dimanche 28 novembre 2010

Stir Crazy

Après un western qui n'a rien à envier aux grands titres du genre, puis trois comédies survoltées avec Bill Cosby et d'autres comédiens remarquables, Poitier sacrifie -avec ce Faut s'faire la malle- à ce qui va s'imposer comme les mauvaises recettes des années 80 : les duos inter-raciaux comiques !

STIR CRAZY - Sidney Poitier (1980)

 
Harry Monroe (Richard Pryor) et Skip Donahue (Gene Wilder) sont deux amis renvoyés le même jour de leur travail : Harry était maître d'hôtel chez des blancs huppés, mais la cuisinière a remplacé l'origan par son herbe, tandis que Skip était détective dans un grand magasin.
Ils décident de quitter New-York pour tenter leur chance loin de la ville, en Californie. En route, ils trouvent un boulot consistant à se déguiser en Woody Woodpecker pour faire la promotion d'une banque.
Un jour, pendant leur pause, des gangsters revêtent leur costume voyant et braquent la banque. Evidemment, nos deux compères se font arrêter à tord, et ils écopent de 125 ans de prison.
Ils essayent d'abord de simuler la folie pour échapper à l'enfermement, puis s'intègrent peu à peu auprès de leur co-détenus. Mais le directeur de la prison nourrit des ambitions pour Skip ; il veut le présenter à un rodéo...
Cette comédie fut un grand succès commercial (le 3ème de l'année 80)
Pas très marrant, longuet, ce film ne brille pas.
Les facéties de Pryor sont ici sans saveur (et finalement assez rares), sans parler de celles de Gene Wilder qui sont franchement insupportables. Et l'on regrette l'harmonie et la complémentarité du duo Poitier/Cosby... Pourtant les deux acteurs reprendront du service en 1989 avec See No Evil, Hear No Evil.
Ce film ouvre le chemin des comédies légères produites pour un large public (entendez un public blanc), et où toute caractéristique culturelle est soit niée soit caricaturée. Heureusement, c'est la première option qu'a choisit Poitier. Mais l'on peut tout de même regretter que l'emblématique Sidney Poitier soit tomber dans le piège de ce genre de comédies formatées.

On reconnaît quelques visages familiers tels que Ester Sutherland, Georg Stanford Brown (qui incarne un homosexuel caricatural), Tony Burton, Henri Kingi, Ajaye Franklyn, Doug Johnson, Charles Weldon... ou encore l'ancien catcheur Erland van Lidth (aperçu en méchant vicieux dans The Running Man).

samedi 27 novembre 2010

The Blues Brothers

Voilà un film que j'avais oublié de chroniquer lors de ma rétrospective des comédies des années 80. Oubli réparé aujourd'hui, mais oubli révélateur du problème que soulève ce film (que j'adore par ailleurs) pour qui s'intéresse à la culture afro-américaine : comment un duo de Blancs décroche un succès si important en utilisant systématiquement musique, personnages et références noir-américaines ?

THE BLUES BROTHERS - John Landis (1980)

"Joliet" Jake Blues (John Belushi) -fraîchement libéré de prison- et son frère Elwood (Dan Aykroyd) s'attèlent à une impérieuse mission : réunir 5000 $ pour sauver l'orphelinat où ils ont grandi, et où vit leur père spirituel Curtis (Cab Calloway), menacé d'expulsion.
Pour réunir l'argent, ils projettent de reformer leur groupe et donner un énorme concert. Ils doivent d'abord retrouver leurs comparses éparpillés.
Pendant leurs recherches, au volant de leur Bluesmobile, ils doivent convaincre leurs musiciens et amis de reprendre la route avec eux, jouer dans des bouges pour se rôder, échapper à la police, àet des nazis et des musiciens de country, et déjouer les pièges d'une mystérieuse femme (Carrie Fisher)...
L'idée des Blues Brothers naît dans le Saturday Night Live, où officient John Belushi et Dan Aykroyd. Aux deux comédiens, se rajoutent entre autres le bassiste et le guitariste de Booker T. & the MGs : Donald "Duck" Dunn et Steve Cropper (qui fait aussi un invisible caméo dans Be Kind Rewind), ainsi que Willie "Too Big" Hall aux percussions -qui fut membre de The Bar-Kays et batteur d'Isaac Hayes (il apparaît aussi dans Soul Men). Et la mayonnaise prend tellement bien que le groupe prend réellement vie en sortant un premier album en 1978 : Briefcase Full of Blues.

