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lundi 31 janvier 2011

House Party 2

Les producteurs George Jackson et Doug McHenry n'ont pas attendu pour lancer le chantier d'une séquelle au très réussi House Party.

HOUSE PARTY 2
George Jackson & Doug McHenry (1991)


Suite à la mort de son père, Kid (Christopher Reid) reçoit de la part de la paroisse une bourse d'étude. Il rentre donc à l'université, la même que sa petite amie Sidney (Tisha Campbell).
Play (Christopher Martin) a une opportunité pour enregistrer une démo avec son compère Kid. Ce dernier est trop occupé par ses études et décline l'offre, mais Play utilise à son insu l'argent de l'inscription.
Tout part en vrille pour Kid : la séduisante productrice s'évapore avec l'argent, Sidney s'éloigne, son prof lui demande une dissert et il est obligé en sus de travailler dans un fast food...
Pour recouvrer leurs fonds, Bilal (Martin Lawrence), Play et Kid organisent donc une fête.
Le film est forcément dédicacé à Robin "Pops" Harris, qui jouait le prère de Kid dans le premier volet.
Plus généralement, c'est filmé avec un certain talent (pour un budget très serré d'à peine 5 millions), et garde l'esprit léger du premier opus. Le personnage du prof de civilisation afro-américaine incarné par Georg Stanford Brown et la militante féministe jouée par Queen Latifah apportent une dose de réflexion, sans être assomant.
Une suite plutôt réussie donc, dans la lignée des personnages et de l'ambiance créées par Reginald Hudlin. Comme lui, George Jackson et Doug McHenry font rire sans infliger au public des caricatures grotesques de la communauté afro-américaine.
Au casting, beaucoup reprennent leur précédent rôle : le duo Kid N' Play -Christopher Reid et Christopher Martin- et le trio Full Force, Martin Lawrence, Tisha Campbell, Gene Allen et Daryl Mitchell. Queen Latifah se rajoute à la bande tandis que les plus anciens sont toujours à l'honneur avec Georg Stanford Brown, Helen Martin, Tony Burton, Georges Fisher (qui fut le coordinateur des cascades de Melinda et Blacula) et les cascadeurs de la blax' Julius LeFlore et Bob Minor. Enfin, notons une brève apparition de Whoopie Goldberg, même pas créditée au générique.

jeudi 27 janvier 2011

House Party

Alors que la vague "new jack" en est à ses balbutiements, le perspicace Reginald Hudlin concocte cette comédie légère et sympathique distribué par New Line Cinema.


HOUSE PARTY - Reginald Hudlin (1990)

Play (Christopher Martin) profite de l'absence de ses parents pour organiser une énorme fête chez lui ; il prévient ses deux amis, Kid et le DJ à mauvaise haleine Bilal (Christopher Reid & Martin Lawrence). Mais pour Kid, rien ne va se dérouler avec simplicité.
Il a une altercation avec les trois gros bras (la Full force) du lycée et écope d'un avertissement. Il tente de cacher la sanction à son père, Pop (Robin Harris), mais celui-ci tombe dessus et lui interdit d'aller à la party.
Kid arrive à se faufiler alors que son père somnole mais les ennuis vont continuer : les gros bras du lycée veulent se venger et lui casser la gueule tandis que deux policiers blancs le harcèlent...

En présentant un court métrage titré House Party, Reginald Hudlin boucle ses études de cinéma à Harvard en 1983. Sept années après, produit par son frère Warrington (lui-même réalisateur de documentaires et proche du cinéma indépendant), il parvient à faire aboutir son scénario et se charge de la réalisation d'un long du même nom. Le succès en salle et en VHS est total et le film rapporte plus de 25 millions de dollars (pour un budget de production extrêmement bas de 2,5 millions). Le réalisateur se crée même des petits gimmicks qu'il dans plusieurs de ses films : ici, le père regarde à la télé le cultissime Dolemite, ou encore les deux frères Hudlin font une brève apparition...

L'intrigue est légère, c'est sûr. Mais c'est la multitude de saynètes annexes, les descriptions, les rebondissements et la pléiade de personnages secondaires qui donnent à ce film un attrait certain. Hudlin sait donner vie à ses personnages et, avec l'air de ne pas y toucher, il évoque la condition des Afro-Américains, et particulièrement des jeunes. Violence inter-communautaire, harcèlement policier... mais finalement c'est bien le sentiment de vouloir vivre sa vie qui émerge, volonté simple et légitime mais difficile d'accès pour la jeunesse noire des années 90.
Ainsi, 20 ans plus tard, cette comédie prend même un air de reportage nostalgique sur le hip-hop old school (aussi bien la danse, le dee-jaying ou les "battles") et les préoccupations de la jeunesse.

