mardi 12 octobre 2010

Five on the Black Hand Side

Avec cette adaptation ciné d'une pièce de théâtre, Oscar Williams offre à mon avis à la Blaxploitation sa meilleure comédie et même un de ses meilleurs films.

FIVE ON THE BLACK HAND SIDE
Oscar Williams (1973)

A la veille du mariage de sa fille, Mrs. Brooks (Clarice Taylor) n'en peut plus ! Elle n'en peut plus de son mari (Leonard Jackson) tyrannique qui planifie ses journées, lui donne du "Mrs. Brooks, vous..." , qui ne lui a pas offert de robes depuis des années et qui ne compte pas le faire pour le mariage, pas plus qu'il ne lui a dit un simple "merci"...
Mr. Brooks (Leonard Jackson), lui, est patron d'un salon de coiffure, interdit aux femmes; c'est le petit bourgeois afro-américain par excellence : il croit à l'american way of life, au travail et à la morale... Ce qui ne plaît pas beaucoup à son benjamin, Gideon (Glynn Turman), qui préfère squatter les toits que l'appartement familial et opte clairement pour le black power plus que pour l'intégrationnisme de son frère, Booker T. (D'Urville Martin). Celui-ci peste pour qu'on l'appelle "Sharrief" mais son militantisme reste de façade pour son jeune frère qui lui reproche de mépriser les "sisters" en sortant avec une blanche.
Une situation explosive, donc, qui va rapidement dégénérer et opposer Mrs. Brooks et Gideon d'un coté et Mr. Brooks et Booker T., de l'autre. Au milieu, Gail qui aimerait bien se marier dans le calme et les traditions africaines...
En filmant les déboires de cette famille, Oscar Williams réussit à rebondir après le brulant The Final Comedown. Sur un ton comique, il reste pourtant dans un registre social et tente de montrer les dangers de la division de la communauté afro-américaine.
Il prône la solidarité féminine contre le patriarcat, la nécessaire unité, la lutte contre toutes les oppressions... Le film est toujours léger mais résolument afro-américain : ça déconne black, ça chante black, ça danse black (avec les danseuses et danseurs de Soul Train d'ailleurs).

Le personnage de Mr. Brooks -porté par le grand Leonard Jackson- est si horrible qu'il en est complètement génial. Toute comme à l'opposé la trop rare Clarice Taylor qui campe une Mrs Brooks qui redresse ses épaules et se coiffe afro pour s'opposer à son patriarche de mari. Le reste du casting est à l'image des deux précédents : parfait ! D'Urville Martin et Glynn Turman, bien sûr. Mais l'on croise aussi le dinosaure Godfrey Cambridge en guest au début, le DJ new-yorkais Frankie Crocker, la pétillante Ja'net DuBois, la volumineuse Virginia Capers, Philomena Nowlin (héroïne d'un obscur film d'action : Miss Melody Jones), Fred Daniel Scott, Cal Wilson et Dick Anthony Williams qui quitte ses habituels personnages de pimp pour endosser le tablier et les ciseaux d'un coiffeur.
Ce cocktail si bien dosé d'humour et d'un propos politique, pertinent, conjugués à l'ambiance afro (dont la BO de H.B. Barnum) et à un casting éclectique et très étoffé... tout celà contribue à faire de ce Five on the Black Hand Side un de mes films préférés de cette époque et une porte d'entrée pour celles et ceux qui veulent découvrir la blaxploitation.

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