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mercredi 28 avril 2010

Alabama's Ghost

Presqu'aussi surréaliste que Darktown Strutters ou le Space Is the Place de Sun Ra, Alabama's Ghost est un film totalement alambiqué, incroyable et surréaliste.

ALABAMA'S GHOST - Fredric Hobbs (1973)


Une scientifique nazi rencontre, en Inde, le grand magicien Carter. Celui-ci a découvert une sorte de hashish -Zeta- qui confère un pouvoir hypnotique.
Alabama (Christopher Brooks), un gérant de night-club, découvre par hasard l'herbe magique, développe de fabuleux pouvoirs et devient "Alabama, King of the Cosmos".
Mais le fantôme de Carter met en garde Alabama ; une utilisation à des fins mercantiles et mal intentionnées de son pouvoir favorise les vampires. Ces derniers, disséminés dans l'entourage d'Alabama menacent de détruire le Monde.
Mais Carter ne croit pas le fantôme qu'il suspecte raciste...
L'exercice consistant à résumer ce film est plus que périlleux. Il n'existe qu'en VO (dans de piteuses copies 4:3) et, conjugué à un scénario totalement louffoque, je ne garantie pas totalement d'avoir tout compris.

Ce film n'est pas un navet ou un nanar ordinaire que les mariages entre la blaxploitation et l'épouvante savent si bien nous offrir. La catégorie de bon et mauvais ne peut pas s'appliquer à cet ovni. Pas plus que les classifications habituelles... Mélange entre délires psychédéliques très marqués 70's et film d'horreur, avec un touche de Blaxploitation, la quantité de drogue ingérée par le réalisateur/scénariste/producteur devait être gigantesque, tout comme celle nécessaire pour apprécier ce film à se juste valeur.
Un des films les plus déjantés qu'il m'ait été donné de voir.


Rites vaudous, longs intermèdes musicaux, danseuses en transe, foules de hippies visiblement sur-drogués, des numéros de cabaret complètement déjantés (lévitation, apparition de singe en lieu et place d'une femme...), scientifique nazie, vampires, robots, victimes féminines dénudées, bikers... Tout les styles se mélangent ! Non pas comme si l'auteur ne savait pas se situer mais laissait juste aller son imagination et filmait ses rêves sous acides.

L'acteur qui campe Alabama est plus connu pour interpréter Jesus Christ dans The Mack, ou pour son rôle dans l'autre grand OVNI de cette période Space Is the Place. Ann Weldon , elle, joue la mère du héros et on la recroise dans Youngblood, les téléfilms Roots et A Woman Called Moses, puis plus tard les films Panther ou encore I'm Through with White Girls...).

dimanche 25 avril 2010

The Thing With Two Heads

La même année que Blacula, Lee Frost -un habitué du cinéma bis, des louffoqueries et des filles dénudées- écrit, produit et réalise cet ovni, étrange cocktail de film fantastique ultra-cheap et de blaxploitation. Il fera une autre incursion remarquée dans la Blaxploitation avec le très critiqué Black Gestapo.

THE THING WITH TWO HEADS
Lee Frost (1972)



Maxwell Kirshner (Ray Milland) est un spécialiste des transplantations. En proie à des problèmes dans son hopital. Il engage le Docteur Fred Williams (Don Marshall), spécialiste des techniques anti-rejet, mais lorsqu'ils se rend compte qu'il est Afro-Américain, il l'engage seulement comme laborantin.
Max Krishner est atteint d'un cancer généralisé, et ne dispose que de quelques semaines... Il veut transplanter son génie dans un autre corps. C'est sur un condamné à mort, Jack Moss (Roosevelt Grier), que va s'opérer l'expérience.
L'opération est un succès médical, mais la cohabitation entre le docteur raciste et le condamné à mort s'avère compliquée. Alors que la moitié-Krishner dort, la moitié-Jack Moss en profite pour s'échapper et tente de prouver son innocence, aidé par le docteur Williams.

