vendredi 28 décembre 2012

The Zebra Killer

En moins d'un an le réalisateur William Gridler sort trois films rattachés au courant blaxploitation. Abby et Sheba Baby pour les plus connus, mais le premier est Quand la ville tremble...


THE ZEBRA KILLER - William Girdler (1974)

Le lieutenant Frank Savage (Austin Stoker) officie dans la police de  Louisville, dans le Kentucky. Avec son partenaire Marty Williams (Hugh Smith) se retrouve en charge d'une affaire épineuse : un tueur psychopathe qui laisse près de ses victimes blanches des messages signés "Mac".
Mais le tueur (James Pickett) brouille les rares pistes puisqu'il office grimmé en Noir...

Avec l'aide de son complice scénariste Gordon C. Layne, William Gridler s'inspire de faits divers réels (une série d’assassinats de Blancs en Californie) et réalise une pure pépite du cinéma bis.
Il s'entoure des producteurs David Sheldon (dont la liste des films parle pour lui : The Thing with Two Heads, Blacula, Black Mama, White Mama, Slaughter, Black Caesar, Coffy, Slaughter's Big Rip-Off, Hell Up in Harlem, Bamboo Gods and Iron Men, Foxy Brown, Sugar Hill, Golden Needles, Truck Turner, Cooley High, Friday Foster,...) et Philip Hazelton (Hammer et Bucktown) ainsi que du réalisateur Arthur Marks.

Ce film possède de véritables qualités -la composition de James Pickett et les scènes de meurtres halletantes- mais il est rempli d'incohérence temporelle, d'oublis scénaristiques (une relation semble préexister entre le tueur et le flic), mal finalisé et monté à la va-vite (avec un sortie précipitée pour coller à l'actualité). Il bénéficier de différents titres plus ou moins accrocheurs comme Panic City ou Combat Cops.

The Zebra Killer est aussi souvent présenté comme une déclinaison blaxploitation de L'inspecteur Harry. En tout cas Austin Stoker en adopte la non-chalance, le coté désabusé et les méthodes musclées. Le film repose sur un autre pilier : le jeu parfait de James Pickett en tueur psychopathe sévissant grimmé en black face, perché et flippant (grâce aussi à la musique de Jerry Styner, le compositeur de tick... tick... tick...).
A ce jour, il n'y a pas de réédition en copie correcte et on doit se contenter d'une copie très moyenne qui tourne sur le net.

Gridler s'entoure d'une bande d'acteurs mineurs présents sur Abby et Sheba Baby (Charles Kissinger, Mary Minor, Joan Ray, Mike Henry, Bill Wilson...). Il décroche tout de même un caméo de D'Urville Martin et donne un rôle à Juanita Moore (Cabin in the Sky, Up Tight, !, Skin Game, Fox Style, The Mack, Thomasine & Bushrod).

samedi 22 décembre 2012

Black Gestapo

Si certains réalisateurs ont emmergé uniquement dans la blaxploitation, nombres d'autres étaient déjà dans le circuit du cinéma de série B. C'est le cas de l'inconoclaste Lee Frost...

BLACK GESTAPO - Lee Frost (1975)

Dans le ghetto de Watts, une organisation paramilitaire nettoie les rues des dealers et des macs et aide les junkies à se désontoxiquer : The People's Army, dirigée par le General Ahmed (Rod Perry).
Ce dernier a de sérieux problèmes lorsque son subordonné cupide, le Colonel Kojah (Charles Robinson), ne fomente une scission de l'organisation, employant les militants, rétablissant la prostitution et la vente de drogue pour ses propres intérêts. Le General Ahmed va tout tenter pour contrer ses anciens camarades...
C'est un coutumier du bis qui livre ce pur produit d'exploitation : le réalisateur Lee Frost, flanqué de son compère Wes Bishop (à la fois acteur, scénariste et producteur). Les deux hommes s'étaient déjà illustrer avec le déjanté The Thing with Two Heads, agréablement loufdingue et gentiment antiraciste. Ici, le décor se veut plus réaliste. Mais le résultat est médiocre, comme un mélange vulgaire entre la blax et de la nazixploitation (voir la définition de Nanardland).
Tout les ingrédients des films Z sont réunis : sexe, violence (qui souvent se superposent en d'affligeantes scènes de viol que subit chaque personnage féminin) et un sensationnalisme réac qui surfe sur la peur du mouvement afro-américain, bien réel celui-là, tout en tentant de vendre un film "blax".
Dans son bouquin 70's Soul Fever -malheureusement épuisé- Julien Sévéon résume parfaitement : "The Black Gestapo symbolise tout à fait la blaxploitation : une production blanche , conçue par une mentalité blanche et destinée à un marché noir pour lequel elle n'a aucun respect".
Comparer le Black Panther Party aux nazis, même pour un fan de bisseries ne recèle pour moi aucune espèce de second degré. Encore moins quand la seule activité de ses pseudos "nazis blacks" consiste à coucher avec des blanches, stéréotype classique, raciste et réactionnaire s'il en est que Donald Bogle nomme "Black Buck" !

