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jeudi 27 janvier 2011

House Party

Alors que la vague "new jack" en est à ses balbutiements, le perspicace Reginald Hudlin concocte cette comédie légère et sympathique distribué par New Line Cinema.


HOUSE PARTY - Reginald Hudlin (1990)

Play (Christopher Martin) profite de l'absence de ses parents pour organiser une énorme fête chez lui ; il prévient ses deux amis, Kid et le DJ à mauvaise haleine Bilal (Christopher Reid & Martin Lawrence). Mais pour Kid, rien ne va se dérouler avec simplicité.
Il a une altercation avec les trois gros bras (la Full force) du lycée et écope d'un avertissement. Il tente de cacher la sanction à son père, Pop (Robin Harris), mais celui-ci tombe dessus et lui interdit d'aller à la party.
Kid arrive à se faufiler alors que son père somnole mais les ennuis vont continuer : les gros bras du lycée veulent se venger et lui casser la gueule tandis que deux policiers blancs le harcèlent...

En présentant un court métrage titré House Party, Reginald Hudlin boucle ses études de cinéma à Harvard en 1983. Sept années après, produit par son frère Warrington (lui-même réalisateur de documentaires et proche du cinéma indépendant), il parvient à faire aboutir son scénario et se charge de la réalisation d'un long du même nom. Le succès en salle et en VHS est total et le film rapporte plus de 25 millions de dollars (pour un budget de production extrêmement bas de 2,5 millions). Le réalisateur se crée même des petits gimmicks qu'il dans plusieurs de ses films : ici, le père regarde à la télé le cultissime Dolemite, ou encore les deux frères Hudlin font une brève apparition...

L'intrigue est légère, c'est sûr. Mais c'est la multitude de saynètes annexes, les descriptions, les rebondissements et la pléiade de personnages secondaires qui donnent à ce film un attrait certain. Hudlin sait donner vie à ses personnages et, avec l'air de ne pas y toucher, il évoque la condition des Afro-Américains, et particulièrement des jeunes. Violence inter-communautaire, harcèlement policier... mais finalement c'est bien le sentiment de vouloir vivre sa vie qui émerge, volonté simple et légitime mais difficile d'accès pour la jeunesse noire des années 90.
Ainsi, 20 ans plus tard, cette comédie prend même un air de reportage nostalgique sur le hip-hop old school (aussi bien la danse, le dee-jaying ou les "battles") et les préoccupations de la jeunesse.

C'est d'ailleurs le duo rap Jazzy Jeff & the Fresh Prince (dans lequel officiait le jeune Will Smith) qui était pressenti par Hudlin pour camper les héros. C'est finalement Kid'n Play, composé des deux Christopher, Martin et Reid, qui décroche le haut de l'affiche. Et la coupe de Kid va d'ailleurs s'imposer dans presque toute la vague des films urbains, et dans la jeunesse en général. Une autre "team" présente ici : les peu connus mais pourtant prolixes producteurs de Full Force (Bowlegged Lou, Paul Anthony et B-Fine) qui jouent les bad boys.
Le casting est impressionnant, puisque des dizaines de seconds rôles se succèdent tels John Witherspoon, Tisha Campbell, Anthony Johnson, le chanteur George Clinton, Randy Harris, A.J. Johnson, Verda Bridges, Alexander Folk, l'ex-footballeur Cedrick Hardman, Daryl Mitchell, Gene Allen, Richard McGregor, Irv Dotten... Ainsi que des représentants de la vague soul : J. Jay Saunders (Slaughter's Big Rip Off et Cornbread, Earl and Me), Norma Donaldson (Across 110th Street et Willie Dynamite) et Bebe Drake...
Mention spéciale pour Robin Harris qui décède subitement, fauché en pleine carrière prometteuse avec des prestations remarqués dans seulement 5 films : I'm Gonna Git You Sucka, Do the Right Thing, Harlem Nights, Mo' Better Blues et celui-ci.
Fort du succès d'estime et des recettes du titre, les studios se lancent -comme de bien entendu- dans la confection d'un second, puis d'un troisième volet au cinéma et s'arrête après une ultime version TV où tous les acteurs d'origine ont disparus.

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