vendredi 14 octobre 2011

Good Hair

Chris Rock laisse momentanément de coté sa série Everybody Hates Chris, ses films et autres shows pour produire et présenter ce documentaire plutôt inédit sur les cheveux afros.

GOOD HAIR - Jeff Stilson (2009)



Le projet est assez ambitieux, et touche à différents domaines : esthétique, culture, politique et économie.
Chris Rock introduit le sujet par une question de sa fille "Papa, pourquoi je n'ai pas de beaux cheveux ?" Et plusieurs actrices font ce constat d'un violence symbolique forte que résume Melyssa Ford sur ce qu'elle pensait dans son enfance : "les beaux cheveux étaient ceux des Blancs". Tout en posant ce lourd constat, Rock l'évacue rapidement pour s'intéresser aux techniques et produits pour changer ses cheveux. Et il explore les techniques (lissage, tissage...) et les filières industrielles internationales, interroge des femmes anonymes et des stars, met en avant les dangers sanitaires de certaines pratiques...
En parallèle, il suit les préparatifs d'un concours national où des coiffeurs s'affrontent dans sur un ring dans un show digne des spectacles de catch...
Cet incursion documentaire est plutôt réussie, et connait un relatif succès de diffusion. On suis sans ennui les 95 minutes du programme, grace à une alternance bienvenue entre témoignages de stars, archives, visite d'usines ou laboratoire, reportage sur le vif dans les salons et barbershops... Les passages autour du concours sont à mon goût trop longs, mais dans l'ensemble le documentaire se laisse regarder avec intérêt. Produit par Nelson George (Strictly Business et CBLien4) et Chris Rock, c'est ce dernier qui fait la narration. Il s'adjoint les services du compositeur Marcus Miller (dont la filmographie parle pour lui : House Party, Boomerang, Above the Rim, A Low Down Dirty Shame, The Great White Hype, The Sixth Man, The Ladies Man, The Brothers, Two Can Play That Game, Deliver Us from Eva, Head of State, I Think I Love My Wife, This Christmas...).

Le documentaire a été critiqué pour ne pas être assez politique et ne pas se centrer sur les causes qui poussent les femmes afro-américaines à se conformer à une certaine vision de la beauté.
Tout en décortiquant chaque aspect, il n'est pas faux que Rock s'arrête souvent au milieu de l'explication. Ces critiques sont donc recevables, mais pas rédhibitoires. Car le documentaire n'est pas mauvais pour ce qu'il ne traite pas ; c'est bien ce qu'il montre qui est pertinent et relativement rare (d'autant plus par la notoriété de Rock et des autres protagonistes). Il ne recherche pas les causes de ce phénomène, mais plutôt aux stratégies individuelles pour s'y adapter, aux excès et aux dangers, et à la mane financière que représentent le marché capillaire afro-américain.
Il pointe différents problèmes : les risques pour la peau des lotions de défrisage, le quasi-monopole des sociétés blanches sur le commerce des soins capillaires afros, la mondialisation du phénomène et le "pillage" des cheveux d'Inde...

Des dizaines d'anonymes apparaissent. Plusieurs personnalités donnent leurs avis et témoignages personnels : les actrices Salli Richardson-Whitfield, Nia Long, Eve, Kerry Washington, Raven-Symoné, Meagan Good, Tracie Thoms, Melyssa Ford, Vanessa Bell Calloway, Sarah Jones... la rappeuse Sandra Denton et son accolyte Cheryl James (de Salt-N-Pepa) et leurs alter ego masculins : Ice T, KRS-One et T-Pain.

Des professionnels apportent leur expertise et ouvrent les portes de leurs usines et de leurs salons. Tandis que la poétesse Maya Angelou et le révérend Al Sharpton apportent une réflexion plus politique ; ce dernier propose d'ailleurs une conclusion tenant compte du problème général et des réponses individuelles : "Une fois qu'on a réalisé et identifié qui nous étions, alors ça devient personnel. Je suis donc libre d'être qui je veux quoi qu'il arrive. Donc pour moi mes cheveux défrisés sont aussi africains qu'un afro, parce que tout ça vient de la culture noire."

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