Bien sûr, une fois évacuée les critiques d'ordre idéologique, ce Black Gestapo est un film prenant, bien rythmé et qui bénéficie d'un soundtrack dynamique. Il fait toujours le bonheur des fans de bisseries en tous genres, mais ne trouve pas grâce à mes yeux.

Après The Black Godfather, Rod Perry réenchaîne dans un premier rôle, mais la mayonnaise ne prend pas ; il joue l'année suivante dans la série S.W.A.T. puis disparaît pratiquement des écrans... Charles Robinson incarne le méchant Kojah ; essentiellement acteur de série TV (dont Night Court pour laquelle il réalise trois épisodes), il joue dans quelques films comme Sugar Hill l'année précédente et Set It Off deux décennies plus tard.
Signalons aussi Rai Tasco (Black Starlet, Dr. Black, Mr. Hyde, To Sleep with Anger, Sprung), J. Christopher Sullivan  (Black Starlet, D.C. Cab, Roots : The Gift) et Chuck Wells (acteur dans Sweet Jesus, Preacherman ou Joey, il devient chef machiniste sur Dynamite Brothers, Penitentiary et les plus récents Boyz n the Hood et The Great White Hype).
Dans le casting blanc, il y a entre autres Edward Cross (Foxy Brown et Abar, the First Black Superman), Phil Hoover (The Thing with Two Heads et Sweet Jesus, Preacherman) et une égérie de Russ Meyer : Uschi Digard.

jeudi 20 décembre 2012

Brother on the Run

Herbert L. Strock et Edward J. Lakso cèdent à la mode blaxploitation avec Brother on the Run...

BROTHER ON THE RUN -
Edward J.  Lakso & Herbert L. Strock (1973)

Billy Cooper (Kyle Johnson) est un jeune étudiant qui essaie de réussir, mais entraîné par son ami Frank (Gary Rist), il se retrouve embarquer dans un braquage qui tourne mal : Frank est blessé, et les deux garçons fuient tant bien que mal avec les flics aux trousses. Ils atterrissent chez Maud (Gwenn Mitchell), la sœur de Billy qui leur file un coup de main...
Un professeur de Billy, Grant Turner (Terry Carter), va tenter de le retrouver avant la police...
Qu'est-ce qui a réuni le réalisateur Herbert L. Strock et le scénariste Edward J. Lakso, tous deux plutôt intégré à l'industrie hollywoodienne à se lancer dans ce projet soul farfelu ? Leur intérêt pour les B-Movies probablement. Ils ne transformeront cependant pas leur incursion dans la blaxploitation par un second essai, dommage car Brother on the Run nous laisse sur notre faim.
Comme souvent dans la blaxploitation, la musique a survécu au film lui-même. Et c'est peu dire que le soundtrack de Johnny Pate (et de l'acteur Adam Wade) est un classique ! Le film ressortit en VHS sous le titre Black Force 2, choix incohérent puisque le gros navet Black Force est sorti en 75 et que, précisément, c'est un gros navet qui n'a rien de comparable à ce Brother on the Run ! Il n'est pas non plus un grand film, mais il se laisse agréablement suivre.
Le scénario est bancal et truffé d'incohérence et les acteurs pas toujours au top. Mais il y a pour moi un certain charme et un "petit-quelque-chose" qui enlève l'ensemble.

