dimanche 30 juin 2013

R.I.P. Jim Kelly

Alors que j'évoquai sur ce blog, depuis deux semaines, la filmographie de l'incomparable Jim "Dragon" Kelly. La flamme du dragon s'est éteinte ce samedi 29 juin 2013.

Rest in Peace



mercredi 26 juin 2013

Black Belt Jones

Après le cultissime Enter the Dragon, Robert Clouse refait tourner Jim Kelly qui devient La ceinture noire...

BLACK BELT JONES - Robert Clouse (1974)

Don Stefano, un mafieux influent et aux soutiens haut-placés, prévoit d'investir dans l'immobilier. L'immeuble stratégique dont il veut s'emparer abrite le club de karaté de Papa Byrd (Scatman Crothers). Don Stefano sous-traite l'affaire à un malfrat local en dette : Pinky (Malik Carter). Sa première menace se solde par un échec et ses hommes mis en déroute par les élèves de la Black Byrd Karate School, menés par Toppy (Alan Weeks). Mais ce dernier réclame du renfort auprès de "Black Belt" Jones (Jim Kelly), un agent secret ancien disciple de Pop Byrd et justement déjà en mission contre le mafieux.
Mais le vieux karatéka se fait tuer par Pinky, juste après avoir affirmer que l'école ne lui appartenait pas mais était à sa fille Sidney (Gloria Hendry). Et justment, elle débarque en ville, bien décidé à en découdre avec les assassins de son père !
Jones et Sidney débutent une collaboration musclée et fructueuse, doublé d'un flirt...
Après le fulgurant succès d'Enter the Dragon et l'accroche du personnage de Jim Kelly sur le public,  Robert Clouse repasse vite derrière la caméra -poussé par les producteurs Heller et Weintraub- mais cette fois il se concentre sur le karatéka afro-américain, mélange de vengeur urbain et de super agent international. Le scénario est confié à Oscar Williams (réalisateur militant de The Final Comedown et Five on the Black Hand Side) et la BOF à Luchi DeJesus qui signe un soundtrack comptant parmi les classiques du genre.

Tous les ingrédients d'un bon film bis sont réunis : bagarres, dialogues indigents et rires forcés, un chouïa d'érotisme, un scénario bancal... tout celà lié avec le petit plus qui fait que ça fonctionne pour spectateurs. On se délecte des scènes de combats qui sont plus savoureuses les unes que les autres, débutant de façon assez classique dans la rue ou la salle d'entraînement, elles évoluent dans un train pour culminer dans une cultissime bagarre rangée dans un car wash empli de mousse.
On sourit des nombreux moments décalés, souvent prétexte à montrer un bout de fesse, telles les filles en bikinis qui font du trempoline ou la longue scène de course-poursuite amoureuse à travers la plage (dont on retrouve l'esprit dans Black Dynamite).

Cependant, le personnage secondaire féminin n'est pas qu'une potiche aguichante et/ou une petite chose fragile dont le héros doit prendre soin, mais une combattante aguerrie campée par Gloria Hendry, qui se bat avec une classe et une précision dans l'exécution assez rares dans la blax et pour les actrices en particulierdont. Et lorsqu'elle balance un "I ain't your mamma" avant de rosser vertement les méchant ! On jubile !

Quant au "traître" noir (ici incarné par Malik Carter) qui fricote avec les méchants whiteys, il se fait aussi bien malmener par ses alliés blancs que corriger par ses ennemis afro-américains.