C'est d'ailleurs le duo rap Jazzy Jeff & the Fresh Prince (dans lequel officiait le jeune Will Smith) qui était pressenti par Hudlin pour camper les héros. C'est finalement Kid'n Play, composé des deux Christopher, Martin et Reid, qui décroche le haut de l'affiche. Et la coupe de Kid va d'ailleurs s'imposer dans presque toute la vague des films urbains, et dans la jeunesse en général. Une autre "team" présente ici : les peu connus mais pourtant prolixes producteurs de Full Force (Bowlegged Lou, Paul Anthony et B-Fine) qui jouent les bad boys.
Le casting est impressionnant, puisque des dizaines de seconds rôles se succèdent tels John Witherspoon, Tisha Campbell, Anthony Johnson, le chanteur George Clinton, Randy Harris, A.J. Johnson, Verda Bridges, Alexander Folk, l'ex-footballeur Cedrick Hardman, Daryl Mitchell, Gene Allen, Richard McGregor, Irv Dotten... Ainsi que des représentants de la vague soul : J. Jay Saunders (Slaughter's Big Rip Off et Cornbread, Earl and Me), Norma Donaldson (Across 110th Street et Willie Dynamite) et Bebe Drake...
Mention spéciale pour Robin Harris qui décède subitement, fauché en pleine carrière prometteuse avec des prestations remarqués dans seulement 5 films : I'm Gonna Git You Sucka, Do the Right Thing, Harlem Nights, Mo' Better Blues et celui-ci.
Fort du succès d'estime et des recettes du titre, les studios se lancent -comme de bien entendu- dans la confection d'un second, puis d'un troisième volet au cinéma et s'arrête après une ultime version TV où tous les acteurs d'origine ont disparus.

mercredi 26 janvier 2011

Ghost Dad

Les années 90 débutent bien mal avec cet affligeante pitrerie, malheureusement signée Sidney Poitier...

GHOST DAD - Sidney Poitier (1990)


Elliot Hopper (Bill Cosby) est veuf, il élève ses trois enfants mais se consacre surtout à son travail.
Tout bascule suite à une course en taxi, où le conducteur, sataniste, finit par projeter la voiture dans le fleuve... Elliot tombe dans le comas et son fantôme vient visiter ses enfants. Ceux-ci peuvent le voir dans l'obscurité et parviennent même à l'entendre. Sous sa forme ectoplasmique, il tente de maintenir son travail et ses revenus tout en rattrapant le temps perdu avec ses enfants...

Catastrophique ! C'est le qualificatif le plus approprié pour cette piètre comédie de fantômes. Budget serré et utilisé sans talent, scénario bancal, effets spéciaux dépassé, mauvais acteurs, réalisation insipide, blagues ratées... Rien ne sauve ce film.
Quel gâchis ! Alors que Poitier fut le prometteur et percutant réalisateur de Buck and the Preacher, A Warm December, Uptown Saturday Night et Let's Do It Again, ces films n'ont cessé de décliner (A Piece of the Action et Stir Crazy) pour se conclure par ça.
Bill Cosby et Denise Nicholas -presqu'inexistante- suivent tout de même leur ami dans cette descente aux enfers...

lundi 24 janvier 2011

Comédies des 80s : conclusion

La Trinité "comique" : Pryor - Murphy - Goldberg
Trois personnalités afro-américaines tiennent clairement le haut de l'affiche de ces comédies "blacks" des années 80. D'abord Richard Pryor, rescapé des films soul des 70s, à qui les studios réservent de bien piètres rôles : un bagnard looser dans Stir Crazy, un chauffeur de bus d'enfant dans Bustin' Loose, l'esclave ludique d'un gosse de riche dans The Toy, un héritier dans Brewster's Millions un père de famille faiblard dans Moving et un aveugle aux yeux exorbités dans See No Evil, Hear No Evil. Ensuite, Eddie Murphy lui vole la vedette, avec des premiers rôles dans des cartons au box office comme les inratables Un fauteuil pour deux, la trilogie du Flic de Beverly Hills et Un Prince à New-York. Enfin, la sémillante Whoopi Goldberg incarne un pendant féminin de Murphy, et joue des héroïnes quasi-similaires (mais qualitativement différentes) dans Jumpin' Jack Flash, et les catastrophiques Burglar et Fatal Beauty.

