lundi 14 décembre 2009

Buck And The Preacher

Et voilà que notre Sidney se lance dans la réalisation avec ce western de derrière les fagots. Titré en français Buck et son complice, Poitier s'offre un rôle à sa mesure, un héros qui se défend par tous les moyens nécessaires et sort définitivement des rôles de gentil docteur, de mari désexué et d'icône intégrationniste.

BUCK AND THE PREACHER - Sidney Poitier (1972)


Buck (Sidney Poitier) est un cowboy. Il escorte les caravanes d'Afro-Américains fraîchement affranchis qui cherchent des terres et goûtent une liberté fraîchement acquise. Mais il est aussi poursuivi par Deshay (Cameron Mitchell) qui a juré sa mort. Un jour, tentant d'échapper à ses poursuivants, Buck vole le cheval d'un drôle de prêtre (Harry Belafonte)... qui devient vite son compagnon de route. Ensemble, en déjouant les pièges, Buck et "the preacher" vont tenter de sauver leurs peaux tout en aidant le convoi à traverser la plaine.Ce premier film de Sidney Poitier en tant que réalisateur est une vraie réussite !
Tous les ingrédients du western sont là : chevauchées soulevant des nuages de poussières, canyons, villes étouffantes, fusillades, Indiens et attaque de banque... De la maquerelle au shériff sympa, en passant par le banquier chétif, tous les rôles sont là. Mais les stéréotypes véhiculés par les John Ford ou Wayne sont bien loin ; les Noirs ne sont pas que des domestiques ignares aux yeux globuleux et les Indiens des anthropophages à plumes.
Poitier s'en sort à merveille dans un rôle plus musclé que ce qu'on lui donnait jusqu'alors. Harry Belafonte est -toujours- génial, inquiétant et sympathique à la fois, sortant son flingue de sa bible. L'acteur de film B, Cameron Mitchell entame ses rôles de méchants -vous aurez compris que c'est le Blanc :-) - dans la blaxploitation (Slaughter ou The Klansman) et il fait ça plutôt bien. On peut regretter que Ruby Dee (qui joue la compagne de Poitier) se retrouve dans un rôle un peu secondaire, Poitier ne pousse malheureusement pas la déconstruction des stéréotypes jusqu'à offrir un rôle intéressant à une femme...
On retrouve aussi Tony Brubaker dans un petit rôle (le chef du convoi) et qui assure les cascades dans Come Back, Charleston Blues ou Detroit 9000, joue dans Cotton Comes to Harlem, Slaughter's Big Rip-Off, Black Gunn, Sugar Hill, Black Samson, The Soul of Nigger Charley, Friday Foster...
A signaler aussi, une légende du cinéma noir en la personne de Clarence Muse (une carrière qui commence en 1929, avec près de 150 films ou séries, dont Car Wash) dans le rôle d'un vieillard, un peu sorcier.

Le film commence par cette explication :
"The Civil War was over and by law the slaves were freed.
But when the promise of land and freedom was not honorated,
many ex-slaves journeyed out the land of bondage
in search of new frontiers, where they could free at last.

They placed their hopes in the hand of the few black
wagonmasters that knew the territory of the West.
None of this came easy, for not only did they have
to overcome a hostilewilderness,
but night riders and bounty hunters were hired,
by “persons unknown” to hunt them down
and turn them back to the fields.

This picture is dedicated to those men, women and children
who lie in gravesas unmarked as their place in history. "

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