Le titre, la jaquette comme le synopsis n'annonce pas le film du siècle, ni même de l'année 72. Pour ça, on n'est pas trompé sur la marchandise. Pourtant, ce petit film est assez étonnant. Le coté "bis" est bien présent -à l'image du gorille à deux têtes se promenant dans les rues ou les poursuites en voitures- et les effets spéciaux plutôt grossiers respirent le budget rétréci ; on oscille entre comédie et film fantastique.
Seulement, à y regarder de près il y a plus de fond que dans certains films blax' apparemment plus sociaux. D'abord, certaines scènes -comme l'incursion dans la course de motocross- sont totalement savoureuses tellement elles sont improbables ! Comme souvent dans les films d'horreur, la simplicité apparente du scénario recèle des points de vue affutés sur la société. Difficile de ne pas voir dans le film la dénonciation de la peine de mort, de la justice à deux vitesses et du racisme.

Film à très petit budget, la plupart des techniciens, producteurs et autres jouent de petits rôles, à l'image du réalisateur Lee Frost, du scénariste Wes Bishop et de Rick Baker. Ce dernier est en charge des effets spéciaux et du maquillage et joue l'improbable gorille ; il devient un des grands maquilleurs d'Hollywood avec de gros blockbusters à son actif comme Star Wars, Coming To America, Gorille dans la brume, Men in Black, X-Men III... Il décroche le premier Oscar de la catégorie en 1984, est nominé maintes fois et le remporte à nouveau en 1997 pour son travail sur The Nutty Professor. Par ailleurs, on retrouve William Smith (habitué des rôles de méchants blancs, comme dans Sweet Jesus, Preacherman, Boss Nigger ou Black Samson) et le rôle-titre qui échoit au cousin de l'égérie de la blaxploiation Pam Grier : Rosey (qui avait joué dans le téléfilm Carter's Army).

samedi 24 avril 2010

Scream Blacula Scream

Voici la séquelle du cultissime Blacula. Voilà l'exemple type des films qui creusèrent la tombe de la Blaxploitation ; l'AIP produit une réussite, en l'occurence Blacula, et hop, ni une ni deux, tout le monde se lance dans la production du deuxième. Cool Breeze a marché ? Coffy aussi ? Allez hop y a plus qu'à mettre Pam Grier à coté du vampire noire et le tour est joué, on a Scream Blacula Scream.

SCREAM BLACULA SCREAM
Bob Kelljan (1973)


Des adeptes de vaudou viennent de perdre leur prêtresse. Son fils Willis (Richard Lawson) réclame la succession, tandis que les autres membres lui préfèrent Lisa Fortier (Pam Grier). L'ambitieux et colérique Willis se lance alors dans l'invocation de Blacula (William Marshall), l'ancien prince Mamuwalde devenu vampire. Blacula mord Willis qui devient à son tour vampire.
Jamais rassasié, Mamuwalde erre la nuit à la recherche de victimes, dont il se fait une petite armée dans son manoir.
Il rencontre Lisa, qui possède toute une collection d'objets lui ayant apartenu. Mamuwalde décèle en elle des pouvoirs vaudous très puissants. Alors que Willis, de son coté, prépare malgré tout sa vengeance contre sa rivale...
On retrouve l'idée de plonger l'humaniste Mamuwalde dans la vie nocturne scène géniale ou Mamuwalde corrige deux macros qui se moquent de sa cape et veulent son argent (ce qui donne un dialogue assez savoureux entre avec la diction lyrique d'acteur classique face aux deux pimps -dont Bob Minor- à l'accent typiquement afro).
Mais le film est poussif, Pam Grier n'est pas mise en avant et se retrouve dans un rôle de potiche, la qualité du soundtrack n'est pas au rendez-vous... Bref, si vous n'êtes ni fan des films d'horreur de second ordre, ni inconditionnel de la Blaxploitation ou de Pam Grier, vous pouvez passer votre chemin.

