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mardi 30 décembre 2008

Black Dynamite, le retour du baadasssss soul cinema

Black Dynamite, rien que le nom ça pète.
Quand on voit l'affiche, les pupilles commencent à frétiller, la bouche devient pateuse, le cerveau se met en mode alerte.
Alors, une fois qu'on a vu le site du film et le scénario qui tient en deux lignes magnifiquement écrites :
"When “The Man” murders his brother, pumps heroin into local orphanages, and floods the ghetto with adulterated malt liquor, Black Dynamite is the one hero willing to fight all the way from the blood-soaked city streets to the hallowed halls of the Honky House."
...ça devient difficile de contenir les émotions qui affluent.
Rajoutez à ça un trailer de ouf', et on est pris de totale frénésie.

On reparlera certainement (en sortie salle, espérons, au moins en sortie DVD) de ce qui s'annonce comme une grosse bombe pour tous les fans de soul cinema, un vrai film Blaxploitation 30 ans après.
En attendant, on peut toujours flâner sur le site officiel du film (où l'on peut trouver un topo intéressant -en anglais- sur la blaxploitation et ses conditions d'émergence, une petite filmographie,...) ou matter et rematter interminablement le trailer :




vendredi 26 décembre 2008

Shaft in Africa

Après Shaft et Shaft's Big Score, Gordon Parks abandonne la caméra. John Guillermin envoie le privé de Harlem en Afrique et le titre français annonce la couleur : Shaft contre les trafiquants d'hommes...

SHAFT IN AFRICA - John Guillermin (1973)


Le recrutement de John Shaft (Richard Roundtree) est cette fois des plus déconcertant : enlevé par un géant africain, il est soumis à toute sorte de tests pour être enfin engagé par l'Emir Ramila (Cy Grant) afin de démanteler un réseau d'esclavage moderne.

Aidé de temps à autre par la belle Aleme (Vonetta McGee), la fille de l'Emir, le détective afro-américain va se retrouver sur les terres d'Afrique. De la capitale éthiopienne à celle de la France en passant par la Mauritanie, Shaft partage les cales des passeurs avec les clandestins, la chambre de la lubrique Jazar (Neda Arneric) ou encore des logements parisiens insalubres.
Shaft remonte la fillière des clandestins exploités organisé par le perfide Amafi (Frank Finlay)...

Gordon Parks laisse tomber son héros. Il laisse la place pour la réalisation à John Guillermin, tandis que Tydiman est remplacé par Stirling Silliphant (scénariste inspiré de In the Heat of the Night et The Liberation of L.B. Jones). La MGM exploite jusqu'au bout la franchise (en vendant dans la foulée les droits à la télévision, avec quatre mois plus tard le premier épisode The Enforcers).
Le résultat est un épisode totalement différent, totalement "bis", où l'ambiance soul est quasi absente (exceptée Vonetta McGee, le casting  s'en ressent), et le ton plus proche d'une déclinaison afro-américaine de James Bond (avec autant de conquêtes féminines que de contrées visitées).
Exit Isaac Hayes et Gordon Parks, la BO est confiée à Johnny Pate, compositeur entre autres de la BOF géniale de Brother on the Run, (et les Four Tops pour la chanson-titre) ; pour beaucoup de mélomane, elle dépasse la version originale de Hayes.

On se délecte d'un Shaft déambulant dans les rues parisiennes idéalisées ou entrant dans un troquet typique ; on sourit en voyant Orly, des voitures et leurs plaques minéralogiques, une affiche "Banania" (douce ironie totalement fortuite), des accents et plus généralement de la représentation des Français (en particulier des policiers), avec un chouïa d'exagération sur l'immonde pays raciste que serait la France comparée USA.
Cela pourrait juste être anecdotique, si ce n'était un pan de la critique plus générale de cette évolution du personnage et de l'esprit du film. Le joli succès des opus précédents a aiguisé les convoitises, mais à vouloir faire survivre Shaft à ses créateurs Tydiman et Parks, c'est au prix de l'abandon pur et simple de l'esprit initial (comme dans la série TV, mais de manière plus subtile). Ainsi, le héros garde tous ses attributs : il reste au top niveau bagarre, non-chaland et peu diplomate, viril, défenseur des opprimés... Mais cette dernière qualité, il ne la mets plus au service de la communauté afro-américaine mais de la lointaine Afrique, dénonçant à raison l'esclavage moderne en Europe ou l'excision (mais pour mieux "oublier" la situation encore rude des Noirs aux USA). La même année, Superfly T.N.T. (lui aussi dépaysé en Afrique) souffre des mêmes faiblesses.
La représentation de l'Afrique et des Africains (réduits à l'état de figurants) est d'ailleurs particulièrement caricaturale et correspond à une vision "exotique", loin du "réalisme" revendiqué dans les deux premiers films.