En somme, c'est incontestablement le plus réussi (bénéficiant d'une distribution de Warner) et l'un des plus réjouissants black kun fu movies ! Il s'appuie bien sûr sur un casting qui regorge de comédiens des années blax. Esther Sutherland et Scatman Crothers y font office de vétérans. On peut reconnaître Earl Jolly Brown (Live and Let Die), l'éternel bon copain Alan Weeks (Shaft, The French Connection, Willie Dynamite, Truck Turner), Eric Laneuville -qui deviendra par la suite réalisateur de séries TV, et apparaît dans plusieurs blaxploitation tels The Omega Man, Shoot It Black, Shoot It Blue, A Piece of the Action et 15 ans plus tard dans Fear of a Black Hat. Ou encore Ted Lange, passé à la postérité pour son rôle du jovial Isaac dans Love Boat. Signalons aussi l'obscur acteur blanc Vincent Barbi qui joue dans Sweet Sweetback... et Dolemite, et Mel Novack, un acteur de seconde zone qui entre participe à des plus mauvais film de tous les temps : Vampire Assassin.
Rajoutons enfin le cascadeur Eddie Smith, fondateur de la Black Stuntmen's Association, qui officie pendant trois décennies de Halls of Anger et M.A.S.H. à The Nutty Professor, en passant par Blazing Saddles, Harlem Nights ou Do the Right Thing et des dizaines d'autres et ses collègues Henri Kingi et Alex Brown.
Il existe un film titré The Tatoo Connection et parfois Black Belt Jones 2 ; il n'est en rien la séquelle de celui-ci...

dimanche 23 juin 2013

Enter the Dragon

Jim Kelly participe surtout à Opération Dragon, film culte des 70s avec le non moins culte Bruce Lee...

ENTER THE DRAGON - Robert Clouse (1973)

Lee (Bruce Lee) est un brillant élève d'un temple shaolin. Il se voit charger par une agence américaine d'enquêter sur l'impitoyable Han (Kien Shih), un trafiquant de drogue et de femmes. Il doit pour celà s'inscrire au tournoi d'arts martiaux que le malfrat organise sur son île privée.
En sus, juste avant son départ, Lee apprend que sa sœur a failli être capturée par les hommes de Han et a préféré se tuer que de tomber entre leurs mains. Le voilà doublement motivé !
Sur le bateau qui mène les participants sur l'île de Han, Lee sympathise avec Williams et Roper (Jim Kelly & John Saxon), un Afro-Américain en délicatesse avec la police et un playboy anglais, tous deux se connaissant déjà.
Les trois hommes vont participer au tournoi et s'opposer au sadique Han...
Première coproduction entre Hollywood et Hong Kong, ce film a marqué à plus d'un titre. D'abord, c'est le dernier tourné par le légendaire Bruce Lee. En plus il sort quelques jours après sa mort et réalise donc de juteux bénéfices se comptant en centaines de millions de dollars.
Ce qui le rend aussi incontournable, en tout cas pour ce blog, c'est la présence à l'écran de l'ancien champion du monde de karaté Jim Kelly, découvert par Robert Clouse dans Melinda.
La partition est signée du compositeur de thèmes immortels comme Mission impossible, Mannix ou Starsky & Hutch : Lalo Schifrin (on lui doit aussi dans la période blax les BOF de Golden  Needles et Hit !).

Tout cela concourt donc à faire accéder ce film au rang de culte, avec des scènes de combat parfaitement chorégraphiées et une mise en scène est bien rythmée ; Bruce Lee a participé directement au script, à la réalisation et à la production de ce film posthume. Il faut y rajouter aussi une étonnnante modernité. Alors qu'Hollywood découvre à peine qu'on peut produire des films pour un public afro-américain, cette coproduction peut s'apparenter à un précurseur des buddy movies interraciaux qui seront recopiés à l'infini dans les 90s.

Coté distribution, la belle Marlene Clarck se retrouve cantonnée à un micro-rôle de secrétaire...
Bien sûr, on découvre différents noms connus des films d'arts martiaux, au premier rang desquels Jackie Chan, alors inconnu, et nombre de jeunes acteurs asiatiques. Pour les occidentaux, citons Darnell Garcia (Blind Rage et Black samouraï), le cascadeur et acteur Pat E. Johnson ou encore le méchant balafré Robert Wall, ceinture noire de karatéqui tient un petit rôle et le poste de coordinateur des combats sur Black Belt Jones).
Avec son afro et ses rouflaquettes, ses costumes flashy et son style martial particulier, le personnage de Jim Kelly remporte un succès plus que mérité auprès du public, et spécifiquement des jeunes Afro-Américain. Avec des répliques extraordinaires et une classe mémorable, Jim Kelly a plusieurs scènes pour affirmer son personnage. Repéré par Robert Clouse sur Melinda, celui-ci va vite capitaliser sur l'impact d'Enter the Dragon et la nouvelle notoriété de Kelly en se lançant dans un projet répondant aux critères "blax" de l'époque : Black Belt Jones.
Il faut cependant remarquer que, pour "moderne" que soit l'idée d'un casting multiracial, Jim Kelly expérimente le rôle du bon copain noir qui meurt avant la fin, quand le Blanc survit voire aide grandement le héros principal. Tout ce que l'on peut voir de lui correspond aux stéréotypes du "Black" : vaguement militant, bagarreur (mais c'est le minimum pour l'occasion) et sexuellement insatiable... Un travers finalement tristement novateur lui aussi.

