mardi 19 juillet 2011

Putney Swope

Incroyable comédie, Putney Swope s'avère une satyre à l'humour grinçant contre la société de consommation et les mœurs américaines...

PUTNEY SWOPE - Robert Downey Sr. (1969)


Le président du Conseil d'Administration d'une agence publicitaire décède en pleine séance. Les autres membres votent donc au pied levé avec l'interdiction de voter pour eux-même. Leurs suffrages se portent sur celui pour qui personne n'est censé voter : Putney Swope (Arnold Johnson), le seul Noir de l'assistance.
Sa première décision consiste à renommé l'agence qui devient "Truth and Soul, Inc." et s'entourer d'une équipe afro-américaine. Il décide de faire désormais des spots publicitaires qui disent la vérité. Les autorités vont voir d'un mauvais œil cette agence incontrôlable...
Très peu et mal distribué aux Etats-Unis, Putney Swope est présenté à la quinzaine des réalisateurs au festival de Cannes, toujours friand de ce genre de comédie burlesque et cynique. Car Downey Sr. propose bien une farce politique totalement incroyable qui manie tout les cauchemars de l'Amérique de l'époque : une dénonciation de la publicité, des Afro-Américains riches, influents et autonomes, un refus de la guerre et des drogues "légales"... Il pousse la provocation jusqu'à représenter son héros habillé comme l'ennemi ultime des USA : Fidel Castro !

Outre le fond impertinent et drôle, le film est formellement intéressant. Première idée iconoclaste : la longue scène d'ouverture, suivie du générique où un administrateur égraine les votes pour "Swope" alors que défilent sobrement les noms des acteurs et l'équipe technique (parmis laquelle, Arthur Marks -le talentueux réalisateur de Detroit 9000, JD's Revenge, et The Monkey Hustle, Bucktown et Friday Foster- y officie aux lumières). La réalisation est percutante. Downey Sr. use tour à tour d'un style faussement documentaire avec caméra-épaule, de plans montés rapidement, de la couleur pour les spots pub d'un autre genre (si ce n'est d'une autre dimension).

Revenons et concluons sur le fond. Putney Swope n'est pas un film lourd et manichéen ; il s'agit bien d'une comédie. Downey Sr. dénonce et fait rire par l'absurde, à l'image de la publicité avec "Miss redneck New Jersey", ou de la domestique blonde -harcelée par la femme de Swope- qui témoigne à la télé que servir le couple un bonheur...
L'acteur principal, Arnold Johnson, participe à Shaft, A Hero Ain't Nothin' But a Sandwich puis dans les 90s il apparaît dans The Five Heartbeats ou encore Menace II Society. Putney Swope est son seul premier rôle ; il ne brille pas par son jeu et aurait eu du mal à retenir ses répliques, si bien que c'est Downey Sr. lui-même qui double les dialogues ; procédé qui rajoute un peu plus un coté décalé.

Si les autres acteurs sont peu connus, tels Anthony Chisholm (Uptight ! et Cotton Comes to Harlem), Leopoldo Mandeville (Black Sister's Revenge), la mention spéciale va à Antonio Fargas qui interprète un surréaliste arabe, monté sur ressort -Fargas gagne là incontestablement ses galons et apparaîtra dans les plus grands hits de la blaxploitation. On croise aussi le chanteur Al Green, ainsi que Marlene Clark qui n'est pas créditée au générique. Du coté des acteurs blancs, il y a Allan Arbus (méchant génial dans Coffy) et Allen Garfield -qui joue dans d'autres films "black" (The Organization, Cotton Club et Beverly Hills Cop II).

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