Nouveaux réalisateurs, thèmes inédits
Or, en cette fin de décennie, l'on sent frémir un renouvellement créatif afro-américain. Et surtout celui-ci arrive à s'incarner malgré les lieux-communs véhiculés et les pesanteurs imposées par les grands studios. En deux années, trois films vont révolutionner les comédies blacks, et même le cinéma en général et la représentation des Afro-Américains : She's Gotta Have It de Spike Lee d'abord, mais l'on est dans un cinéma expérimental, très "nouvelle vague" et peu populaire... Ensuite arrivent Hollywood Shuffle et I'm Gonna Git You Sucka -respectivement de Robert Towsend et de Keenen Ivory Wayans- des comédies "grand public", mais aussi acerbes et pertinentes.
Et l'arrivée sur le marché de tels produits s'accompagne -étonnemment ?- d'une belle réussite financière que les producteurs hollywoodiens sont bien obligés de prendre en compte. Fort de son triomphe dans le stand up Eddie Murphy Raw (dont il confie la réalisation à Robert Towsend), Eddie commence à avoir un droit de regard sur les scénarios. Dans un premier temps en collaborant à celui du Flic de Beverly Hills II, puis en faisant réaliser par John Landis un scénario de son cru : Un prince à New-York (Landis avait réalisé le cultissime Blues Brothers qui faisait la part belle aux artistes afro-américains).
Spike Lee quant à lui revient en 1988 avec une comédie, School Daze, sur les différences de couleurs dans les universités afro-américaine, confirmant ainsi la patte des réalisateurs afo-américains à l'humour caustique et réaliste voire, osons le mot, politique.
Toutes ces productions ont en commun des rôles "normalisés" et diversifiés, une multiplicité de thèmes abordés, de permettre une représentation de la sexualité et enfin l'émergence de talents (qu'ils soient actrices et acteurs, ou chef opérateurs, techniciens, directeurs de casting, costumiers...) : je pense pêle-mêle à Tisha Campbell, Samuel L. Jackson, Damon et Keenen Ivory Wayans, John Witherspoon, Laurence Fishburne, Kadeem Hardison, Ruth E. Carter, Wynn Thomas, Ernest R. Dickerson...

samedi 22 janvier 2011

Harlem Nights

Seule réalisation du comédien Eddie Murphy, Les nuits de Harlem réunit les deux stars comiques années 80 : le maître Richard Pryor et l'élève Eddie Murphy.

HARLEM NIGHTS - Eddie Murphy (1989)

"Sugar" Ray (Richard Pryor) est propriétaire d'un tripot illégal. Un soir, le petit Quick tue un homme qui tentait de le poignarder ; Ray adopte alors le jeune garçon.
20 ans plus tard le tripot est devenu un club huppé de Harlem (où l'on vend illégalement alcool et prostituées), duquel "Sugar" Ray et Quick (Eddie Murphy) tirent de substantiels bénéfices.
Mais Bugsy Calhoune (Michael Lerner), un parrain local, ne voit pas d'un bon oeil la prospérité de ces Afro-Américains. Il veut une part conséquente du gateau ou menace de faire fermer l'établissement. Pour mettre la pression sur Ray et ses comparses, Calhoune s'appuie sur le lieutenant Phil Cantone, un flic véreux.
"Sugar" Ray hésite à tout laisser tomber, mais aider des ses comparses -Quick, Bennie "Snake Eyes" Wilson
, la souteneuse Vera (Redd Foxx & Della Reese) et d'autres- il va mettre sur pied un plan pour retourner la situation...
Cette comédie policière a été éreintée par les critiques, tandis qu'Eddie Murphy s'est vu qualifié de pire réalisateur et pire scénariste de l'année.
Pourtant, il s'agit d'un sympathique divertissement, servi par une bonne BO d'Herbie Hancock. A mon sens, il s'agit d'un des meilleurs rôles d'Eddie Murphy, et incontestablement de son meilleur dans la décennie. On sent bien en tout cas que le comédien, en passant derrière la caméra, a voulu sortir du rôle qui lui collait à la peau. Il campe un personnage plutôt flegmatique, classe, réfléchi et déterminé. C'est même, me semble-t'il, la première relation sexuelle de Murphy à l'écran. Par ailleurs, il évolue dans un univers et avec des personnages afro-américains, alors que les Blancs s'avèrent presque tous être des salauds. des ingrédients plus proche des films blax' que de ses comédies des années 80.
A l'instar Sideny Poitier, ce film tend à prouver que pour sortir des stéréotypes, les acteurs noirs sont les mieux placés pour s'en extraire en réalisant ou scénarisant eux-mêmes. Dommage qu'Eddie n'ait pas persévéré, apparemment atteint par les critiques.