mercredi 19 juin 2013

Melinda

La carrière de Jim Kelly commence par ce très bon film, mélange de drame et d'action...

MELINDA - Hugh A. Robertson (1972)


Entre ses émissions et ses cours de karaté, le talentueux et resplendissant DJ Frankie J. Parker (Calvin Lockhart) collectionne les conquêtes féminines. Mais quand il rencontre Melinda (Vonetta McGee), il tombe éperduement amoureux.
Mais lorsque celle-ci est assassiné, Frankie se jure de retrouver les meurtriers. Avec l'aide de son ami Charles Atkins (Jim Kelly) et d'une conquête éconduite, Terry Davis (Rosalind Cash), le coquet DJ n'a d'autres buts que la vengeance...
Quand on débute Melinda, on se doute que Calvin Lockhart, Jim Kelly et Rockne Tarckington ne sont pas réunis pour tricoter... Lockhart a déjà une solide carrière derrière lui (Dark of the SunSalt and Pepper, Halls of Anger, Cotton Comes to Harlem), Kelly débute mais va vite devenir une star afro-américaine grâce à Enter the Dragon. Quant à l'ancien footballeur Rockne Tarckington, il incarnera entre autre Black Samson. On peut donc légitiment s'attendre à des bastons épicées. Non seulement on est de ce point de vue pas déçu, mais on est même agréablement surpris par le gros premier tiers où l'histoire d'amour Lockhart/McGee est traitée avec habileté.
Par la suite, après le meurtre de la splendide Vonetta McGee, le film prend une tournure sombre et violente où bagarres et gunfights ne sont pas de simples ressorts exploitatifs.
La place des femmes ne se réduit pas à de simples potiches, faire-valoir du héros. En témoigne le personnage interprété brillamment par Rosaling Cash.
Par ailleurs, la scène d'amour entre le couple star est d'un érotisme rare, et pour l'époque en particulier (rappellons que les relations sexuelles interraciales à l'écran remontaient à peine à 1969 avec 100 Rifles et The Grasshopper). Elle est cependant altéré par un montage à vocation comique d'une bonhomme se masturbant à la porte des tourtereaux : effet voulu ou "censure" susurrée par les producteurs ?

En tout cas, Hugh A. Robertson se tire plutôt très bien de son emploi de réalisateur. La mise en scène et la direction d'acteurs sont au point. Celui-ci ne dirigera plus d'autres longs-métrages blax, mais il est crédité comme monteur son sur The Cool World et monteur sur Shaft, dont il réalise le making-of (Soul on Cinema). Robertson est ici épaulé par Bill Butler (Hickey and Boggs et The Bingo Long Traveling...) à la photographie.
Du casting à la BO -de Jerry Peters et Jerry "The Ice Man" Butler- en passant l'équipe technique et bien sûr le scénario énergique de l’éclectique Lonne Elder III (à qui l'on doit Sounder ou Bustin' Loose), tous les ingrédients concourrent à un très bon film blaxploitation, dont il est incompréhensible que la MGM n'est jamais édité de copie convenable.