Incontestable succès, critique, public et commercial (115 millions rien qu'en exploitation en salle), The Blues Brothers sonne tout de même comme un énorme hold-up.
Examinons d'abord les raisons de ce succès mérité. Le duo des frères est complètement décalé, -fringués comme des mafieux de pacotille, lunettes noires et rouflaquettes- ils s'imposent par leur flegme et leur loufoquerie austère. Les séquences musicales sont fortes et possèdent incontestablement une énergie communicative (à l'image du cultissisme "Everybody Needs Somebody to Love").
Les cascades et les effets spéciaux sont ultra-réussis, en particulier la coure-poursuite finale en voiture et le monstrueux carambolages de voitures de police...
Enfin, les grand noms de la soul, du funk et du blues répondent présents, et viennent offrir leur talent : Cab Calloway et son Hi De Ho Man, James Brown, John Lee Hooker, Ray Charles, Aretha Franklin qui, dans une scène magistrale , reprend son Freedom face à son restaurateur de mari (par ailleurs aux claviers) ou encore Chaka Khan.

Quant au "hold-up", il vient justement de ces stars afro-américaines et il est assez symptomatique de la récupération en règle qui est à l’œuvre dans les années 80s : le "blanchissement" -la normalisation d'un point de vue hollywoodien- de thèmes afro-américain (dont l'exemple phare pourrait être Rocky, cet improbable boxeur blanc qui défait ses adversaires afro-américains).
Ici c'est donc une partie de la culture noire qui est utilisée -à bon escient- mais avec des personnages principaux blancs. Bien sûr celà fait aussi parti du ressort comique, avec cet aspect décalé des frères Blues, avec leurs costumes de mafieux et leur immersion dans un milieu afro-américain.
Attention, il n'y a pas de racisme dans ce film (le groupe de nazis qui s'oppose aux héros en est d'ailleurs la preuve).

Les acteurs principaux sont donc des musiciens (dont les membres du groupe qui reprennent leurs postes dans la séquelle Blues Brothers 2000 : Steve Cropper, Willie "Too Big" Hall, Alan Rubin, Matt Murphy, Tom Malone, Lou Marini, Murphy Dunne, Donald "Duck" Dunn).
Mais il y aussi quelques acteurs bien choisis comme Carrie Fisher (la Princesse Leïa dans Star Wars), Steven Williams (reconnu comme le Capitaine Fuller de 21 Jump Street, il débute dans Cooley High et The Monkey Hu$tle), les réalisateurs Steven Spielberg et Franck Oz (Bowfinger), Charles Napier (récemment décédé, il participe à Original Gangstas, Steel et Nutty Professor II: The Klumps), James Avery, Mr. T, Paul Butler...
Le film est produit et monté par George Folsey Jr. (Hammer, Black Caesar, les épisodes de la série Shaft : The Kidnapping, The Capricorn Murders et The Murder Machine, J.D.'s Revenge, Coming to America et Bulletproof).

vendredi 26 novembre 2010

Comédies des 70s : conclusion

Si la vague des films soul opère ses premiers balbutiements avec une comédie -Watermelon Man- produite par Hollywood et réalisée par Melvin VanPeebles, qui en deviendra le père spirituel (titre qu'il refuse par ailleurs), la blaxploitation met plutôt en scène des héros musculeux et des héroïnes aussi belles que courageuses dans des films d'action, d'arts martiaux ou d'horreur, des westerns ou des drames.
Ainsi, si l'on met à part les très particuliers Darktown Strutters et Dolemite, la première moitié des années 70 est bien peu pourvue en comédies. Et cette faible proportion se traduit par une bonne qualité des métrages qui sortent : le réjouissant et politique Five on the Black Hand Side et les deux premiers volets de la trilogie mettant en vedette le duo Poitier/Cosby, voire même la comédie de Mel Brooks : Blazing Saddles. Or justement, ce succès rend "bancable" le cocktail comédie et blaxploitation.