Le casting -dégotté par Robi Reed- réunit pas mal de têtes connues, premiers ou seconds couteaux.
Un mot d'abord sur Richard Pryor à qui Murphy offre le rôle de père adoptif. Tout un symbole ! D'autant plus que Murphy comme Pryor restent sobres et ne surjouent pas, même lors des scènes comiques, et cassent donc ce qui fît leur succès respectif, le noir jovial au bagou incessant. Se côtoient aussi plusieurs génération d'acteurs afro-américains : Redd Foxx (le héros de la série Sanford And Son), le légendaire danseur de claquettes Howard "Sandman" Sims, Stan Shaw, Ji-Tu Cumbuka, Don Blakely, la survoltée Della Reese ou encore Rudy Challenger pour les plus anciens ; Bobby McGee, Lela Rochon (une des quatre héroïne de Waiting To Exhale), Steve White, Charles Q. Murphy (le frère d'Eddie), Reynaldo Rey, Kathleen Bradley, Jasmine Guy ou encore Nona Gaye (la fille de Marvin Gaye, qui débute ici au cinéma, et que l'on retrouvera dans les séquelles de Matrix et dans Ali).
Du coté du casting blanc, là aussi, il faut noter les réussites :Danny Aiello (Sal le pizzaïolo de Do the Right Thing) génial en petit flic de quartier cynique et envieux, ainsi que son fils Rick (le flic récurrent des films de Spike Lee), Eugene Robert Glazer (qui joue dans Hollywood Shuffle et I'm Gonna Git You Sucka) et Michael Lerner.

See No Evil, Hear No Evil

Malgré les bonnes surprise du dernier tiers de la décennie 80, la dernière comédie que j'évoquerai -Pas nous, pas nous- est malheureusement plus proche des navets comme The Toy que de la satyre de Robert Towsend ou du prometteur Coming to America.


SEE NO EVIL, HEAR NO EVIL - Arthur Hiller (1989)
Wally Karue (Richard Pryor) est aveugle ; il est aussi un parieur invétéré à la recherche d'un emploi. Il est embauché par Dave Lyons (Gene Wilder), un sourd -qui lit sur les lèvres- qui possèdent un petit kiosque. Mais un meurtre a lieu devant la boutique : Wally a entendu le coup de feu et senti le parfum de la meurtrière, Dave a vu ses jambes... et les deux sont vite considérer comme les principaux suspects.
Et tout se corse quand Eve -la meurtrière- et Kirgo (Joan Severance & Kevin Spacey) remettent la main sur les infortunés témoins. Wally et Dave sont obligés de démêler cette affaire, tout en échappant aux gangsters et à la police.

Lourd est le moindre des qualificatifs que l'on peut employer pour résumer ce film. Le duo Pryor/Wilder avait déjà sévit dans Stir Crazy au début de la décennie, et leur reformation ne se fait pas sous les meilleurs auspices... Encore une fois les talents de comédien des uns et des autres n'est pas en cause ; c'est plutôt le script -pourtant supervisé et retouché par Pryor- qui est en cause. Et le sentiment qui prévaut, surtout lorsqu'on a vu Trading Places, Hollywood Shuffle ou I'm Gonna Git You Sucka, c'est que ce film n'a pas pris le tournant des comédies modernes : la réalisation est des plus conventionnelles tandis que les ressorts comiques entre les deux personnages relèvent d'un duo des années 60.