Outre les actrices et acteurs sus-cités, la distribution fait la part belle à quelques seconds couteaux habituels comme Jeanne Bell qui deviendra l'inoubliable TNT Jackson, Renny Roker (qui joue dans les drames sociaux d'Horace Jackson : Johnny Tough et Joey), Ed Cambridge (Cool Breeze, The Final Comedown, Trouble Man, Hitman, Friday Foster, Deep Cover et le téléfilm Soul of the Game) et le catcheur Earl Maynard (Black Belt Jones, Truck Turner et Mandingo). Ou encore les cascadeurs afro-américains Henri Kingi, Tony Brubaker et Peaches Jones, et blancs George Fisher et Gene LeBell.

mercredi 12 juin 2013

Jim Brown

Le 17 février 1936, sur l'île de St. Simons en Géorgie, naît le petit James Nathaniel Brown. Il passe son enfance dans une relative pauvreté et une autarcie (conséquences de l'insularité et de la ségrégation), qui s'avéra salutaire, puisque le petit James Nathaniel grandit finalement assez loin du racisme et de la dure vie urbaine, dans une famille aimante et protectrice.
A 8 ans, il quitte St Simons et rejoint sa mère  à New York ; mais leurs relations sont tendues et Jim sera finalement élevé par ses grands-parents.
Au lycée, Jim devient une star sportive et sort avec la chef des cheerleaders... Le mythe est en marche.

Le temps des records
C'est donc fort logiquement, grâce à un système de promotion très spécifique au Etats-Unis, qu'il peut s'inscrire à l'Université de Syracuse. Et les différents coachs voient rapidement les talents du jeune homme. Au football, il aligne les réussites, les records universitaires et les faits de gloire lors des matchs. Mais Jim pratique aussi en parallèle le basket et la crosse où il excelle là aussi.

Et lorsqu'il quitte la fac en 1957, il entre dans la prestigieuse NFL, la ligue de football américain. Il rejoint les Cleveland Browns et jouera sous leur maillot jusqu'en 65 où il met un terme à sa carrière sportive.
En huit années, Jim Brown aura marqué le football d'une empreinte indélébile, alignant là encore des records insensés. Beaucoup n'ont été que rarement égalé, certains toujours pas. Il est encore aujourd'hui célébré comme un des meilleurs sportifs de tous les temps (son "successeur" sera Ernie Davis, auquel une biographie est consacré en 2008 : The Express, Brown y est interprété par Darrin Dewitt Henson).
Mais à 29 ans, en pleine gloire, Jim Brown met un terme à sa carrière et en profite pour s'atteler à son nouveau défit : le cinéma !

Premier clap
Charismatique et servi par un physique travaillé, notre ex-footballeur se voit offrir des rôles musclés qui annoncent les mâles invincibles de la blaxploitation.
En ces temps-là, Sidney Poitier incarnait le gendre idéal. Il jouait dans des romances gentillettes, des drames et des comédies progressistes mais inoffensives et dût attendre sa vingtième année de carrière pour gifler un blanc (dans In the Heat of the Night).
Dès Rio Conchos, Jim Brown propose un personnage différent de ceux de Poitier. Certes, il meurt souvent avant la fin et inaugure en un sens les rôles de faire-valoir produits à la chaîne dans les 80s et 90s. Mais il incarne des rôles alors inédit, échappant aux attributs négatifs des oncles Tom des années 50, comme aux rôles policés d'un Poitier. Pour la première fois des personnages positifs, virils et combattifs qui peuvent rivaliser avec leurs comparses blancs apparaissent sporadiquement dans les salles obsucres, et c'est Jim Brown qui les interprète ! Dans un cinéma hollywoodien où les Noirs étaient désexués depuis 60 ans, Jim Brown est l'incarnation de la virilité afro-américaine.
Dans The Grasshopper et 100 Rifles, l'ultime tabou est levé puisque ses personnages ont des relations sexuelles explicites avec une blanche, fait encore inédit dans le cinéma hollywoodien à cette époque.

Cependant, il n'y pas encore de libération totale de la représentation de l'homme noir. Si l'on y prête attention, la grande majorité des films de Brown le place hors de la société américaine moderne ; il tourne ainsi dans des westerns (Rio Conchos, 100 Rifles et El condor), des films de guerre à l'étranger (The Dirty Dozen, Dark of the Sun et Ice Station Zebra) et même le premier Slaughter se passe loin du territoire américain.
Tout ce qui normalise sa présence à l'écran, qui le rend l'égal d'un personnage blanc, est comme relativisé par l'éloignement spatial et/ou temporel de l'histoire (même dans Riot et tick... tick... tick... il est loin de la société urbaine où se nouent les problématiques de la Communauté afro-américaine).
Cet ancrage de ses personnages dans la société contemporaine, c'est ce que va lui apporter la blaxploitation.