C'est bien à ce moment que les choses se gattent et préfigurent ce que seront les années 80. A Piece of the Action, le dernier Poitier/Cosby est décevant, tandis que Car Wash va signer non seulement la fin des comédies sociales et politiques afro-américaines mais plus généralement de la blaxploitation. En effet, conjugué à l'intégration d'un personnage noir dans chaque blockbuster (tel le dandy à succès Billie Dee Williams dans Star Wars), le filon des comédies noires semble malheureusement intarrissable : il permet de capter le public noir qui verra éventuellement quelques traits culturels bien représentés et de bons acteurs principaux, mais il permet aussi à un public blanc d'adhérer à ces héros inoffensifs, voire caricaturaux.
Ce sont Michael Schultz et Pryor qui sont les figures emblématiques de ce dépérissement avec un rythme annuel de sorties de comédies plus ou moins réussies : Car Wash, Greased Lightning et Which Way Is Up ?
Tout celà préfigure malheureusement les années 80 où ne subsiste plus que ce type de héros afro-américain dans des comédies d'action rythmées mais stéréotypées.

Il faut tout de même retenir que les années 70s ont permis l'émergence de véritables talents, des comiques auxquels le cinéma a permis de se faire un nom auprès des masses afro-américaines -si ce n'est même d'un public plus large- et qui ont remplis les salles de spectacle de leurs one man show extraordinaires (on pense en particulier au tout de même talentueux Richard Pryor, mais aussi à Rudy Ray Moore qui venait de la scène avant de se lancer sur grand écran).

mercredi 24 novembre 2010

Disco Godfather

Avec Le Camé, Rudy Ray Moore clôt ses apparitions cinématographiques des années. Même si ce dernier film est en deça des précédents, il aura marqué de son empreinte les comédies et contribuer à étoffer de ses délires déjantés ce ce qu'on appelle la blaxploitation.

DISCO GODFATHER - J. Robert Wagoner (1979)

Tucker Williams (Rudy Ray Moore) est propriétaire le d'un club, doublé d'un ex-flic qui s'essaye au deejaying.
Lorsque son neveu Bucky tombe dans le coma suite à une overdose d'Angel Dust (et des hallucinations cauchemardesques, peuplées de sorcières et de basketteurs mort-vivants) Tucker Williams va lutter contre le fléau, en profitant de son club pour sensibiliser son public. Mais surtout, avec l'aide de ses anciens collègues et de ses proches, il va tout faire pour faire tomber le réseau mafieu à l'origine du trafic.
Ce Disco Godfather reprend les ingrédients qui avaient fait le succès de Dolemite, The Human Tornado et Petey Wheatstraw, rajoute une grosse dose de disco pour coller à la mode... Mais , à mon goût, l'inspiration tout comme l'étonnement ne sont plus au rendez-vous, le rythme est plus lent, les scènes de club trop longues (près d'1/4h pour la scène d'ouverture).
On retrouve heureusement quelques folies scénaristiques et visuelles comme ces étranges basketteurs de l'au-delà ou le redneck champion de Av.

Restent les complices de toujours -Jerry Jones (en docteur, plutôt qu'en flic), Lady Reed et Jimmy Lynch- ou d'un ou deux films comme West Gale, Dino Washington, le karateka Howard Jackson, Xavier Chatman, Iola Henry, Leroy Daniels
La grande Carol Speed -l'héroïne possédée de Abby- apparaît dans un rôle trop peu développé (mais R.R. Moore partage tout de même dificilement le leadership sur ses films surtout avec les personnage féminins).
On retrouve aussi quelques seconds rôles croisés ici et là tel Antar Mubarak (Car Wash), Marilyn Coleman (Willie Dynamite, Which Way Is Up ?, la série White Shadow, I'm Gonna Git You Sucka, Menace II Society, ...), et marque le début de longues carrières comme Keith David, Hawthorne James et Julius Carry (inoubliable "Shogun of Harlem" de The Last Dragon).

samedi 20 novembre 2010

Which Way is Up ?