Coté casting, Richard Lawson (acteur de nombreuses séries et d'un second rôle dans Sugar Hill et le premier de Black Fist), Lynne Moody (la femme de Tom dans Roots), Bernie Hamilton (on le croise dans le troisième volet des enquêtes de Mr. Tibbs : The Organization, dans Hammer ou encore Bucktown), Arnold Williams (qui fait des apparitions dans Cotton Comes to Harlem, Accros the 110th Street ou le James Bond empreint de soul : Live and Let Die), une apparition du cascadeur Richard Washington (Sheba Baby, Dr. Black, Mr. Hyde, Drum, voire même des blockbusters comme Die Hard III), James Kingsley (Cooley High). Joan Torres et Raymond Koenig resignent le scénario de ce volet, tandis que le montage est assuré par Fabien D. Tordjmann (JD's Revenge) et le casting par Joe Scully.

vendredi 23 avril 2010

Scream Blacula Scream

Voici la séquelle du cultissime Blacula. Voilà l'exemple type des films qui creusèrent la tombe de la Blaxploitation ; l'AIP produit une réussite, en l'occurence Blacula, et hop, ni une ni deux, tout le monde se lance dans la production du deuxième. Cool Breeze a marché ? Coffy aussi ? Allez hop y a plus qu'à mettre Pam Grier à coté du vampire noire et le tour est joué, on a Scream Blacula Scream.

SCREAM BLACULA SCREAM
Bob Kelljan (1973)


Des adeptes de vaudou viennent de perdre leur prêtresse. Son fils Willis (Richard Lawson) réclame la succession, tandis que les autres membres lui préfèrent Lisa Fortier (Pam Grier). L'ambitieux et colérique Willis se lance alors dans l'invocation de Blacula (William Marshall), l'ancien prince Mamuwalde devenu vampire. Blacula mord Willis qui devient à son tour vampire.
Jamais rassasié, Mamuwalde erre la nuit à la recherche de victimes, dont il se fait une petite armée dans son manoir.
Il rencontre Lisa, qui possède toute une collection d'objets lui ayant apartenu. Mamuwalde décèle en elle des pouvoirs vaudous très puissants. Alors que Willis, de son coté, prépare malgré tout sa vengeance contre sa rivale...
On retrouve l'idée de plonger l'humaniste Mamuwalde dans la vie nocturne scène géniale ou Mamuwalde corrige deux macros qui se moquent de sa cape et veulent son argent (ce qui donne un dialogue assez savoureux entre avec la diction lyrique d'acteur classique face aux deux pimps -dont Bob Minor- à l'accent typiquement afro).
Mais le film est poussif, Pam Grier n'est pas mise en avant et se retrouve dans un rôle de potiche, la qualité du soundtrack n'est pas au rendez-vous... Bref, si vous n'êtes ni fan des films d'horreur de second ordre, ni inconditionnel de la Blaxploitation ou de Pam Grier, vous pouvez passer votre chemin.

Coté casting, Richard Lawson (acteur de nombreuses séries et d'un second rôle dans Sugar Hill et le premier de Black Fist), Lynne Moody (la femme de Tom dans Roots), Bernie Hamilton (on le croise dans le troisième volet des enquêtes de Mr. Tibbs : The Organization, dans Hammer ou encore Bucktown), Arnold Williams (qui fait des apparitions dans Cotton Comes to Harlem, Accros the 110th Street ou le James Bond empreint de soul : Live and Let Die), une apparition du cascadeur Richard Washington (Sheba Baby, Dr. Black, Mr. Hyde, Drum, voire même des blockbusters comme Die Hard III), James Kingsley (Cooley High). Joan Torres et Raymond Koenig resignent le scénario de ce volet, tandis que le montage est assuré par Fabien D. Tordjmann (JD's Revenge) et le casting par Joe Scully.

jeudi 22 avril 2010

Blacula

Comme le titre l'indique, Blacula est l'adaptation du classique Dracula à la sauce Blaxploitation. Le film pâtit de son titre qui laisse présager une mauvaise série Z ; pourtant Le Vampire Noir est un film très sympathique. C'est le premier succès de la rencontre entre la blax' et l'horreur.

BLACULA - William Crain (1972)


