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lundi 24 octobre 2011

The Blues Brothers

Voilà un film que j'avais oublié de chroniquer lors de ma rétrospective des comédies des années 80. Oubli réparé aujourd'hui, mais oubli révélateur du problème que soulève ce film (que j'adore par ailleurs) pour qui s'intéresse à la culture afro-américaine : comment un duo de Blancs décroche un succès si important en utilisant systématiquement musique, personnages et références noir-américaines ?

THE BLUES BROTHERS - John Landis (1980)

"Joliet" Jake Blues (John Belushi) -fraîchement libéré de prison- et son frère Elwood (Dan Aykroyd) s'attèlent à une impérieuse mission : réunir 5000 $ pour sauver l'orphelinat où ils ont grandi, et où vit leur père spirituel Curtis (Cab Calloway), menacé d'expulsion.
Pour réunir l'argent, ils projettent de reformer leur groupe et donner un énorme concert. Ils doivent d'abord retrouver leurs comparses éparpillés.
Pendant leurs recherches, au volant de leur Bluesmobile, ils doivent convaincre leurs musiciens et amis de reprendre la route avec eux, jouer dans des bouges pour se rôder, échapper à la police, àet des nazis et des musiciens de country, et déjouer les pièges d'une mystérieuse femme (Carrie Fisher)...
L'idée des Blues Brothers naît dans le Saturday Night Live, où officient John Belushi et Dan Aykroyd. Aux deux comédiens, se rajoutent entre autres le bassiste et le guitariste de Booker T. & the MGs : Donald "Duck" Dunn et Steve Cropper (qui fait aussi un invisible caméo dans Be Kind Rewind), ainsi que Willie "Too Big" Hall aux percussions -qui fut membre de The Bar-Kays et batteur d'Isaac Hayes (il apparaît aussi dans Soul Men). Et la mayonnaise prend tellement bien que le groupe prend réellement vie en sortant un premier album en 1978 : Briefcase Full of Blues.

Incontestable succès, critique, public et commercial (115 millions rien qu'en exploitation en salle), The Blues Brothers sonne tout de même comme un énorme hold-up.
Examinons d'abord les raisons de ce succès mérité. Le duo des frères est complètement décalé, -fringués comme des mafieux de pacotille, lunettes noires et rouflaquettes- ils s'imposent par leur flegme et leur loufoquerie austère. Les séquences musicales sont fortes et possèdent incontestablement une énergie communicative (à l'image du cultissisme "Everybody Needs Somebody to Love").
Les cascades et les effets spéciaux sont ultra-réussis, en particulier la coure-poursuite finale en voiture et le monstrueux carambolages de voitures de police...
Enfin, les grand noms de la soul, du funk et du blues répondent présents, et viennent offrir leur talent : Cab Calloway et son Hi De Ho Man, James Brown, John Lee Hooker, Ray Charles, Aretha Franklin qui, dans une scène magistrale , reprend son Freedom face à son restaurateur de mari (par ailleurs aux claviers) ou encore Chaka Khan.

Quant au "hold-up", il vient justement de ces stars afro-américaines et il est assez symptomatique de la récupération en règle qui est à l’œuvre dans les années 80s : le "blanchissement" -la normalisation d'un point de vue hollywoodien- de thèmes afro-américain (dont l'exemple phare pourrait être Rocky, cet improbable boxeur blanc qui défait ses adversaires afro-américains).
Ici c'est donc une partie de la culture noire qui est utilisée -à bon escient- mais avec des personnages principaux blancs. Bien sûr celà fait aussi parti du ressort comique, avec cet aspect décalé des frères Blues, avec leurs costumes de mafieux et leur immersion dans un milieu afro-américain.
Attention, il n'y a pas de racisme dans ce film (le groupe de nazis qui s'oppose aux héros en est d'ailleurs la preuve).

Les acteurs principaux sont donc des musiciens (dont les membres du groupe qui reprennent leurs postes dans la séquelle Blues Brothers 2000 : Steve Cropper, Willie "Too Big" Hall, Alan Rubin, Matt Murphy, Tom Malone, Lou Marini, Murphy Dunne, Donald "Duck" Dunn).
Mais il y aussi quelques acteurs bien choisis comme Carrie Fisher (la Princesse Leïa dans Star Wars), Steven Williams (reconnu comme le Capitaine Fuller de 21 Jump Street, il débute dans Cooley High et The Monkey Hu$tle), les réalisateurs Steven Spielberg et Franck Oz (Bowfinger), Charles Napier (récemment décédé, il participe à Original Gangstas, Steel et Nutty Professor II: The Klumps), James Avery, Mr. T, Paul Butler...
Le film est produit et monté par George Folsey Jr. (Hammer, Black Caesar, les épisodes de la série Shaft : The Kidnapping, The Capricorn Murders et The Murder Machine, J.D.'s Revenge, Coming to America et Bulletproof).

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