Le personnage du prof compréhensif incarné par Terry Carter (Foxy Brown et Abby) est assez plat, et ses scènes pour la plupart inutile ; en l'occurence quelques moments sexys dans les bras de Blanches dénudées ou de la jolie Gwenn Mitchell (Shaft).
Par contre, les  séquences de fuites et de poursuites avec Kyle Johnson (The Learning Tree) sont elles très bien mises en scène, non pas dans l'action ou les cascades mais visuellement, par les plans serrés sur le toit de la police, les enfilades de tunnels, le montage saccadé (montage par ailleurs totalement baclé mais qui a pour effet positif de dramatiser et rythmer ces scènes). Si bien que ça rappelle parfois Sweet Sweetback's... (même si l'ensemble s'en éloigne complètement), dans la course effrénée contre la police accompagnée et magnifiée par la musique.

mardi 18 décembre 2012

Hickey and Boggs

Au rang des réalisateurs ayant brièvement officié à l'époque des soul movies, on a l'acteur Robert Culp qui s'essaie brillamment à la mise en scène avec Requiem pour des gangsters.

HICKEY AND BOGGS - Robert Culp (1971)

Al Hickey et Frank Boggs (Bill Cosby & Robert Culp) sont deux détectives privés un rien désabusés qui se retrouvent sur une affaire de disparition, celle d'une femme de l'avocat qui les a engagé.
Les deux privés comprennent rapidement que cette femme est liée au braquage d'une banque de Pittsburgh quelques années auparavant ; le montant du butin atteignait 400 000 $. Et la prime pour retrouver l'argent est de 25 000 $, de quoi motiver un peu plus Hickey et Boggs ! Mais d'autres personnes, pas très bien intentionnées, sont sur la même piste...
L'acteur Robert Culp signe la son seul et unique long métrage, et pour le coup il s'en sort bien (mieux que beaucoup à la même époque !). Le rythme est maîtrisé, les plans agréables (gràce à la photographie de Bill Butler, que l'on retrouve sur Melinda et The Bingo Long Traveling...) et la mise en scène réussies. Le tout sert un scénario de Walter Hill qui deviendra réalisateur de blockbusters dans les 80s (dont le culte The Warriors, 48 Hrs. ou Alien 3).

La présence dasn le casting des Afro-Américains est sporadique, on croise Rosalind Cash (Melinda, Amazing Grace, Dr. Black, Mr. Hyde, The Monkey Hu$tle, Cornbread, Earl and Me, Death Drug, Tales from the Hood), Isabel Sanford (Guess Who's Coming to Dinner, Soul Soldier, Lady Sings the Bus et bien sûr la série The Jeffersons, elle réapparaît plus tard dans Original Gangstas ou Sprung), la petite Wanda Spell (la fille de Poitier dans They Call Me Mister Tibbs ! et The Organization) ou encore Roger E. Mosley qui n'est pas crédité ! Celui-ci joue pourtant dans les plus grosses prods blax Hitman, The Mack, Terminal Island et le sublime Leadbelly ou même des petits indépendants comme Darktown Strutters ; il interprète Sonny Liston dans The Greatest, mais il est surtout connu pour son rôle récurrent de TC, le pilote d'hélico ami de Magnum. Bref, un casting qui sonne à peine "blax"...

C'est dans le traitement du duo qu'on trouve les raisons de classer ce film parmi les soul movies que nous affectionnons (le même débat se posait avec Across 110th Street). Bill Cosby et Robert Culp se connaissaient déjà, depuis une longue et fructueuse collaboration sur la série à succès I Spy (dont il existe un remake récent mais totalement raté avec Owen Wilson et Eddie Murphy). Volontairement dans un autre registre plus "anti-héros", le duo Culp/Cosby fonctionne bien ; je ne connais pas très bien le premier, mais voir Bill Cosby dans un polar était déjà un sujet d'étonnement, tant le comique lui colle à la peau. Or son interprétation est parfaite, il incarne un homme dépressif, en pleine rupture avec sa femme... et on y croit ! Dommage que personne n'ait fait le pari de lui proposer d'autres rôles dramatiques.