Et, pour se recentrer sur l'angle par lequel j'évoque ces films -la question raciale, elle est presque invisible ici, relégués au second plan par les handicaps des deux protagonistes.
Mais on retrouve tout de même quelques traits marquants de la représentation des Noirs véhiculé par les comédies des années 80s. D'abord la différentiation sexuelle : le héros blanc -pas plus joli que le noir- embrasse un femme et la courtise, quand le noir se contente de parler de sexe sans passer à l'acte (il se fait passer pour un gynéco mondialement connu). D'autre part, la cécité du personnage de Pryor l'oblige à jouer constamment les yeux grand ouverts, faisant rouler ses pupilles comme les caricatures du début du siècle.
Les deux méchants sont assez tout de même caricaturalement savoureux : le dandy sans scrupule incarné par un Kevin Spacey tout jeunot, et la beauté venimeuse de Joan Severance.

mercredi 19 janvier 2011

Do the Right Thing

Il y a 20 un gars invitait pour la première fois sa copine Michelle à ce film, il est depuis devenu président des Etats-Unis (et prix Nobel de la paix -sic !-). Nul doute que, même si les problèmes raciaux et sociaux demeurent, quelques pas ont été franchis...

DO THE RIGHT THING - Spike Lee (1989)


Il fait chaud à Bedford Stuyvesand, Brooklyn, NYC, très chaud. Mookie (Spike Lee) travaille pour Sal -qui aime le travail et sa pizzeria- et ses racistes de fils, Vito et Pino (Danny Aiello, Richard Edson & John Turturro).
Tout le monde se croise, souvent sans se voir : un vieux soûlaud mi-clochard mi-philosophe surnommé "Le Maire" (Ossie Davis), Smiley le simplet (Roger Guenveur Smith) qui vend des photos de Malcolm et de Luther King, Mother Sister (Ruby Dee), Radio Raheem (Bill Nunn) qui fait cracher du hip hop à fond de son poste stéréo, les Hispanos, les gamins qui ouvrent les bouches d'incendie pour se rafraîchir et la voix de l'animateur radio Mister Señor Love Daddy (Samuel L. Jackson)...
L'affaire se corse lorsque Buggin Out (Giancarlo Esposito) lance le boycott de la pizzeria de Sal pour l'absence d'Afro-Américains sur son mur remplie de photos. Et tout dérape définitivement quand Sal et ses fils s'embrouillent avec Radio Raheem.
Mookie a un choix à faire : "the right thing" !
A sa sortie, ce film sera dépeint comme un véritable brûlot, les bas-du-front y voient une incitation à la haine raciale et à l'émeute (les pires fantasmes circulent toujours à la sortie d'un film du maître Lee). Présenté à cannes, Wim Wenders -le président du jury cette année-là- s'opposa fermement à lui attribuer la palme. Spike Lee, aujourd'hui plus intégré au monde du cinéma, en a fêté en grande pompe, à l'été 2009, les 20 ans ; et le film n'a pas pris une ride !

La chaleur étouffante est présente tout le film, les couleur sont poussées, rougies, Spike Lee nous fait partager la montée en tension de cette journée suffocante, rivalisant de trouvaille technique, de plans sublimes et d'un tournage in situ.
Le film pose un regard plein de contradictions et de finesse sur les problèmes raciaux aux Etats-Unis, loin du manichéisme que ses opposants prêtent à Spike Lee. Il n'y a pas de "bonne réponse", il n'y a pas une communauté plus légitime, moins raciste... Pour autant le film n'est pas neutre, bien au contraire, c'est une prise de position de Spike Lee/Mookie à laquelle on peut ou pas adhérer. Il nous laisse le choix, entre "Le Maire" et lui, entre Martin Luther et Malcolm. Et l'on aurait tord d'opposer réellement les deux choix, je pense que Spike Lee nous offre les deux alternatives non comme opposées mais bien comme complémentaires, comme les facettes d'un même combat (à l'image des bagues de Radio Raheem), et la "victoire" de l'une de ces alternatives comme temporaire et inévitable.

La petite famille est encore au rendez-vous avec un petit rôle pour sa sœur Joie Lee, et la bande-son confiée au paternel, Bill Lee ; les acteurs fétiches aussi : Roger Guenveur Smith, Bill Nunn, Giancarlo Esposito... de même que les gloires du cinéma afro-américain Paul Benjamin (qui a joué dans quelques films blax' de bonne facture : Across the 110th Street, The Education Of Sonny Carson, Friday Foster...), "Le Maire" est joué par le grand acteur et réalisateur Ossie Davis et sa femme Ruby Dee incarne la vieille Mother Sister. A signaler aussi la présence de l'actrice, danseuse et chorégraphe (en particulier du show In Living Color) Rosie Perez, de Robin Harris (qui décède après son rôle de Pop dans House Party), ainsi que de Frankie Faison, Steve White, Leonard L. Thomas et des cascadeurs Eddy Smith -fondateur de la Black Stuntmen's Association- et David S. Lomax... le célèbre cascadeur afro-américain qui créa la .