Blaxploitation time !
La même année que Slaughter sort Black Gunn qui nous plonge dans une ambiance urbaine, avec des militants afro-américains opposés à la mafia blanche, et Jim Brown en dandy branché mais prêt à se défendre !
Dans Slaughter's Big Rip-Off, le scénario se déroule là encore dans une ambiance urbaine où se côtoient des seconds rôles importants de la blax comme Gloria Hendry, Scatman Crothers et Dick Anthony Williams.
Three the Hard Way marque l'apothéose des black action movies avec la réunion explosive des trois plus grandes stars du moment : Brown, Fred "the Hammer" Williamson et Jim Kelly (le trio se reformera une décennie plus tard dans One Down To Two Go, mais pour le pire cette fois).

Notre ex-footballeur ne se limite pas à ces nouveaux héros urbains, il continue à jouer dans des westerns et films de guerre exotiques ou de prison : respectivement Take a Hard Ride et Kid Vengeance d'une part et I Escaped from Devil's Island, The Slams et Pacific Inferno d'une autre.
On peut conclure que Jim Brown n'est pas un acteur de blaxploitation, mais bel et bien un acteur tout court avec une marque de fabrique qui dépasse largement les canons obligés des soul movies. Ainsi, après Sidney Poitier, Brown est incontestablement l'acteur afro-américain qui marque le cinéma des années 70.

Malgré la diversité de ses projets, la déclinaison de la blax fragilise sa carrière. Il participe bien à CHiPs, Hooker ou K 2000. On le retrouve aussi dans Fingers aux cotés d'Harvey Keitel, un excellent drame mafieux, mais malheureusement dans le rôle d'un mac violent, qui rappelle les "Black Bucks" d'antan...
Brown revient sur grand écran en 1987 dans The Running Man, dans un petit rôle face au super-héros Schwarzenegger. L'année suivante, il décroche une tête d'affiche dans l'hillarante parodie de la blaxploitation signée Keenen Ivory Wayans : I'm Gonna Git You Sucka.


Dans la même veine semi-autobiographique, Jim Brown apparaît en 1996 dans la distribution de Mars Attacks, où il joue un ancien sportif qui a raté sa reconversion et trime comme figurant dans un casino. La même année Larry Cohen rassemble la dream team de la blax (Brown, Pam Grier, Fred Williamson, Richard Roundtree, Paul Wienfield et Ron O'Neal) dans Original Gangstas.
Il collaborera ensuite avec Spike Lee, en jouant dans He Got Game et She Hate Me. Entre temps, Lee lui consacre un très bon documentaire : Jim Brown All American.

Echecs et zones d'ombre...
Alors que la blaxploitation décline, Jim Brown se lance dans la production avec son ami d'alors Richard Pryor (et l'actrice Sheila Frazier) avec l'envie de faire de vivre un cinéma afro-américain. Les projets s'amoncellent : The Story of Paul Robeson, The Color Purple, Purple Rain... mais aucun ne verra le jour chez Indingo : les relations entre Brown et Pryor s'enveniment (essentiellement du fait de ce dernier, empétré dans ses addictions) et l'aventure de la production s'arrête là.
Plus grave, les histoires de Brown avec ses compagnes est jalonné d'accusions de viol et de violences. Il a cependant toujours été innocenté...

L'engagé
Malgré ses talents, Jim Brown fut victime comme ses semblables du racisme et de la ségrégation. Mais les manifs et les meetings ne l'intéressent pas.
co-fondateur Negro Industrial & Economic Union. Il incite les Afro-Américains à créer des entreprises et à peser économiquement sur la société. Il profite de sa renommée pour acquérir le soutien et les financements de personnalités et sportifs importants, comme Muhammad Ali.
 En 1988, Brown se concentre sur un nouveau combat : le soutien à la jeunesse des ghettos, où sévit la guerre entre Bloods et Crips. Il fonde l'Amer-I-Can Program pour aider les prisonniers à se réinsérer, à travers un programme éducatif qui leur redonne une estime de soi.