En regardant ce polar, on pense à Across 110th Street : histoire sombre, duo interracial, ambiance urbaine pesante... en sus, ils ont le même producteur, Fouad Said, et sortent à deux mois d'intervalle seulement. Mais Hickey and Boggs ne bénéficie pas d'une aussi bonne BOF, et reste connus ou recherchés uniquement des fans ultimes de la blax, d'un des acteurs ou des polars des 70s... Pourtant sa récente réédition en DVD a été célébrée sur les sites spécialisés. Souhaitons-lui une nouvelle vie...

jeudi 13 décembre 2012

Black Starlet

Recommercialisé sous le titre Black Gauntlet, ce drame offre à Juanita Brown son premier rôle...

BLACK STARLET - Chris Munger (1974)

Clara Brown (Juanita Brown) est une jeune et jolie fille de Gary dans l'indiana. Mais, coincée entre son petit ami Skully colérique et jaloux (Damu King) et la vie provinciale qu'elle trouve bien terne, elle rêve de gloire, de paillettes et de fortune. La voilà donc partie pour Hollywood !
A défaut d'y trouver de suite un travail dans la mode ou le cinéma, elle travaille dans la blanchisserie de Monsieur Sharp (Al Lewis) et peine à décrocher des rôles. Réalisateurs, photographes et producteurs veulent tous la voir nue ou coucher avec elle...
Le thème de la jeune provinciale qui se rêve en star hollywoodienne est largement repris ; dans les années qui précèdent on peut par exemple citer The Grasshopper et, pour ce qui de la blaxploitation, Miss Melody Jones et Mahogany.
Le réalisateur Chris Munger est plutôt "connu" pour le film d'horreur Kiss of the Tarantula et se trouve là presque par hasard. Le producteur et scénariste Daniel Cady s'est lui déjà illustré dans la blaxploitation avec The Black Bunch, Sweet Jesus, Preacherman et Black Samson (qui ont d'ailleurs un casting et une équipe technique assez similaires).

Le fait que l'héroïne soit noire est quasiment anecdotique, et le scénario, sous forme de flashback, se consacre essentiellement sur son envie d'ascension sociale et son combat face aux vicissitudes du show business. Et il pourrait presque s'agir d'un film féministe, s'il n'était parsemé de scène de nudité gratuite (dont l'incrédible scène de bagarre dans un club où Damu King arrache "involontairement" le chemisier d'une spectatrice à la poitrine généreuse).
Juanita Brown a un physique agréable, mais un visage moins joli que les actrices les plus connues de la période, comme Pam Grier, Tamara Dobson ou Lola Falana. Et comme son jeu est acceptable mais pas fulgurant, elle décroche là son seul rôle majeur. Dommage !

On peut reconnaître Rockne Tarkington, Damu King (qui porte pour la première et unique fois la casquette d'assistant de réalisation), Tracy King (de son vrai nom Marylin Joy) et Rai Tasco. Et pour la distribution blanche : Peter Dane qui termine sa carrière par deux films blax : Black Samurai et One Down, Two to Go, James Brodhead (Mean Johnny Barrows et Leadbelly), ainsi que le très reconnaissable grand-père de la série The Munsters (et militant de la gauche américaine) : Al Lewis.

lundi 10 décembre 2012

Velvet Smooth

Nouvelle héroïne dans la galaxie blaxploitation : Velvet Smooth. Mais elle a du mal à rivaliser avec Coffy ou Cleoptra Jones...

VELVET SMOOTH - Michael Fink (1976)
Une bande de malfrats masqués sillonent le quartier en agressant sauvagement les commerçants. De fait, ils empiètent sur les affaires de King Lathrop (Owen Wat-son), le caïd du coin.
Celui-ci est sur le pied de guerre pour savoir d'où viennent ces nouveaux venusn et il fait appel à son amie Velvet Smooth (Johnnie Hill). Velvet est une détective privée, associée à ses copines Frankie et Ria (Elsie Roman & René Van Clief) ; elles commencent par surveiller les associés de King Lathrop. Mais lorsque la bande fait un mort le Lieutenant Ramos entre dans la partie...

Après Black Force, Velvet Smooth est la nouvelle et ultime réalisation de Michael Fink. Il stoppe là sa carrière de réalisatuer et devient rapidement un spécialiste des effets visuels et collabore à de grosses productions comme Batman, le défi, Mars Attacks !, Avatar ou A la croisée des mondes. Difficile à croire tant ses deux réalisations blax sont d'énormes nanards !

