THE SPOOK WHO SAT BY THE DOOR
- Ivan Dixon (1973)
- Ivan Dixon (1973)
Le sénateur Hennington (Joseph Mascolo) en pleine réélection a l'idée d'ouvrir la CIA à des membres noirs. Voilà donc l'agence qui intègrent donc une promotion exclusivement d'hommes afro-américains. Le seul à parvenir au bout de la formation est Dan Freeman (Lawrence Cook), un travailleur social de Chicago, apparemment bien sous tous rapport.
Mais au bout de quelques années de travaux ingrats au sein de l'agence, Dan Freeman démissionne et retourne à Chicago reprenant son boulot ,au contact des pauvres du ghetto. Freeman a une idée en tête : recruter des militants nationalistes noirs pour les entraîner à la guérilla urbaine en vue d'opérations politique. Il crée les "Freedom Fighters"...
Le titre est à double sens. "The spook who sat by the door" fait référence aux premiers temps de l'affirmative action lorsque les entreprises remplissaient leur quotas raciaux en engageant un portier noir. Le mot spook peut être entendu aussi comme agent secret... et il résume la double problématique avancée par Ivan Dixon : le questionnement de l'affirmative action et l'actualité de la révolution noire.
Malgré un lieu commun qui fantasme la blaxploitation comme un courant militant, rares sont les films vraiment politiques ; et dans ce petit cercle fermé de moins d'une dizaine de titres, The Spook... est le seul à présenter positivement un groupe paramilitaire organisé capable de rivaliser efficacement avec les forces de l' "ordre".
Dixon semble suivre les préceptes de Melvin Van Peebles qui dans son journal de tournage de Sweetback... affirmait que "le film ne pourra pas se contenter d'être un simple discours didactique projeté [...]
dans un cinéma vide, à l'exception de dix ou vingt frères déjà
convaincus qui me taperont sur l'épaule en me disant que le film dit
vraiment la vérité. [...] Il doit être capable d'exister comme un produit commercial viable sinon il n'aura aucun pouvoir". C'est clairement l'ambition d'Ivan Dixon qui construit son film avant tout comme un film d'action et d'espionnage de facture assez classique ; la différence c'est que le héros est un révolutionnaire et que le réalisateur, complaisant, prend le temps d'expliciter sa pensée politique. Rare ! Dixon fait oeuvre de pédagogie ; il fait s'affronter les deux grandes tendances des militants afro-américains, expose -parfois un peu lourdement- les thèses de chacun et parvient à divertir les adeptes de films d'action et d'espionnage tout en développant un discours contestataire.
Entre la musique signée Herbie Hancock, de bons dialogues et
un rythme soutenu, on passe plus qu'un bon moment devant The Spook... Et, même si je ne m'explique pas comment ce film put être diffusé sans encombre, il reçoit à sa sortie un accueil enthousiaste, dans la population afro-américaine en particulier. Le fait qu'il ait longtemps été difficilement visionnable (Warner l'a réédité en DVD à la demande) n'a pas terni sa réputation,
qui s'en est même trouvée renforcée comme le film le plus ouvertement
révolutionnaire de la blaxploitation. Dans les bonus DVD, on peut voit le réalisateur et acteur Robert Towsend témoignant de l'effet positif que lui fit ce héros révolutionnaire, en comparaison des Super Fly, Shaft et autres Willie Dynamite.
Et c'est vrai que Lawrence Cook incarne un autre style de héros, moins viril et arrogant mais tout aussi efficace ! Après de petits rôles dans The Man, Cotton Comes to Harlem, The Landlord et Trouble Man, Cook accède là au rôle plus intéressant de sa carrière (suivront entre autres Lord Shango et Posse, le western post-blaxploitation de Mario Van Peebles).
En outre, il y a pas mal de seconds rôles de l'époque tels que Paula Kelly (Cool Breeze, Top of the Heap, Three Tough Guys, Uptown Saturday Night, Drum, Jo Jo Dancer..., D.R.O.P. Squad), J.A. Preston (qui tournera dans nombres de séries), Doug Johnson (The Lost Man, Buck and the Preacher, Cleopatra Jones, Let's Do It Again, Stir Crazy), Paul Butler (The Blues Brothers, To Sleep with Anger, Strictly Business), Don Blakely (Shaft's Big Score !, Harlem Nights, Pulp Fiction), Beverly Gill (Scream Blacula Scream), Colostine Boatwright (Cooley High), Lenart Norris (Mahogany) et Joseph Mascolo (le méchant de Shaft's Big Score !) qui incarne un sénateur prêt à toutt pour sa réélection.
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