jeudi 14 janvier 2010

Boomerang

Grâce à la présence et au scénario d'Eddie Murphy, Reginald Hudlin décroche un budget de 40 millions de dollars qu'il utilise à merveille pour cette comédie romantique révolutionnaire pour l'époque (puisque des relations amoureuses d'Afro-américains).

BOOMERANG - Reginald Hudlin (1992)



Marcus Graham (Eddie Murphy) est responsable de la publicité dans une firme de cosmétique. C'est aussi un dragueur insatiable, doublé d'un machiste patenté qui discute de ses conquêtes avec ses collègues et amis (Martin Lawrence & David Alan Grier).
Mais sa vie sentimentale et professionnelle bascule lorsque débarque une nouvelle patronne, Jacqueline Broyer (Robin Givens). Ils couchent ensemble et Marcus semble tomber amoureux d'elle (d'autant qu'elle a des pieds parfaits). Mais c'est Jacqueline qui se joue de lui et profite d'un imper sur la campagne de pub de la top-model Strangé (Grace Jones) pour le mettre sur la touche.
Aidé par Angela (Halle Berry), Marcus tente de se venger...

Dès les premières minutes le personnage de Murphy et ses acolytes tranchent avec les précédents films. Effectivement, ils parlent le plus librement du monde de leurs sexualités et l'on assiste aux premières scènes d'amour d'Eddie après 10 ans de carrière. Rare sont les acteurs à se prévaloir d'une telle chasteté ! Mais pour avoir ce rôle de séducteur, il doit écrire lui même le scénario avec Reginald Hudlin (auréolé du succès de House Party).
La force du film réside dans la complexité de ses personnages principaux. En effet, une fois posée la virilité et le succès de Murphy, les rôles s'inversent et le bourreau des cœurs devient la victime de l'intriguante Robin Givens. D'ailleurs la volonté de ne pas tomber dans le manichéisme fait verser l'intrigue dans les bons sentiments et le romantisme à peu de frais ; seul petit hic de cette très agréable comédie.

Le casting dirigé par Aleta Chappelle est tout simplement énorme, mélangeant à l'envie les étoiles comme les seconds couteaux du cinéma afro-américain des 40 dernières années.
Il fait la part belle à des rôles subalternes représentatifs du cinéma soul comme le père fondateur Melvin Van Peebles, l'incomparable Leonard Jackson (Five on the Black Hand Side, Ganja & Hess, Car Wash, The Color Purple), l'ancienne sex-symbol Eartha Kitt (elle apparaît déjà dans Friday Foster), Bebe Drake, Alyce Webb (débutante dans le mythique Cotton Comes to Harlem), Grace Jones... par là, Hudlin et Murphy posent leur production dans les pas des anciens ; volonté réaffirmée avec force avec la participation du père spirituel du cinéma noir engagé : Melvin Van Peebles.

Est aussi représentée la jeune génération : Martin Lawrence et David Alan Grier (qui ont travaillé quasiment tout le film en impro avec Murphy), Robin Givens, Tisha Campbell, Chris Rock, John Canada Terrell (un des rôles principaux de She's Gotta Have It), John Witherspoon, Lela Rochon (qui sort tout juste d'une autre relation cinématographique avec Murphy dans Harlem Nights), Daryl Mitchell, Irv Dotten, Gene Allen et des caméos en vendeur à la sauvette des deux frères Hudlin, Reginald le réalisateur et Warrington le producteur.
Le DVD propose quelques scènes coupées dont celle ci-dessous, et bien sûr les commentaires de Hudlin. Et le film se regarde amplement une deuxième fois avec ceux-ci : le choix des acteurs, les secrets de tournage (et les retouches d'Eartha Kitt à ses répliques qu'elle juge des fois trop vulgaires), les fou-rires en plateau...

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