Ce nouvel univers fait de ce Shaft in Africa le plus "bis" de la franchise, comme un mélange entre Savage ! et Honeybaby, Honeybaby. Violence et sexe sont les ingrédients de la réussite (finie les scènes d'amour à travers filtres et miroirs, ici le sexe est un incontestable argument de vente), et l'aspect "black and proud" est une composante du personnage, sans être déterminante à aucun moment. On passe cependant un bon moment, avec des scènes d'action sporadiques, culminant en un final explosif.

Vonetta McGee ne sert pas à grand chose malheureuseument ; elle surgit même de manière totalement improbable au milieu de nulle part, couche avec Shaft puis disparaît aussitôt...
Si l'on croise quelques seconds couteaux de la blax comme Frank McRae  (Cool Breeze, 1941, 48 Hrs., Another 48 Hrs.) et Jho Jhenkins (The Arena), l'essentiel du casting est international avec le Guyannais Thomas Baptiste (Honeybaby, Honeybaby), la Yougoslave Neda Arneri, l'Indien Marne Maitlan, le Français Jacques Marin et Jacques Herlin et l'espagnol Aldo Sambrell (qui rejoue avec Roundtree dans Charley-One-Eye).

jeudi 25 décembre 2008

Shaft's Big Score !

Les nouveaux exploits de Shaft : la suite que Gordon Parks offre à son héros presqu'invicible John Shaft. 

SHAFT’S BIG SCORE ! - Gordon Parks (1972)

Juste avant de mourir dans l'explosion de son entreprise funéraire, Cal Asby (Robert Kya-Hill) a le temps de planquer un joli tas de billets et de prévenir son ami  John Shaft (Richard Roundtree) qu'il a de sérieux problèmes. Shaft est aussi l'amant de sa soeur Arna (Rosalind Miles), il fait donc de la résolution de ce meurtre une affaire personnelle !
Grâce à ses liens avec le Capitaine Bollin (Julius Harris) et les gangsters Bumpy Jonas et Willy (Moses Gunn & Drew Bundini Brown), les soupçons de Shaft s'orientent rapidement vers Johnny Kelly (Wally Taylor), l'associé de Cal qui a une grosse ardoise chez le mafieu raffiné mais intraitable : Gus Mascola (Joseph Mascolo).
Shaft est prêt à tout pour démasquer les assassins de son ami...
Produit pour moins de 2 millions de dollars, ce deuxième volet rapporte plus de 10 millions ! Réussite incontestable, Parks a investi son surplus financier dans un casting plus étoffé (dont Julius Harris, découvert dans Nothing But a Man), des décors branchés et un final énorme qui en nous en met plein les mirettes, avec mitraillage en règle dans un cimetière, poursuite en voiture, en bateau et en hélicoptère !

D'un point de vue technique, c'est probablement le plus réussi de la trilogie ; il y manque pourtant de l'âme de Harlem. Le décor s'est déplacé dans les quartier plus huppés, ce qui donne un très bon méchant maniéré et pervers incarné par Joseph Mascolo (qui joue aussi dans The Spook Who Sat by the Door), mais on y perd en ambiance urbaine. Les immeubles délabrés sont remplacés par de lumineux appartements design et des clubs branchés.
Cependant, ce dépaysement n'empêche détails et allusions plus ou moins marquées du sceau du "black power" : tension raciale au commissariat, chauffeur blanc, victoire du héros afro-américain sur les mafieux blancs... et toujours un aspect très sexualisé du héros qui multiplie les conquêtes. Tout en montrant quelques seins (coutume frivole de l'époque plutôt que voyeurisme intéressé), Parks filme les scènes d'amour à travers des filtres ou des miroirs déformants. Il n'en reste pas moins que la sexualité des Noirs est encore un tabou visuel dont Gordon Parks se joue visiblement.