1780, Mamuwalde (William Marshal) et sa femme Luva (Vonetta McGee), viennent plaider en Europe pour la fin de l'esclavage. Leur hôte transylvanien -le Comte Dracula en personne- est un raciste de la pire espèce doublé d'un vampire. Luva est tuée par Dracula ; Mamuwalde, lui, est enfermé dans un cercueil, après avoir été mordu par le Comte.Deux cents ans plus tard, un couple de gays Américains rachète le château de Dracula et rapatrie aux Etats-Unis tout un tas de vieilleries dont un cercueil... Ils seront les deux premières victimes de Blacula !
Dans ses pérégrinations nocturnes dans le monde moderne, il rencontre Tina, la réincarnation de son amour éternel, Luva. Malheureusement, elle est une amie de Gordon (Thalmus Rasulala) un docteur un peu suspicieux quant aux traces de morsure sur tout un tas de gens dans la ville... La police aimerait bien coller tous ces morts sur le dos des Black Panthers, mais Gordon soupçonne Mamuwalde...Un film très correct. Bien sûr les effets spéciaux sont grossiers et les situations parfois parodiques, mais l'ambiance reste parfaite pour qui aime les films soul. La B.O. de Gene Page et l'interprétation par The Hues Corporation (qui apparaissent aussi lors d'une scène dans un cabaret) apportent une plus-value au film. Le générique est bien trouvé, simple et graphiquement parfait.
Et puis, dans cette période, il fallait faire de Blacula un vampire spécial, pas vraiment un grand sadique assoiffé de sang. Les astuces scénaristiques (de Raymond Koenig et Joan Torres) arrivent à ce challenge, en proposant un prince africain humaniste, perdu dans des Etats-Unis en pleine effervescence et dont la seule raison de vivre est sa femme.
A ce titre le choix de l'acteur de théâtre, le shakespearien William Marshall était un vrai pari ; pari réussi tant dans le cœur du public (jusqu'à aujourd'hui, le film revêt une aura légendaire) que du point de vue financier. En outre, il reçoit aussi le Saturn Awards du meilleur film d'horreur, lors de leur première édition.

William Crain récidive quelques années plus tard dans l'adaptation de grands classiques avec un film plutôt moyen : Dr. Black, Mister Hyde.
Coté casting, il faut vraiment appuyer sur la performance de William Marshall. Vonetta McGee et Thalmus Rasulala confirme leur implantation dans la Blaxploitation naissante en signant chacun leur deuxième film d'ampleur. C'est aussi le début des grandes collaborations : Bob Minor et Gene LeBell aux cascades (et souvent dans un petit rôle), Joe Scully comme directeur de casting, et une myriade de seconds rôles : la chanteuse Denise Nicholas (The Soul of Nigger Charley, Let's Do It Again et A Piece of the Action), Ji-Tu Cumbuka et Ketty Lester (ces deux derniers jouent ensemble dans Up Tight !), Lance Taylor Sr. , Emily Yancy...
A noter enfin les premiers pas du cascadeur blanc Georges Fisher qui fera une carrière bien remplie et que l'on peut recroiser dans Menace II Society, House Party 2 ou Posse.

mardi 20 avril 2010

Blacula

Comme le titre l'indique, Blacula est l'adaptation du classique Dracula à la sauce Blaxploitation. Le film pâtit de son titre qui laisse présager une mauvaise série Z ; pourtant Le Vampire Noir est un film très sympathique. C'est le premier succès de la rencontre entre la blax' et l'horreur.

BLACULA - William Crain (1972)


1780, Mamuwalde (William Marshal) et sa femme Luva (Vonetta McGee), viennent plaider en Europe pour la fin de l'esclavage. Leur hôte transylvanien -le Comte Dracula en personne- est un raciste de la pire espèce doublé d'un vampire. Luva est tuée par Dracula ; Mamuwalde, lui, est enfermé dans un cercueil, après avoir été mordu par le Comte.Deux cents ans plus tard, un couple de gays Américains rachète le château de Dracula et rapatrie aux Etats-Unis tout un tas de vieilleries dont un cercueil... Ils seront les deux premières victimes de Blacula !
Dans ses pérégrinations nocturnes dans le monde moderne, il rencontre Tina, la réincarnation de son amour éternel, Luva. Malheureusement, elle est une amie de Gordon (Thalmus Rasulala) un docteur un peu suspicieux quant aux traces de morsure sur tout un tas de gens dans la ville... La police aimerait bien coller tous ces morts sur le dos des Black Panthers, mais Gordon soupçonne Mamuwalde...Un film très correct. Bien sûr les effets spéciaux sont grossiers et les situations parfois parodiques, mais l'ambiance reste parfaite pour qui aime les films soul. La B.O. de Gene Page et l'interprétation par The Hues Corporation (qui apparaissent aussi lors d'une scène dans un cabaret) apportent une plus-value au film. Le générique est bien trouvé, simple et graphiquement parfait.
Et puis, dans cette période, il fallait faire de Blacula un vampire spécial, pas vraiment un grand sadique assoiffé de sang. Les astuces scénaristiques (de Raymond Koenig et Joan Torres) arrivent à ce challenge, en proposant un prince africain humaniste, perdu dans des Etats-Unis en pleine effervescence et dont la seule raison de vivre est sa femme.
A ce titre le choix de l'acteur de théâtre, le shakespearien William Marshall était un vrai pari ; pari réussi tant dans le cœur du public (jusqu'à aujourd'hui, le film revêt une aura légendaire) que du point de vue financier. En outre, il reçoit aussi le Saturn Awards du meilleur film d'horreur, lors de leur première édition.

