dimanche 24 juillet 2011

Slaves

Distribué en France sous les noms de La Maitresse Noire ou d'Escalves, le réalisateur black-listé Herbert J. Biberman réunit à l'écran la chanteuse Dionne Warwick, le débutant Ossie Davis et l'acteur hollywoodien Stephen Boyd.

SLAVES - Herbert J. Biberman (1969)

Luke (Ossie Davis) est un jeune esclave, dans une plantation du Kentucky, au milieu du XIXème siècle ; il a le respect et la confiance de son maître qui lui a promis de l'affranchir. Mais le maître a des soucis financiers et sa parole vaut plus grand chose : il met en vente Luke et Jericho (Robert Kya-Hill).
C'est Nathan MacKay (Stephen Boyd) qui se porte acquéreur, un exploitant aux pratiques libertines et perverses. Parmi celles-ci son appétance pour les jeunes esclaves et sa passion pour Cassy (Dionne Warwick)...
Herbert J. Biberman est surtout connu pour son brûlot Salt of the Earth, un film révolutionnaire qui lui vaudra, en plus de son appartenance au Parti Communiste, de subir la censure et les foudres du maccarthysme. Slaves est auto-produit et sort pour le moins discrètement, mais il bénéficie tout de même d'une présentation au festival de Cannes. Autant d'arguments qui peuvent donner envie de se jeter sur ce film rare. J'ai personnellement été déçu.
Certes, la violence de l'esclavage est représentée crument, les relations entre le maître et ses esclaves femmes poussé à son paroxysme... En plus, n'oubliant pas que donner les premiers rôles à des Noirs -même d'un film sur l'esclavage- est encore une rareté, voire une provocation.
Cependant, le film peine à décoller. Tout semble cheap ; c'est bien sûr la conséquence du maigre budget, mais celà ressort aussi d'une volonté de Biberman de montrer sans fard les méfaits de l'esclavage. Et le résultat me paraît plus handicapant que didactique. En outre la relation perverse entre les personnages de Dionne Warwick et Stephen Boyd est dérangeante, celle-ci semblant "jouer" des perversités de son maître.

Ce qui nous amène aux acteurs... Dionne Warwick était déjà une chanteuse connue lorsqu'elle accepte de tenir le premier rôle féminin de ce film ; il faut bien avouer qu'elle ne brille pas par son jeu. Ce sera d'ailleurs son seul long métrage (elle joue dans diverses séries ou y apparaît en tant que guest star). Je trouve ça étonnant que celle-ci ait accepté un tel rôle pour un si sulfureux cinéaste. On peut se poser la même question pour Stephen Boyd acteur confirmé de péplums incontournables (dont le plus connu est bien sur Ben-Hur), qui apparaît l'année suivante dans le téléfilm Carter's Army. Plus compréhensible est la présence Ossie Davis ; on connaît plus sa fibre militante, et il ne met pas autant sa carrière en jeu. Par ailleurs, c'est en plus la première fois qu'il se retrouve seul en haut de l'affiche.
Le méchant contremaître est campé par Julius Harris ; il avait joué à la perfection le père alcoolique dans Nothing But a Man, il participe ensuite aux grands classiques de la blaxploitation : Shaft's Big Score !, Super Fly, Trouble Man, Black Caesar et sa séquelle Hell Up in Harlem, le meilleur volet de la trilogie comique de Sidney Poitier Let's Do It Again, et enfin le James Bond soul : Live and Let Die. Outre Robert Kya-Hill (Shaft's Big Score, Roots : Next Generation), le reste du casting est plutôt composé d'anonymes. Vous pouvez trouver ce film en qualité VHS et avec un bande-son française sur La Caverne des Introuvables.

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