Malgré de nombreux dialogues et de rares scènes d'action, la mise en scène est réussie et la réalisation parvient à donner un rythme, jusqu'à l'apothéose finale à classer parmi le tiercé gagnant des meilleures fusillades de la blaxploitation (quelques images sont reprises dans The Kidnapping) ! On retiendra aussi la scène du club, sorte de clip qui alterne show exotique de danseuses aux costumes flamboyants avec les sombres escaliers où Shaft se fait tabasser.

En sourdine le thème mythique d'Isaac Hayes, officiellement indisponible pour enregistrer, Gordon Parks se charge du soundtrack, résolument plus jazzy (il avait déjà une solide expérience avec la BOF de son premier long métrage The Learning Tree).

Drew Bundini Brown a pris un peu de galon et se retrouve en troisième position au générique, juster derrière Moses Gun, lui aussi rescapé du premier opus. De nouveaux personnages sont introduits : Julius Harris devient le nouveau lieutenant/ami de Shaft, Rosalind Miles (The Black Six, Friday Foster), Don Blakely (dans les 90s, il apparaît dans Harlem Nights et Pulp Fiction), Thomas Anderson (The Learning Tree, Trick Baby, The Legend of Nigger Charley et Don't Play Us Cheap), Wally Taylor (Cotton Comes to Harlem, Cool Breeze, Lord Shango, Crossroads, The Golden Child), Robert Kya-Hill (seulement quelques films dont Slaves) et la plantureuse Kathy Imrie, quasiment absente des écrans par la suite.
Coté équipe technique, Gordon Parks reconduit les responsables de chaque équipe de Shaft : le chef op' Urs Furrer, le costumier Joe Aulisi, Martin Bell au maquillage, les ingénieurs du son Hal Watkins et Lee Bost et le décorateur Robert Drumheller... Ainsi que Alex Stevens et Marvin Walters à la coordination des cascades.

mercredi 24 décembre 2008

Shaft

"- Who's the black private dick
that's a sex machine to all the chicks ?
- Shaft !"
C'est sur cette chanson mythique de feu Isaac Hayes que débute le premier film du héros le plus représentatif du cinéma de blaxploitation : Shaft (titré Les nuits rouges de Harlem pour la sortie française).

SHAFT - Gordon Parks (1971)

John Shaft (Richard Roundtree) est un détective privé qui officie à Harlem. Il est engagé par Bumpy Jonas (Moses Gunn), un gros caïd qui fait dans la prostitution et la drogue, pour retrouver sa fille kidnappéé, semble-t'il, par Ben Buford (Christopher St. John) et ses hommes qui composent un groupe de militants "Black Power". Bien qu'il n'aime pas beaucoup les activités de Bumpy, Shaft accepte la mission contre un salaire plus que correct.
Il met à contribution son réseau d'indics et sa connaissance de Harlem pour retrouver Ben. Lorsqu'il met la main dessus, le groupe de militants et Shaft sont victimes d'une fusillade... Et, entre le témoignage de Ben et les informations de l'inspecteur Androzzi (Charles Cioffi), Shaft comprend que la fille de Bumpy a été en fait enlevée par la mafia, passablement énervée de voir le caïd local lui raffler ses parts de marché...
Alors que la MGM était au bord de la faillite, le salut vient d'un petit photographe moustachu qui a l'idée d'adapter un roman à succès d'Ernest Tidyman ; ce dernier co-écrit le scénario avec John D.F. Black (scénariste de séries, on lui doit aussi Trouble Man).
Gordon Parks a réalisé deux ans avant The Learning Tree, un drame biographique poignant, mais la consécration lui vient de ce film emblématique d'une époque, et annonciateur de la déferlante de productions afro-américaines : la blaxploitation !