En guise d'acteurs, Fink engage les combattants bardés de ceintures noires de son précédent film : Owen Wat-son, Frank Ruiz, Elsie Roman, Hector Quinones, Sydney Filson, Moses Lyllia, Sam Schwartz, Wilfredo Roldan... Précisément ceux-ci ne savent absolument pas jouer, et semblent se concentrer intensément sur la chorégraphie des combats qui paraissent lents et sont mal filmés et montés.

On retrouve une ambiance à la Dolemite (dont est rescapée l'actrice René Van Clief), sans toutefois le second degré évident du karaté décalé de Rudy Ray Moore.
Car, l'ambition démesurée de Micheal Fink est de créer une nouvelle icône féminine afro-américaine en la personne de Johnnie Hill. Moins jolie et charismatique que Pam Grier, Tamara Dobson ou Lola Falana, Johnnie Hill ne tournera pas d'autres films.

Malgré tout, ce Velvet Smooth conserve un charme certain avec son amateurisme apparent, ses micros qui se baladent dans le champ, ses incohérences et ses chorégraphies visiblement trop compliquées pour les acteurs. Un blaxploitation à recommander aux fans de série Z !

samedi 8 décembre 2012

Black Force

Si Horace Jackson compensait de très petits budgets par une mise en scène travaillée et un message à passer, ce n'est pas le cas pour Michael Fink...

BLACK FORCE - Michael Fink (1975)
Mercenaires spécialistes en arts martiaux, Adam, Jason, Eric et Billy (Warhawk Tanzania, Owen Wat-son, Malachi Lee & Judie Soriano) composent "Force Four", un groupe dont le travail consiste à récupérer des objets d'art africains spoliés durant la colonisation et qui font l'obget de contrebande aux Etats-Unis.
Leur mission actuelle : récupérer une statuette possédée par l'immonde Z (Sam Schwartz)...
Avec ce Black Force, aka Force Four, on tombe dans les tréfonds du cinéma Z. Il concourt amplement pour faire partie des plus mauvais films blax, cependant l'absence évidente de professionnalisme du réalisateur, les erreurs grossières de montage ou de cohérence rendent le visionnage divertissant voire hilarant.
La seule chose sérieuse c'est l'aptitude des acteurs dans les arts martiaux, méticuleusement rappelée aux génériques d'intro et de fin (avec la ceinture et le nombre de dan accolées au nom des acteurs).

Michael Fink revient l'année suivante avec Velvet Smooth. Ses deux films de mauvaise facture le conduisent à arrêter la réalisation mais Fink devient un spécialiste incontournable des effets visuels (travaillant sur des block busters comme Batman, le défi, Braveheart, Mars Attacks ! ainsi que les récents Avatar et A la croisée des mondes).
Quelques membres du casting (Owen Wat-son, Hector Quinones, Sam Schwartz, Sydney Filson, Wilfredo Roldan, Moses Lyllia, Frank Ruiz...) le suivront sur Velvet Smooth, puis tomberont eux dans l'oubli.
Warhawk Tanzania  incarne le héros d'un autre blaxploitation longtemps introuvable : Devil's Express.

mardi 4 décembre 2012

Deliver Us From Evil

Avec ce dernier long métrage, on peut conclure d'Horace Jackson qu'il est un précurseur du cinéma néo-réaliste impulsé par le Killer of Sheep de Charles Burnett...

DELIVER US FROM EVIL - Horace Jackson (1977)

Chris Townes (Renny Roker) est considéré comme un asocial ; il se débat dans des boulots dégradants avec des supérieurs blancs qui le harcèlent. Après un passage par l’hôpital psychiatrique, Chris tente de maîtriser sa rage.
Sa première rencontre avec Mindy (Marie O'Henry) est catastrophique, mais il harcèle la jeune femme, tente de la protéger d'un gang de dealers, s'intéresse à Joey (Danny Martín) le jeune handicapé dont Mindy s'occupe.
Chris n'est pas amoureux d'elle, mais il s'accroche à elle comme à une bouée...
 Trois ans après Tough !, le remake du film de Truffaut Les 400 coups, et six ans après le très bon The Bus Is Coming, Horace Jackson livre son dernier film puis disparaît de la circulation ou tout de moins du monde du cinéma.
Sur Deliver Us From Evil, parfois titré plus sobrement Joey, il est à la fois producteur, réalisateur et scénariste. Et il est difficile de résumer l'histoire, tant le script est d'une part riche et à vocation didactique et philosophique et, d'autre part, que les invraisemblances sont parfois criantes.


