jeudi 12 mars 2009

Get on the Bus

J'en parlai plus bas, Spike Lee est sujet à controverses. Controverses sucitées c'est sûr par son sens habile de la provocation mais surtout par des critiques -français en particulier- qui ne comprennent rien aux problématiques qu'il peut traiter !
Quand il sort des films "pour manger", pas de problèmes, quand il fait des films pointus et politiques, on hurle au racisme anti-blanc ! Or Spike Lee a un avis, c'est sûr comme chacun de nous, il a des idées politiques (que je ne suis pas sûr de partager dans le détail) mais ses films sont beaucoup plus complexes que l'on veut nous le faire croire. Ils sont souvent subtils avec une galerie de personnages aussi divers que variés et qui ont tous une raison d'agir et de penser comme ils le font... Ces films les plus complexes sont donc souvent caricaturés voire tout bonnement censurés discrètement. Voilà l'exemple de Get On the Bus qu'on ne trouve qu'en zone 1 (lisible uniquement sur les lecteurs DVD US)

GET ON THE BUS - Spike Lee (1996)


Un bus part de L.A. pour Washington avec une quinzaine d'Afro-Américains se rendant à la Million Men March, organisé en 1995 par la Nation of Islam de Luis Farakhan. Réunis par cet évènement qu'ils jugent historique et leur appartenance à la Communauté noire, ces hommes n'en sont pas moins différents.

L'organisateur, un couple homosexuel, un Républicain, un père et son fils (menotté à son père, sur ordre d'un juge), le vieux Jeremiah et son djembe, un jeune muslim, le flic (métis de surcroît), un étudiant de l'UCLA, un acteur raté, macho et misogyne...




Autant dire que ça s'engueule sévère dans ce bus, ça donne des conseils ou ça parade entre deux haltes dans un bar de rednecks et une aire de repos où des sistas ne comprennent pas pourquoi elles ne peuvent pas participer à la marche... Et pour couronner le tout, le bus tombe en panne, et un nouveau chauffer, blanc et juif, prend le relais...

Avec un sujet qui aurait pu être tantinnet épineux, Spike Lee (qui a été, voire est encore, memebre de la NOI) s'en sort avec un brio incroyable. Ce film est vraiment magistral, à l'image de l'interprétation du mythique Ossie Davis. Mais on pourrait presque en dire autant de tous les autres acteurs qui campent à merveille leurs personnages, enlisés dans leurs propres contradictions. Ces personnages sont tous réunis par la même cause, le même rendez-vous et à priori l'appartenance à la même communauté. Et en même temps, ils sont incroyablement différents, si ce n'est antagoniques dans leurs positionnements politiques ou religieux, dans leur regard sur les femmes, la famille, la morale, sur leurs vécus, leurs métiers, leurs attentes ou leurs positions sociales... Et c'est ce qui fait toute la force de ce film et de cette histoire. C'est ce qui en fait pour moi un film emblématique de la "pensée Spike Lee", faite de contradictions, de complexité et de volonté de laisser au spectateur le choix de ces héros.C'est pas le film le plus esthétique de Spike Lee, mais le cocktail d'émotion, de politique, de tranches d'humanité..., qu'il sait si bien doser est là.


1 commentaire:

Cedric a dit…

Un film difficile à trouver, en tout cas en Italie. Un de ces meileurs films celon moi.