1964

1967

1968

1969
Kenner

1970

1972

1973

1974

1975

1977

1978

1979

1982

1987

1988

1989
Crack House
L.A. Heat

1996

1998

2002
Jim Brown All American (Documentaire)


2008
The Express (Biopic)


lundi 10 juin 2013

The Express

Pour conclure cet aperçu de la filmographie de Jim Brown, voilà un film qui où l'ex-footballeur n'apparaît pas en tant qu'acteur, mais en tant que personnage "historique"...

THE EXPRESS - Gary Fleder (2008)


Elevé par son grand-père Pops (Charles S. Dutton), Ernie Davis grandit dans la Pennsylvanie des années 40, en proie au racisme et la ségrégation. Puis le petit Ernie retroune vivre avec sa mère (Aunjanue Ellis), à New-York, lorsque celle-ci a trouvé une situation stable. Dès son arrivée dans la Grosse Pomme, Ernie se met au football.
Plusieurs années plus tard, Ben Schwartzwalder (Dennis Quaid) le coach de l'équipe universitaire de Syracuse cherche à rebondir après le départ de son running back, le talentueux Jim Brown (Darrin Dewitt Henson). Avec l'aide de ce dernier, il convainc Ernie (Rob Brown) de rejoindre son équipe...
Aux Etats-Unis l'histoire du sport se conjugue bien souvent avec la question raciale. Et le cinéma s'en fait l'écho (de The Great White Hope à Ali en passant par A bingo Long Travelling... et Greased Lightning). The express vient compléter la liste : sous-titré The Ernie Davis Story, le film retrace la -trop courte- vie premier Afro-Américain à remporter le trophée Heisman, la récompense ultime du championnat universitaire.
Produit par John Davis (important producteur de blockbusters, mais plutôt spécialisé, pour les films avec des Afro-Américains, dans les comédies familiales), le script s'inspire du roman de Robert C. Gallagher. Le projet est faramineux et engloutit 40 millions de dollars. Il en rapporte péniblement le quart ; il faut dire que le sujet est difficilement exportable.
Les critiques sont pourtant plutôt positives lors de la sortie, la controverse naît plutôt sur les inexactitudes du scénario. Malgré ces imperfections, ce biopic est captivant. Inutile de s'y connaître dans ce sport pour savourer les séquences de match, elles sont intelligemment chorégraphiées et le montage apporte un rythme bienvenu.

Cependant, force est de constater que le personnage d'Ernie Davis est assez plat. Ainsi le rythme et la force et la puissance dramatique du film reposent plutôt sur le personnage du coach, interprété avec brio par Dennis Quaid, pas vraiment anti-raciste mais guidé par l'unité de son équipe et un fond d'humanisme. L'époque est toutefois bien dépeinte, on ressent la chape de plomb du racisme assumé qui pèse sur le Texas où les joueurs d'une même équipe ne peuvent pas dormir au même étage, les joueurs afro-américains devant se contenter des chambres de service en sous-sol et de l'entrée du personnel.

Niveau casting, le rôle-titre est tenu par Rob Brown passé jusque là inaperçu malgré des rôles importants dans Coach Carter ou Take the Lead (respectivement aux cotés de Samuel L. Jackson et Antonio Banderras). Jim Brown est interprété par Darrin Dewitt Henson (The Salon, The Last Stand, The Hustle), qui n'a ni la tête ni la carrure du champion. Le reste du casting noir est peu visible à l'écran : Charles S. Dutton (Mississippi Masala, The Distinguished Gentleman, Menace II Society, A Low Down Dirty Shame, Get on the Bus, A Time to Kill, Blind Faith, Against the Ropes, American Violet, Fame...), Omar Benson Miller (8 Mile, Get Rich or Die Tryin', Transformers, Miracle at Santa-Anna, Grindin' et un personnage récurrent de CSI : Miami), Nelsan Ellis (The Soloist, The Help et les série The Inside et True Blood), Aunjanue Ellis (Men of Honor, In Too Deep, Undercover Brother, Ray, Brother to Brother, Cover, Notorious, The Help), Phillip Edward Van Lear (A Family Thing, Barbershop 2, Meet the Browns), Eddie Bo Smith Jr. (Mo' Money, Original Gangstas, Hoodlum, Ali, Barbershop), et Linara Washington (Barbershop 2, Kings of the Evening).

vendredi 7 juin 2013

She Hate Me

Dernière collaboration en date de Jim Brown et Spike Lee. Celui-ci dynamite les codes de la comédie romantique ; il multiplie les pistes, mélange les genres et, comme à son habitude, questionne notre société...

