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samedi 14 mai 2011

Panther

Une dizaine d'année avant Baadasssss !, Mario Van Peebles tourne un premier film adapté d'un roman de son père Melvin sur l'épopée des Black Panthers.

PANTHER - Mario Van Peebles (1995)


Oakland, 1966. Judge (Kadeem Hardison) est un jeune vétéran du Vietnam qui étudie maintenant à Berkeley. Il suit, circonspect, la création du "Black Panther Party for Self Defense" par Bobby Seale et Huey Newton (Courtney B. Vance & Marcus Chong). Le BPP commence par un simple militant faisant la criculation en lieu et place d'un feu rouge inexistant. Puis viennent les premières patrouilles armées pour protéger les Afro-Américains de la police, les ventes du Petit Livre Rouge pour financer les activités du parti, l'escorte de Betty Shabazz (Angela Bassett)...
Judge s'engage finalement, et rapidement Huey Newton lui confie une mission secrète : laisser croire aux flics qu'il est prêt à balancer des infos.
Le FBI de J. Edgar Hoover s'inquiète des activités "subversives" du parti, et dépêche des agents sans scrupule (dont Roger Guenveur Smith) pour éradiquer le BPP et ses bases sociales. Huey est emprisonné, puis Bobby, et au bureau local Tyrone (Bokeem Woodbine) soupçonne Judge d'être un indic...
Dans Panther, Mario Van Peebles met en image l'histoire légèrement romancée -sur la base du roman de son père Melvin intitulé Top Secret- du Black Panther Party for Self Defense. La raconter du point de vue d'un militant ordinaire renforce la crédibilité et les potentialités d'adhésion du public.

Les anecdotes historiques sont bien présentes : les premiers financements, l'armement progressif, la propagande dans les ghettos, les patrouilles armées organisées par le parti pour contrôler les flics, les petits déjeuners gratuits et les tests de dépistage de l'anémie... On y voit bien sûr les actions les plus spectaculaire comme l'invasion de la chambre de Californie par les Black Panther armés jusqu'au dent et menés par Bobby Seale, la reconstitution de la célèbre photo de Huey avec le fusil et la lance africaine sur le fauteuil, son arrestation, la campagne au cri de "Free Huey" et son procès... Non seulement il y a ces faits, mais aussi pléthore de références politiques de l'époque : les liens avec les étudiants blancs pacifistes et les autres communautés des Etats-Unis, les livres de Frantz Fanon et Karl Marx sur les tables, trainant sur les tables des militants, ...

Mario suit clairement les traces de son père et sait qu'il faut de l'entertainment pour intéresser le public. Et donc, pour servir le propos -qui ne s'enfonce jamais dans le préchi-précha-, les scènes d'action et les intrigues personnelles viennent donner du rythme à ce biopic d'un genre rare.
Tout celà est bien filmé, mélangeant film classique, images d'époques et reconstitutions (souvent incroyablement réussies). Un film très complet donc, où se croisent des dizaines de références : les liens avec les étudiants blancs pacifistes et les autres communautés des Etats-Unis, le discours fortement teintés de marxisme, les grands noms du mouvement noir comme Eldridge Cleaver, Stockeley Carmichael (dont le discours est reprise du Black Panthers d'Agnès Varda), Betty Shabazz, les livres de Frantz Fanon et Karl Marx sur les tables. Bien sûr, le scénario s'écarte de la vérité historique, compactant des évènements ou même en les inventant (comme la manière dont s'opère la scission d'Eldrige Cleaver). Voilà les ingrédients de ce film réussi, rythmé par les hits de l'époque la musique de Stanley Clarke.

Mario, sur les conseils de sa directrice de casting Robi Reed, confie les premiers rôles à des jeunes acteurs peu connus, et réservent quelques grands rôles à des stars reconnues. Le guest le plus intéressant symboliquement, c'est bien sûr Angela Bassett qui interprète Betty Shabazz (la veuve de Malcolm X), comme une manière de place Panther dans la lignée du Malcolm X de Spike Lee où elle interprétait le même rôle. Mario Van Peebles endosse lui le costume de Stokely Carmichael, et son père Melvin celui d'un vieux poivrot prophétisant que si les Noirs ont des armes, ils s'entretueront. Enfin dernier clin d’œil à la période, puisque l'ex-activiste blanc Jerry Rubin (reconvertie dans les années 80 au libéralisme sauvage de Reagan) interprète un juge ; il décède avant la sortie du film.
Habitué des seconds rôles (School Daze, I'm Gonna Git You Sucka, White Men Can't Jump, Vampire in Brooklyn, The 6th Man, Showtime), Kadeem Hardison trouve incontestablement ici son meilleur rôle. Le reste du casting propose une pléïade de seconds rôles, tels Marcus Chong (Matrix), trois acteurs de Menace II Society : Tyrin Turner, Yolanda Whittaker et Anthony Johnson (que l'on retrouve aussi dans House Party, House Pary 3, Friday, I Got the Hook Up, B*A*P*S), Bokeem Woodbine (Crooklyn, Dead Presidents, Jason's Lyric, Gridlock'd, Life, Ray, Black Dynamite), Bobby Brown (A Thin Line Between Love and Hate, Gang of Roses, Nora's Hair Salon I & II), Wesley Jonathan (Baadasssss !, Roll Bounce, Steppin: The Movie, Speed-Dating), Jenifer Lewis (Sister Act, Poetic Justice, The Meteor Man, Sister Act 2, Girl 6, Who's Your Caddy ?, Meet the Browns, The Princess and the Frog), Ann Weldon qui a joué dans la pépite bis Alabama's Ghost, Chris Tucker, Courtney B. Vance, Jeris Poindexter, Lahmard J. Tate, Chris Rock... Mention spéciale à un des acteurs fétiches de Spike Lee, Roger Guenveur Smith qui se retrouve dans la peau du salaud de flic de service, chose pas facile dans ce film où tous les autres actrices et acteurs se retrouvent du bond coté de la barricade en incarnant des membres du parti.
Hors de prix sur les sites de ventes en ligne, la réédition ne semble toujours pas à l'ordre du jour... Vous pouvez le voir ici en VOst.

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