mardi 12 juillet 2011

Nothing But a Man

Toujours au rang des œuvres précurseuses du cinéma soul et de la blaxploitation, ce Nothing But a Man présente de nombreuses qualités, dont une rare pour l'époque, celle de montrer un homme noir "ordinaire" aux prises avec les problèmes et les bonheurs de la vie...

NOTHING BUT A MAN - Michael Rœmer (1964)
Duff Anderson (Ivan Dixon) est un employé des chemins de fer, tout ce qu'il y a de plus ordinaire : il travaille dur, décompresse au juke joint et prie à l'église. C'est là qu'il rencontre Josie Dawson (Abbey Lincoln), une institutrice et aussi la fille du pasteur. Ils flirtent... et se marient rapidement.
Duff perd plusieurs emplois car il refuse de céder aux exigences et aux humiliations de ses patrons ou clients blancs. En outre, il doit composer avec un père alcoolique (Julius Harris) et un enfant d'une précédente liaison...
Ce drame est écrit et produit par Michael Roemer et Robert M. Young, le premier réalise et le second est chef op'. Les deux artisans du projet voyagèrent dans le Sud pour capter la réalité de la vie des Afro-Américains.
Il a reçu de nombreuses critiques favorables malgré une diffusion limitée. Prisé des Blancs progressistes et des festivals étrangers, il acquiert aussi un succès important dans la communauté noire, considéré longtemps comme une référence (il a même la réputation d'être le préféré de Malcolm X). Récemment, le film a bénéficié d'une édition en DVD, dans une très belle copie, accompagnée de nombreux bonus et commentaires.

Le personnage principal évolue dans le vieux Sud raciste, et face au blancs ordinaires qui le méprisent il veut se faire respecter. Le discours n'est pas politique à proprement parler, mais cette résistance individuelle est symbolique du mouvement des droits civiques qui se propage dans l'Amérique des années 60. Et, face à Duff qui aspire à travailler dignement, à l'égalité et au respect, le personnage du pasteur, son beau-père, représente la frange minoritaire des Afro-Américains qui acceptent par "tranquillité" la ségrégation et les brimades... Quant à la réalisation, elle est plutôt classique, ce qui n'enlève rien au caractère pionnier de ce film qui décrit avec respect la vie dans le Sud pour un homme noir "ordinaire".

Le casting est rétrospectivement important puisque plusieurs têtes d'affiche récurrentes des films soul y font leurs armes : c'est le cas de Yaphet Kotto, Moses Gunn, Esther Rolle et Julius Harris. Ce dernier est magistral dans son rôle d'alcoolique pathétique et l'on ne peut que regretter sa sous-utilisation dans la période suivante. Ivan Dixon s'en sort bien pour son premier -et unique- rôle principal (on se souviendra de lui comme réalisateur des incontournables Trouble Man et The Spook Who Sat by the Door). La chanteuse Abbey Lincoln, elle, ne reviendra que rarement sur les écrans -malgré une bonne prestation- et oriente surtout sa carrière dans la musique (on la retrouve cependant, et logiquement, dans Mo' Better Blues de Spike Lee).
On croise aussi Stanley Greene (Cotton Comes to Harlem, Amazing Grace, Lord Shango, The Wiz), Mel Stewart (qui interprète de Blue Howard dans Trick Baby), Gertrude Jeannette (Cotton Comes to Harlem, Shaft, The Legend of Nigger Charley, Black Girl), Richard Ward (The Cool World, Black Like Me, The Learning Tree, Brother John, Across 110th Street, Mandingo), Jay Brooks (The Cool World et Baby Needs a New Pair of Shoes)  et Gloria Foster à la carrière longue mais peu remplie (The Cool World, pas mal de séries TV avant de réapparaître sous les traits de l'Oracle dans Matrix).

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