School Daze

Deuxième film pour Spike Lee, et nouveau succès. Le jeune réalisateur pioche de-ci de-là : film humoristique, comédie musicale, teen movie, drame...

SCHOOL DAZE - Spike Lee (1988)



Vaughn "Dap" Dunlap (Laurence Fishburne) organise des manifs pour demander le retrait de fonds d'Afrique du Sud au Mission College, son unviersité. Mais il n'y a pas que des activistes à Mission, il y a aussi les fraternités et en particulier les Gamma Phi Gamma et leur pendant féminin, les Rayons Gamma, dirigés respectivement par Julian Eaves et Jane Toussaint (Giancarlo Esposito & Tisha Campbell). Les militants, à la peau plus foncée, les surnomment les "wannabes", et sont traités en retour de "jigaboos".
Mais pour corser le tout, la petite amie de Dap, Rachel (Kyme), veut intégrer une fraternité féminine et son cousin Half-Pint (Spike Lee) ses ennemis jurés des G-Phi-G. Et les revendications et les manifs commencent à inquiéter l'administration...
Le scénario est issu de l'expérience personnelle de Lee, lorsqu'il étudiait au mythique Morehouse College d'Atlanta. A la sortie du film, de nombreux directeurs d'universités noires se sont indignés de l'image véhiculée par le film. Et il faut dire que le tableau présenté est peu reluisant, en particulier en ce qui concerne les fraternités "grecques" présentées sous un angle bien peu engageant.
Les rapports de classe et de sexe sont détricotés selon le prisme racial, et en particulier le degré de pigmentation des étudiants. Plus qu'il ne dénonce, Spike Lee fait un état de la situation ; rien n'est facile et manichéen. Lorsque le propos se fait sérieux, Lee n'impose pas un point de vue, il en propose plusieurs. Bien sûr, comme dans Do the Right Thing, il montre sa préférence (incarnée dans le personnage de Laurence Fishburne et non lui-même, plus sujet à controverses), mais tout en laissant le spectateur faire son choix, en respectant par sa réalisation chacun de ses acteurs.

La réalisation justement est sublime. Tout semble millimétré, les ambiances différentes pour chaque saynète, les scènes de sexe sont suggestives, certaines à la limite du burlesque, celles de comédie musicale sont particulièrement réussies (à l'image de celle que je ne résiste pas à vous faire partager ci-dessous). Lee réussit même la performance d'une séquence de football sans jamais filmer le jeu lui-même. Bref, on sent poindre dans ce film les talents de mise en scène du "Woody Allen noir".
En plus, le tournage épique. Lee a fait installé les deux équipes dans des hotels différents : ceux qui incarnaient les "wannabes" avaient droits aux meilleures places et traitements, à l'inverse des "jigaboos". Le résultat renforce le réalisme : lors d'une scène, une bagarre éclate réellement entre les deux équipes et Lee laisse tourner les caméras...

Spike Lee met peu à peu en place son réseau d'acteurs et de techniciens : Bill Nunn, Samuel L. Jackson, Roger Guenveur Smith, Giancarlo Esposito, sa soeur Joie Lee et son frère Cinqué, Ossie Davis, Art Evans, Tyra Ferrell, les producteurs Monty Ross et Loretha C. Jones, Le chef opérateur Ernest Roscoe Dickerson, la directrice de casting Robi Reed, la costumière Ruth E. Carter, le monteur Barry Alexander Brown, le directeur artistique Wynn Thomas...
Niveau casting, il faut encore citer Kadeem Hardison, Kasi Lemmons qui deviendra réalisatrice entre des excellents Eve's Bayou et Talk To Me, la ravissante Tisha Campbell qui s'imposera dans de nombreuses productions afro-américaines, Joe Seneca, Alva Rogers et bien sûr l'acteur principal Laurence Fishburne qui débuta en 1975 dans Cornbread, Earl and Me, est aujourd'hui un acteur incontournable et reconnu pour ses rôles d'Ike Turner dans Tina, du père protecteur dans Boyz N the Hood, du gangster mythique Bumpy Johnson dans Hoodlum et de Morpheus dans la trilogie Matrix.