mardi 17 août 2010

Lady Sings the Blues

Dans cet été bien rempli, le fort beau billet de Culture Street sur Billie Holiday m'incite à publier cette fiche sur la très réussie biographie de la chanteuse ; un projet Motown piloté par Berry Gordy et une première et très convaincante prestation de Diana Ross.

LADY SINGS THE BLUES - Sidney J. Furie (1972)

Suite à son viol sordide, la jeune Eleanora (Diana Ross) arrive à New-York où elle retrouve sa mère (Virginia Capers), une employée de maison qui n'a pas grand chose à lui offrir ; elle lui trouve un travail dans un bordel de Harlem. Eleanora fait le ménage pour un maigre salaire, puis se prostitue finalement.
Mais ce dont elle rêve c'est de chanter dans le club d'en face. Un soir, elle quitte le bordel et arrive à imposer au patron du nightclub, Jerry (Sid Melton), de l'auditionner. Convaincu, il l'engage... sous le nom de Billie Holiday.
Ses prestations ne convainquent pas le public (qui préfère les filles nues), mais lui permettent de faire ses classes, au côté de Piano Man (Richard Pryor) qui l'accompagnera pendant le reste de sa carrière. Coté sentimental, elle s'énamoure d'un jeune dandy Louis McKay (Billy Dee Williams).
Rapidement, des musiciens -blancs- lui proposent de les suivre en tournée à travers le pays ; c'est le début de la gloire, mais aussi des mélanges explosifs de drogues et d'alcool conjugués à une dépression accrue...

Le scénario est basé essentiellement sur l'autobiographie de Billie Holiday (ce qui n'est en rien synonyme de réalité, puisque celle-ci serait déjà plutôt édulcorée, quant à la dureté de sa jeunesse en particulier). Mais les grands moments marquants de sa vie sont habilement amenés, à l'image de sa découverte du Sud et de ses trop célèbres lynchages (qui lui inspirent son émouvant "Strange Fruits"), de son internement, du Carnegie Hall...
Dès le générique, l'on sent une ambiance pesante, noire, soutenue par la musique orchestrale du compositeur français Michel Legrand. A l'image de sa vie, le film recèle une tension tragique tout du long... on souffre pour et avec Billie Holliday.
Le film raconte la vie d'un personnage, mais raconte aussi une époque et un point de vue, celui d'une jeune Afro-Américaine à la voix hors-norme au destin à la fois commun et particulier.

Gordy fait plus que réussir son pari d'imposer dans un grand biopic sa femme, égérie des Supremes. Il remporte un grand succès, aussi bien financier qu'auprès du public et des critiques ; il obtient en sus 5 nominations aux Oscars (ce que se fait rarement alors pour un film noir), dont une pour la meilleure actrice.
Il faut dire que tous les moyens sont là ; la réalisation est léchée. Les séquences musicales s'appuient sur un certain nombres de pros (Paul Hampton, la chanteuse Yvonne Fair, le vieil acteur et musicien Jester Hairston...), ainsi que la partition et la direction d'orchestre de Michel Legrand. Enfin, les acteurs de qualité sont au rendez-vous (un casting de Joe Scully). Billie Dee Williams interprète à la perfection un dandy amoureux, Richard Pryor joue là un de ses rôles "traditionnels" qui -à mon avis- lui vont à merveille (loin des mimiques de ces comédies des années 80) ; mais aussi Virginia Capers, Scatman Crothers et Sid Melton, ainsi que quelques gueules croisées ça ou là telles que Jayne Kennedy, Isabel Sanford (Guess Who's Coming To Dinner, Hickey and Boggs, Soul Soldier puis  Original Gangtsas et Sprung), Tracee Lyles, Norman Bartold ou Lynn Hamilton.

2 commentaires:

Fan de jazz a dit…

Je ne connaissais pas ce film. Le trouve-t'on facilement ? La lecture de votre article donne envie en tout état de cause.
Un blog très fourni dans l'ensemble. Continuez.

Culture Street a dit…

La voilà la fiche du fameux film conseillé. Toujours pas vu, mais ça ne fait que raviver mon engouement :)