William Crain récidive quelques années plus tard dans l'adaptation de grands classiques avec un film plutôt moyen : Dr. Black, Mister Hyde.
Coté casting, il faut vraiment appuyer sur la performance de William Marshall. Vonetta McGee et Thalmus Rasulala confirme leur implantation dans la Blaxploitation naissante en signant chacun leur deuxième film d'ampleur. C'est aussi le début des grandes collaborations : Bob Minor et Gene LeBell aux cascades (et souvent dans un petit rôle), Joe Scully comme directeur de casting, et une myriade de seconds rôles : la chanteuse Denise Nicholas (The Soul of Nigger Charley, Let's Do It Again et A Piece of the Action), Ji-Tu Cumbuka et Ketty Lester (ces deux derniers jouent ensemble dans Up Tight !), Lance Taylor Sr. , Emily Yancy...
A noter enfin les premiers pas du cascadeur blanc Georges Fisher qui fera une carrière bien remplie et que l'on peut recroiser dans Menace II Society, House Party 2 ou Posse.

lundi 19 avril 2010

Black Horror Movies

Films d'épouvantes, de monstres, de vampires ou de zombies, débauches de baves et de sang, délires mystiques, prétexte à une critique sociale et politique, à des élucubrations sectaires, ou simple divertissement... La blaxploitation (et même les réalisateurs afro-américains des deux dernières décennies) ont à maintes reprises versé dans les cinéma fantastique ou d'horreur. Le site blackhorrormovies.com en fait un recensement exhaustif (en anglais).
Je m'intéresse ici plus particulièrement aux films de la vague soul des années 70 et plus synthétiquement aux productions plus récentes des nouveaux réalisateurs afro-américains.


mercredi 14 avril 2010

A Hero Ain't Nothin' But a Sandwich

Adapté du roman éponyme d'Alice Childress, ce film antérieur à la vague de la blaxploitation s'attaque au problème de la drogue dans la Communauté afro-américaine et sa jeunesse en particulier.

A HERO AIN'T NOTHIN' BUT A SANDWICH
Ralph Nelson (1978)


Benjie est un jeune garçon ; son père est parti sans explication du foyer, tandis qu'il vit vit avec sa mère Sweets (Cicely Tyson), Butler son beau-père (Paul Winfield) et grand-mère Helen (Helen Martin).
Benjie semble brillant -aux moins dans le cour du professeur Nigeria (Glynn Turman).
Mais le jeune adolescent est en proie à des troubles, en proie à l'incompréhension de l'abandon de la famille par son père, à des sentiments d'injuste et de révolte... Petit à petit, influencé par ses copains, il sombre dans l'héroïne. Jusqu'à son internement...
Tourné à South Central, le film est vraiment poignant et réaliste, sans fausse tragédie ; tout y paraît d'une cruelle réalité (malgré une fin différente du roman). Ce drame est accompagné par une partition signée par Tom McIntosh (assistant de Isaac Hayes sur Shaft et compositeur du trop peu connu The Bus Is Coming).

La scène de shoot avec Kevin Hooks est d'une certaine violence sourde tout en étant plutôt pudique. Le jeune Larry B. Scott présente un personnage plus que convaincant. Et la performance de Kevin Hooks est aussi très remarquable ; il campe avec une perversité sadique un dealer (on est loin des pimps flamboyant de l'âge d'or de la blax').

