget est serré, les protagonistes relativement amateurs, l'action limitée et la réalisation sans génie particulier. Pourtant The Black Godfather est de mon point de vue une vraie réussite, alignant les codes des films de mafia combinés à ceux des soul movies des 70s.
Plus cheap que Black Caesar et sans nom connu à accoler sur l'affiche, il propose une autre vision de l'ascension d'une petite frappe jusqu'au firmament du grand banditisme, un caïd qui s'inquiète plus volontiers des ravages de la drogue pour la communauté qu'à accumuler les profits. Quant au Noir qui n'engage pas la lutte avec le puissant Blanc, il meurt de sa main... tel un funeste et récurrent symbole qui parcourt les films blax.

Comme dans tout bon film blax, la sexualité est présente -essentiellement d'un point de vue masculin- et l'on a droit à une scène d'amour suggestive. Cependant, il faut bien noter que si les femme noires sont mieux représentées que les blanches, la catégorie "femme" reste le parent pauvre de ce film avec des rôles purement sexualisés de petites choses inutiles et fragiles.

Rod Perry tourne dans une autre blax indépendant The Black Gestapo, et connaît une certaine renommée grâce à son rôle dans la série S.W.A.T. (il apparaît dans le film éponyme trente ans plus tard). Tony Burton est connu du grand public comme l'entraîneur d'Apollo Creed dans les Rocky, il joue aussi dans The Bingo Long Traveling..., Stir Crazy, The Toy et House Party 2. Damu King aligne quelques films blax  : Shaft, Black Girl, Top of the Heap, Sweet Jesus, Preacherman, Black Samson, Black Starlet, Blackjack et la série culte Roots Next Generation).
Pour le reste, les acteurs sont peu très peu connus : le bluesman Jimmy Witherspoon, Diane Sommerfield (Hitman), Kathryn Jackson (The Black Hooker, Joshua), Ernie Lee Banks (que l'on retrouve plus tard dans The Glass Shield, Bulworth et Life) et Henry G. Sanders qui jouent la même année dans Baby Needs a New Pair of Shoes ("héros" de Killer of Sheep, et pour le grand public le noir de service dans Docteur Quinn, femme médecin), Herbert Jefferson Jr. (Black Gunn et Detroit 9000) et John Alderman, acteur de films d'exploitation dont quelques blax (Cleopatra Jones, Black Samson) et de pornos.

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