SHE HATE ME - Spike Lee (2004)


Après le suicide du professeur Shiller, John Henry "Jack" Armstrong (Anthony Mackie) est accusé par son supérieur de délit d'initié et viré.
Le salut financier lui vient de son ex-fiancée ; Fatima et sa nouvelle compagne Alex (Kerry Washington & Dania Ramirez) lui proposent 10000$ chacune pour les mettre enceinte. Fatima va même lui trouver 18 lesbiennes pour être le géniteur de leurs enfants, et pour la même somme. Il accepte mais se pose rapidement des questions éthiques.
En parallèle, la police enquête sur le délit d'initié et tente de confondre John Henry. Tout se gâte encore plus lorsque Simona Bonasera (Monica Bellucci), la fille d'un parrain de New-York (John Turturro) postule pour l'insémination in vivo...
J'avais longtemps laissé ce DVD sur une étagère, imaginant un sombre nanard ; la présence de Monica Bellucci que j’exècre n'y étant pas pour rien. En plus, ce film a été écrasé sous une avalanche de critiques ultra-négatives (et les recettes au box-office s'apparentent à un véritable échec). En fait, j'ose à peine l'écrire, mais j'ai trouvé ce film excellent. Empli d'humour, regorgeant de saynètes incroyables, de rencontres improbables et de dialogues succulents, servi par une mise en scène plus ou moins étrange mais presque toujours sublime, et par la musique de Terence Blanchard.
Bien sûr, il y a une forte part de goût dans ce jugement ; et il faut bien avouer que le scénario est parfois brouillon, part dans tous les sens, ouvre des pistes qu'il ne referme pas et multiplie les personnages sans leur offrir de réelle consistance. Ces points reflètent bien la réalité de ce film et peuvent se muer en critiques, mais elles en renforcent pour moi la qualité.
Lien
Encore peu connu à ce moment-là (il n'avait joué que des petits rôles dans 8 Mile ou The Manchurian Candidate), Anthony Mackie se voit offrir son premier rôle et s'en tire plutôt bien (par la suite, il jouera dans Million Dollar Baby, The Man, 2Pac dans Notorious, Desert Flower, Night Catches Us, Louis, Real Steel...). Pêle-mêle, citons Kerry Washington (Little Man, Ray, I Think I Love My Wife, The Last King of Scotland, Miracle at Santa Anna), Lonette McKee, Dania Ramirez, Chiwetel Ejiofor, Paula Jai Parker, Kim Director, Q-Tip, Lemon... Plus étonnante est la présence de Jamel Debbouze, d'autant plus qu'il joue le personnage bafouillant et rigolo qu'on lui connaît de ce coté de l'Atlantique.
Comme pour marquer son amour du cinéma, Lee n'hésite pas à embaucher l'acteur allemand David Bennent, qui joua dans le grand classique Le tambour.
Bien sûr, Spike Lee s'adjoint les services de ces acteurs ou techniciens fétiches : Jim Brown, Joie Lee sa sœur, Rick Aiello et surtout John Turturro, tout simplement génialissime en mafieu de la vieille école (dont la présence et les scènes nécessitent à elles seules de voir ce film !). Isiah Whitlock Jr. reprend son rôle de l'agent Amos Flood qu'il avait déjà incarné dans The 25th Hour (c'est peut-être l'œuvre de Michael Genet, scénariste de ces deux films, ainsi que du très bon Talk To Me).
C'est le dernier film de Lee dans lequel jouera Ossie Davis, réalisateur précurseur, acteur de talent et homme au grand cœur qui décède l'année suivante.