Non seulement le casting réunit une palette d'acteurs, mais en plus l'interprétation est au rendez-vous (ce qui n'est pas toujours le cas dans les films blax'). Quant au couple Cicely Tyson/Paul Winfield, il est tout simplement parfait. Étonnant Glynn Turman dans le rôle d'un atypique professeur qui enseigne les grands noms des luttes afro-américaines : Douglass, Malcolm X, W.E.B. Dubois, Nat Turner, Marcus Garvey.
A signaler aussi Helen Martin (qui joue dans Cotton Comes to Harlem mais s'impose surtout comme second rôle dans nombre de comédies des années 90 : Hollywood Shuffle, House Party 2, Beverly Hills Cop 3, Don't Be a Menace..., I Got the Hook Up, Bulworth), Arthur French (Car Wash, The Wiz, Fingers, Malcolm X, ou encore Crooklyn), le jeune Eric Blunt (Car Wash), Arnold Johnson (il joue le premier rôle dans Putney Swope, puis apparaît dans Shaft et même Menace II Society)...

lundi 12 avril 2010

A Piece of the Action

L'année 77 voit naître le punk, certes, mais c'est du coté du cinéma soul la fin de deux trilogies, celle des Dolemite avec Petey Wheatstraw ; tandis que dans un tout autre registre se conclue la -fausse- trilogie réunissant Sidney Poitier et Bill Cosby.


A PIECE OF THE ACTION - Sidney Poitier (1977)


1975 : David Anderson (Bill Cosby) déjoue les pièges de haute technologie pour accéder à un coffre et vole une grosse somme d'argent.
1976 : Manny Durrell (Sidney Poitier) réussit un véritable coup de bluff et dérobe 475000 $ à un gros mafieu, Mister Bruno (Tito Vandis).
Quelques mois plus tard, l'inspecteur Joshua Burke (James Earl Jones) -qui a enquêté sur ces deux affaires- prend sa retraite. Pour une raison qui restera secrète jusqu'à la fin, il a décidé de faire payer les deux filous en les obligeant à travailler gratuitement pour un centre social, dirigé par Lila French (Denise Nicholas).
Les deux compères qui ne se connaissaient pas jusqu'alors sont obligés d'accepter ; ils tentent de découvrir leur mystérieux et atypique maître-chanteur.
La première demi-heure laisse espérer : les arnaques de Poitier et Cosby sont plutôt agréables, tout comme leur première rencontre avec Denise Nicholas (où ils ne comprennent rien à ce qui se trame).
Malgré ce début prometteur, Poitier peine malheureusement à convaincre sur la longueur. Il hésite entre la comédie classique, l'action, le vaudeville familial et la chronique sociale. Et il rate presque chacun de ses objectifs qu'il avait pourtant mixés à merveille dans ses deux précédents films : l'humour est diffu, l'action trop peu rythmée et la morale d'un ennui indescriptible. La belle-famille de Manny (en particulier Ja'net DuBois en tante alcoolique) aurait pu être un parfait divertissement, mais le ressort est complètement sous-utilisé. Quant au propos politique et moral, on se vautre dans des clichés éculés sur la jeunesse et un paternalisme dégoulinant...
Ce film se révèle donc ennuyeux (ce qui est d'autant plus difficile qu'il est le plus long avec ses 135 minutes).

On se console avec un casting de rêve : James Earl Jones, grand acteur bien mal utilisé, connu pour ses rôles aux coté d'Harrison Ford, sa voix de Dark Vador... Il est surtout premier le premier président noir des USA dans The Man, et incarne l'écrivain Alex Haley dans Roots : Next Generation.
Coté féminin, il faut citer Denise Nicholas, Tracy Reed et Frances Foster, une actrice de séries que Spike Lee embauche dans Croocklyn et Clockers. On peut aussi évoquer Frances E. Williams (The Black Klansman, Together Brothers, Baby Needs a New Pair of Shoes), Eric Laneuville (aperçu dans Black Belt Jones et plus tard réalisateur de séries comme Lost ou Prison Break), Bryan O'Dell tiendra l'année suivante le rôle-titre de Youngblood, Gloria Delaney (Black Girl, The Human Tornado, Joey, Blue Collar, Penitentiary, Crossroads), ainsi que Tamu Blackwell, Cyril et Sherri Poitier, James Wheaton, Gammy Singer, Titos Vandis et Steve Vignari.