En cette fin des 70s (synonyme d’essoufflement du mouvement des droits civiques, de l'échec relatif du Black Power, et d'un processus de moyennisation de la Communauté), dresse un bilan des plus sombres de la vie d'un afro-américain lambda, thème abordé par Top of the Heap. A travers la tension psychique qui anime le héros, entre son envie de vivre et sa rage face aux obstacles d'une société moderne aux multiples violences, il interroge le salariat, le racisme, la drogue, l'omniprésence de la religion, l'éducation... Ces questions, Jackson les pose à la Communauté afro-américaine elle-même comme le rappelle le refrain récurrent : "Look what we're doing to ourselves !"

Le casting composé essentiellement d'amateurs pose, plus que dans les autres projets de Jackson, un problème dans le rythme du film. Seul Renny Roker, déjà présent sur Tough !, est un acteur confirmé ; celles et ceux qui lui donnent la réplique ont un jeu relativement pauvre.
Citons tout de même quelques comédiennes et comédiens déjà aperçus comme Marie O'Henry (Three the Hard Way, Dr. Black, Mr. Hyde, The Glove), Marc Hannibal (The Grasshopper, Amazons Against Superman), Gloria Delaney (Black Girl, The Human Tornado, A Piece of the Action, Blue Collar, Penitentiary, Crossroads), ou encore Loretta King, Maurice Emanuel, Larry Kinley Jr., Irene Stokes et Chuck Wells qui devient par la suite chef machiniste.

samedi 1 décembre 2012

The Bus Is Coming

Trois ans avant Tough !, Horace Jackson s'illustre comme scénariste du trop méconnu The Bus is Coming...

THE BUS IS COMING - Wendell Franklin (1971)

Billy Mitchell (Mike B. Sims) rentre du Vietnam pour l'enterrement de son frère Joe, leader des droits civiques de Compton assassiné par des policiers racistes. La Communauté lui rend hommage, et en particulier ses camarades de combat, adeptes du "Black Power" et de l'auto-défense, menés par Michael (Burl Bullock). Celui-ci est persuadé que l'assassinat de Joe n'est que le prélude de la liquidation systématiques des leaders afro-américains et plaide pour la vengeance et la contre-attaque.
Tout en essayant de les retenir, Billy enquête sur les circonstances de la mort de son frère...
Voilà l'unique film dirigé par Wendell Franklin ; assitant de réalisation sur The Cosby Show, il co-produit un autre soul movie : Joey (aka Deliver Us from Evil) que réalise justement son scénariste actuel Horace Jackson.
En tout cas, l'équipe de production est afro-américaine et le sujet comme le traitement de The Bus is Coming le place en position de film fondateur de la blaxploitation. Malheureusement il est très mal distribué et n'est projeté que dans très peu de salle ; bien que plébiscité par le Festival de Los Angeles, il ne fait pas le poids face à l'énorme succès de Shaft, sorti un mois plus tôt. Et contrairement au film de Gordon Parks, The Bus is Coming n'a aucun aspect de divertissement, c'est au contraire un drame social voire politique.
Le budget est minimal mais bien utilisé et Wendell J. Franklin assure une bonne mise en scène. L'amateurisme des acteurs renforcent le réalisme des situations, et seule Stephanie Faulkner aura une petite carrière, dont quelques films blax comme Black Fist, Death Journey et  J.D.'s Revenge.

Horace Jackson décrit la violence des rapports raciaux dans les Etats-Unis des 70s. Chaque catégorie est présente : communauté noire, activistes "Black Power", vétéran du Vietnam, femmes, policiers racistes... Or, tout en actant la centralité du racisme dans son récit, Jackson essaie d'éviter le manichéisme (tant prisé par les futures productions blax des grands studios) et ses personnages sont parfois déconcertant (à l'image du flic raciste qui a une maîtresse noire).
Pour ma part, je regrette cette position "objective" trop en avance sur son temps (quelques années plus tard, le film serait rentré parfaitement dans la veine du cinéma néo-réaliste impulsé par Charles Burnett).
Cependant, l'exercice est incontestablement réussi et trop peu récompensé par le faible impact en terme de public.