Le couple Schultz/Pryor reprend du service pour la troisième fois en 2 ans.

WHICH WAY IS UP ?
- Michael Schultz (1977)

Leroy Jones (Richard Pryor) est un ramasseur d'oranges. Il vit tant bien que mal avec sa famille -dont son père, sa femme Annie Mae (Margaret Avery) et leur fils- dans un petit village d'ouvriers agricoles, afro-américains et latinos. Un jour, le syndicat Juarez lance une grève dont Leroy devient le chef de file par accident.
Mr. Mann, le propriétaire de la plantation ne voit pas d'un bon œil les grèves ouvrières ; avec ses hommes de mains, il force Leroy à partir pour Los Angeles, sous le nom de Rufus Jones. Là-bas, il croise la route d'une jolie militante Vanetta (Lonette McKee), dont il tombe raide amoureux. ils se marient et ont un enfant ensemble.
Obligé de rentrer dans son village, il apprend que le fils d'Annie Mae n'est pas de lui, mais du révérend Lenox Thomas. il décide alors de se venger en mettant enceinte la femme du pasteur Sister Sarah (Marilyn Coleman).
La lecture ci-dessus donne toute la mesure de l'indigence du scénario. Conjuguée à la réalisation d'une platitude incroyable, ce film peut être qualifié d'ennuyeux. Un film caricatural, grossier et misogyne.
Le duo de Michael Schultz à la réalisation et de Pryor en personnage principal marque le pas avec ce film (alors que Greased Lightning pouvait laisser espérer une alliance plus subtile entre sujet intéressant et ton humoristique).

Le film ne tient quasiment que par les prestations de Richard Pryor. Il joue ici trois -voire quatre personnages- : le personnage principal (tour à tour ouvrier puis cadre), son père et un pasteur.
Grimaces, postiches, changements de voix et de registre, Pryor se donne à fond avec le talent qu'on lui connaît mais cela ne suffit pas à susciter l'intérêt, tout juste à sourire de temps en temps.

Il faut tout de même le noter, les trois actrices conquises à un moment par Pryor sont peut-être le seul véritable rayon de soleil du film. Découverte dans Sparkle (puis survivant après la blax' dans The Cotton Club, Round Midnight, Men of Honor, Jungle Fever, Malcolm X, She Hate Me ou ATL), Lonette Mc Kee irradie par sa beauté cet sa combativité, Marilyn Coleman est géniale en femme prude qui se dévergonde, et la palme va à Margareth Avery (surtout lorsque celle-ci tente par tous les moyens de réveiller la libido de son mari).
On croise aussi un habitué des comédies black : Otis Day (qui apparaît parfois sous le nom de DeWayne Jesse). Et tout un tas de secondes gueules de la blax' comme Gloria Edwards, Tanya Lynne Lee (School Daze), Eddie Smith, Morgan Roberts, Paul Mooney...

mercredi 17 novembre 2010

Greased Lightning

Rebondissant directement sur le succès de Car Wash, Michael Schultz et Richard Pryor se lancent dans une collaboration fructueuse financièrement, mais plutôt pauvre d'un point de vue artistique. Ce film restant plutôt au-dessus du lot...

