mardi 26 octobre 2010

Dolemite

A mille années-lumière de l'univers réaliste et bon-enfant de Poitier, l'année 75 marque l'arrivée fracassante de Rudy Ray Moore sur les écrans, et le cinéma afro-américain voit naître une icône ultra-populaire (dont les productions ne franchiront que tard les barrières des salles des quartiers noirs, et toucheront essentiellement les fans de cinéma bis).
Le résultat est tout incomparable... pour le meilleur comme pour le pire.



DOLEMITE - D'Urville Martin (1975)


Accusé à tord de recel de fourrures volées et de drogue, Dolemite (Rudy Ray Moore) purge une peine de prison. Mais, malgré son arrestation, la drogue circule toujours dans son quartier et son neveu a même été assassiné... Avec l'aide de Queen Bee (Lady Reed), il est donc libéré contre sa collaboration pour démanteler le réseau criminel dirigé Willie Green (D'Urville Martin).
Harcelé par l'inspecteur corrompu Mitchell (John Kerry), il écume alors le ghetto, se produisant dans les clubs afro-américains ou enquêtant dans la rue... Petit à petit, Dolemite rebâtit sa réputation auprès des gens et reprend la main sur ses combattantes, les Dolemite Girls...


Rudy Ray Moore débute sur les planches comme comédien, il crée son personnage de Dolemite qui va lui coller à la peau. Et, surfant sur la mode des films soul, il porte l'adaptation à l'écran.
Héros à la virilité surdéveloppée alliée à une carrure impressionnante, il arbore costumes colorés, vestes à flanelles, chapeau et canne... Il aligne aussi les conquêtes, qui s'avèrent être sa garde rapprochée de Dolemite Girls, aussi sexy que bagarreuses.
Il faut rajouter à ça une voix incomparable et un débit très personnel, ainsi que de nombreuses scènes, en club ou dans la rue, où il toaste dans un slam avant-gardiste. Dernière spécificité : son karaté très particulier, à la fois grossier et surjoué.
D'ailleurs, si les gangsta-rappeurs des années 90 ont emprunté à un héros blax leur vulgarité, leur bling-bling et leur harem, c'est bien à Dolemite ; mais d'un rôle de composition à prendre au ixième degré, ils en ont fait un mode de vie, se complaisant dans le luxe illusoire et la misogynie crasse.

La réalisation de D'Urville Martin -second rôle incontournable des films blax- est plutôt mauvaise, en tout cas sans éclat. Si le charme de ces films résident dans ce coté mal filmé, horriblement monté et ostensiblement cheap, on peut tout de même regretter que D'Urville ne se soit pas contenté de son métier d'acteur...

Voilà les ingrédients qui font de Dolemite un héros iconoclaste de la blaxploitation ; à la fois proche et si différent des Black Caesar, Slaughter et autres Willie Dynamite.Et le résultat est tout de même captivant par son amateurisme assumé, inversement proportionnel à l'aura de Dolemite.

R.R. Moore fait jouer ses amis, si bien qu'on ne les retrouve guère que dans ses films ou dans de petites productions indépendantes. Lady Reed et Jimmy Lynch apparaissent dans les quatre titres, Jerry Jones dans trois, Freddie DeFox, Cardella Di Milo (déjà vu dans Blackenstein et Baby Needs a New Pair of Shoes) et O.C. Wilson dans les deux premiers... A noter aussi John Kerry (qui reprendra les traits du méchant Blanc trente cinq ans plus tard dans le génial Black Dynamite), René Van Clief (Velvet Smooth), Dino Washington, West Gale et Vincent Barbi (que l'on peut croiser aussi dans Sweet Sweetback..., le premier dans un rôle similaire de pasteur haut en couleur) et Abel Jones dont c'est la seule apparition sur grand écran et écrira l'année suivante le scénario de Death Journey.

2 commentaires:

Dolemite for ever a dit…

"Can u dig it, mother fucker !"
Dolemite, c'est la classe et la vulgarité en même temps !
Un vrai héros populaire !

Anonyme a dit…
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