GREASED LIGHTNING - Michael Schultz (1977)

A la fin de la 2nde guerre mondiale, Wendell Scott (Richard Pryor) revient dans son village d'enfance, en Géorgie, après avoir servi dans l'armée. Il rencontre Mary (Pam Grier) lors de sa fête de retour au pays. Les deux jeunes gens tombent amoureux et se marient. Ils économisent pour réaliser le rêve de Wenndell : devenir pilote de course.
Pour l'instant, il travaille comme taxi ; mais il trempe aussi dans la contrebande de whisky (ce qui a lui permet de développer ses connaissances en mécanique auto pour rendre ultra-performantes des voitures ordinaires, capable de distancer la police). Il ne se fera attraper qu'une fois par les autorités locales.
C'est ce palmarès qui lui vaudra d'être proposé pour conduire un bolide lors d'une course organisée dans le comté. Il perd, mais il prend goût à la course, et va désormais passer son temps libre à booster des voitures pour gagner.

Oliver Wendell Scott fut le premier Afro-Américain -et le seul- à gagner la course principale de la "National Association for Stock Car Auto Racing" (NASCAR). C'est son histoire romancée que nous propose ici Michael Schultz (sur un scénario auquel a collaboré Melvin Van Peebles).

A mon sens le plus intéressant des films issus de la collaboration Pryor/Schultz (le premier en fait, vu qu'il ne tenait qu'un petit rôle dans Car Wash). On sent que l'on est encore dans les années 70 même si les meilleurs titres du soul cinema sont derrière, le genre ne s'est pas encore totalement effacé au profit de comédies légères voire décébrées. Accompagné par la musique Fred Karlin (The Take et Leadbelly de Gordon Parks), il s'agit d'ailleurs moins d'une comédie que d'un biopic traité sur un ton enoué (essentiellement dû à la présence de Richard Pryor, qui reste pour l'occasion plutôt réservé, dans un de ses rôles sérieux qui lui vont tellement mieux, comme dans le sublime Lady Sings the Blues).

Pam Grier est sublime (il est finalement rare de la voir en mère de famille, personnage qu'elle incarne très bien, avec un zeste de glamour et une vraie sincérité).
Pour le reste du casting, on peut citer Bill Cobbs, Minnie Gentry, Clebert Ford, Cleavon Little (le héros de Blazing Saddles)...
J'ai envie de parler aussi des premiers pas de Robert L. Stevenson qui s'imposera dans les décennies suivantes comme LE coiffeur des Afro-Américaines tels Whoopie Goldberg, Angela Bassett ou encore Samuel L. Jackson.

dimanche 14 novembre 2010

Petey Wheatstraw

L'année 77 voit naître le punk, certes, mais c'est du coté du cinéma soul la fin de deux trilogies, celle réunissant Sidney Poitier et Bill Cosby ; tandis que dans un tout autre registre se conclue la série des Dolemite avec ce Petey Wheatstraw.

PETEY WHEATSTRAW - Cliff Roquemore (1977)

Petey a toujours été exceptionnel : de sa naissance épique (où il vient dans un corps de jeune adolescent exceptionnellement fort) à son apprentissage précoce des arts martiaux.
Adulte, Petey Wheatstraw (Rudy Ray Moore) fait des one-man show. Il doit justement se produire dans un club... Ses concurrents (Leroy Daniels & Ernest Mayhand), aux ordres de leur principal actionnaire Mr. White, ne l’entendent pas de cette oreille. Ils envoient leurs hommes de mains pour mettre un coup de pression à Petey et ses potes ; la rixe dérape et le jeune Larry est abattu. A l’enterrement, toute la bande à Petey se fait fusiller.
Mais Lucifer veille. Il propose à Petey sa réusurrection (et celles de ses amis) ainsi que d'immenses pouvoirs contre sa promesse d'épouser son hideuse fille. Petey accepte, mais à d'autres projet en tête...

Encore une fois, le produit que l'on a sous les yeux est totalement inclassable. Horreur et fantastique, comédie, arts martiaux et séquences sexy s'entrecroisent, suivant une logique sommaire. Tous les acteurs surjouent et les effet visuels relèvent d'un amateurisme assumé. Mais, pour les amoureux de bisseries, on confine au sublime dans le n'importe quoi ! Les plus savoureuses de ces louffoqueries sont sans doute la scène de baston en slip et débardeur verts, ou cette double scène où un Lucifer en jogging rouge offre à Petey ses diablesses pour son enterrement de vie de jeune garçon.
Cliff Roquemore reste derrière la caméra, tandis que Rudy continue de multiplier les casquettes d'acteur, créateur, scénariste, décorateur, producteur...

Comme d'habitude l'essentiel du casting est amateur ; au maximum certain tournent une dizaine de films (et souvent uniquement les productions de Moore). Et l'on retiendra les complices du début comme Cliff Roquemore à la réalisation, Jimmy Lynch, Lady "Queen Bee" Reed, Leroy Daniels, Ernest Mayhand...

vendredi 12 novembre 2010

A Piece of the Action

L'année 77 voit naître le punk, certes, mais c'est du coté du cinéma soul la fin de deux trilogies, celle des Dolemite avec Petey Wheatstraw ; tandis que dans un tout autre registre se conclue la -fausse- trilogie réunissant Sidney Poitier et Bill Cosby.


A PIECE OF THE ACTION - Sidney Poitier (1977)


1975 : David Anderson (Bill Cosby) déjoue les pièges de haute technologie pour accéder à un coffre et vole une grosse somme d'argent.
1976 : Manny Durrell (Sidney Poitier) réussit un véritable coup de bluff et dérobe 475000 $ à un gros mafieu, Mister Bruno (Tito Vandis).
Quelques mois plus tard, l'inspecteur Joshua Burke (James Earl Jones) -qui a enquêté sur ces deux affaires- prend sa retraite. Pour une raison qui restera secrète jusqu'à la fin, il a décidé de faire payer les deux filous en les obligeant à travailler gratuitement pour un centre social, dirigé par Lila French (Denise Nicholas).
Les deux compères qui ne se connaissaient pas jusqu'alors sont obligés d'accepter ; ils tentent de découvrir leur mystérieux et atypique maître-chanteur.
La première demi-heure laisse espérer : les arnaques de Poitier et Cosby sont plutôt agréables, tout comme leur première rencontre avec Denise Nicholas (où ils ne comprennent rien à ce qui se trame).
Malgré ce début prometteur, Poitier peine malheureusement à convaincre sur la longueur. Il hésite entre la comédie classique, l'action, le vaudeville familial et la chronique sociale. Et il rate presque chacun de ses objectifs qu'il avait pourtant mixés à merveille dans ses deux précédents films : l'humour est diffu, l'action trop peu rythmée et la morale d'un ennui indescriptible. La belle-famille de Manny (en particulier Ja'net DuBois en tante alcoolique) aurait pu être un parfait divertissement, mais le ressort est complètement sous-utilisé. Quant au propos politique et moral, on se vautre dans des clichés éculés sur la jeunesse et un paternalisme dégoulinant...
Ce film se révèle donc ennuyeux (ce qui est d'autant plus difficile qu'il est le plus long avec ses 135 minutes).

On se console avec un casting de rêve : James Earl Jones, grand acteur bien mal utilisé, connu pour ses rôles aux coté d'Harrison Ford, sa voix de Dark Vador... Il est surtout premier le premier président noir des USA dans The Man, et incarne l'écrivain Alex Haley dans Roots : Next Generation.
Coté féminin, il faut citer Denise Nicholas, Tracy Reed et Frances Foster, une actrice de séries que Spike Lee embauche dans Croocklyn et Clockers. On peut aussi évoquer Frances E. Williams (The Black Klansman, Together Brothers, Baby Needs a New Pair of Shoes), Eric Laneuville (aperçu dans Black Belt Jones et plus tard réalisateur de séries comme Lost ou Prison Break), Bryan O'Dell tiendra l'année suivante le rôle-titre de Youngblood, Gloria Delaney (Black Girl, The Human Tornado, Joey, Blue Collar, Penitentiary, Crossroads), ainsi que Tamu Blackwell, Cyril et Sherri Poitier, James Wheaton, Gammy Singer, Titos Vandis et Steve Vignari.