On comprend aisément le succès tant communautaire que "grand public" de ce film. Le rythme est soutenu, l'action bien maîtrisée, l'intrigue tient la route et les personnages secondaires sont bien trouvés ; rajoutons à ça la musique, véritable personnage du film, envoutante et qui colle si parfaitement aux situations... et tous les ingrédients d'un bon polar sont réunis.
Ce qui en fait un film quasi-cathartique pour la jeunesse afro-américaine c'est que jusqu'alors les points positifs que je viens d'égrainer s'appliquaient à des héros blancs pour un public blanc. Or voilà que déboule un super héros afro-américain, qui vient de la rue et ne s'en laisse pas compter, un héros qui couche avec des femmes (et des Blanches !), aide la communauté, lutte et triomphe des mauvais Blancs...

La scène d'ouverture condense tout ce qui fera l'identité de la blaxploitation : héros intrépide aux manières de bad boy, déambulation urbaine avec son cortège de commerces et d'enseignes lumieuses (jusqu'à barbershop, commerce représentatif entre tous pour les Afro-Américains), musique omniprésente signée d'une star de la soul)...
Si le film n'est pas politique au premier chef, la nouvelle image des Afro-Américains qu'il véhicule est tout de même un fait politique, comme la traduction sur grand écran du slogan Black is beautiful !
Shaft est donc un grand classique de la blaxploitation et même du cinéma des 70s, facile d'accès pour se lancer dans la Blaxploitation avec une BO de rêve par Isaac Hayes, une intrique qui tient la route, un héros qui a la classe incarné par Richard Roundtree ; le rôle qui lui collera à la peau (dans trois autres films : Shaft's Big Score, Shaft in Africa et Shaft 2000 et une série TV de 7 épisodes). Outre Moses Gunn, déjà connu, le casting regorge d'actrices  et d'acteurs qui font leurs premiers pas dans la blaxploitation et qui réapparaîtrons souvent : Antonio Fargas, Tony King, Al Kirk, Ed Bernard, Tommy Lane, Lee Steele, Alan Weeks, Gertrude Jeannette... Christopher St. John quant à lui écrit, réalise et joue dans le très bon Top of the Heap.
A signaler aussi la présence Drew Bundini Brown, proche de Muhammad Ali ; entraineur et soigneur, il serait même l'auteur du célèbre "Float like a butterfly, sting like a bee", Jamie Foxx lui prête ses traits dans le Ali de Mickael Mann. Drew Bundini Brown eut sa petite carrière d'acteur : on le retrouve dans Aaron Loves Angela, The Greatest, Penitentiary III ou encore The color Purple de Spielberg.

Il existe un court documentaire sur le tournage de Shaft : Soul on Cinema, Filming Shaft on Location.

lundi 22 décembre 2008

The Boondocks, la série TV, part. 2

Pour la saison 2, difficile d'accès aux non-anglophones, je ne résiste pas à vous faire partager ce trailer qui met l'eau à la bouche
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Les épisodes de la Saison 2
1- …Or Die Trying
2- Tom, Sarah and Usher
3- Thank You for Not Snitching
4- Stinkmeaner Strikes Back
- The Story of Thugnificent
6- Attack of the Killer Kung-Fu Wolf Bitch
7- Shinin'
8- Ballin'
9- Invasion of the Katrinians
10- Home Alone
11- S Word12- The Story of Catcher Freeman
13- The Story of Gangstalicious, part. 2
14- Hunger Strike
15- Uncle Ruckus’ Game Show

A signaler que BET, la chaîne "black", a censuré les deux derniers épisodes...

dimanche 21 décembre 2008

The Boondocks, la série TV

En 2005, The Boondocks a droit aussi à sa déclinaison télévisuelle. Et autant dire que c'est plus qu'une réussite.

Pas facile de transposer des strips en épisodes de 20 minutes, mais Aaron McGruder s'en sort à merveille, prenant peu à peu ses marques et nous laissant trouver les nôtres... L'ambiance peut varier énormément entre les épisodes, allant de véritables ôdes au cinéma africain-américain, soul & kung-fu, urban films et autres, à des passages très introspectifs, philosophiques, en passant par de multiples clins d'oeil -sympathiques ou vachards- à l'administration Bush et sa guerre en Irak, au rap-bizness, au ciné afro, aux intellectuels...

Deux saisons pour l'instant, un site très bien fait : http://www.boondockstv.com/. Malheureusement, si la première saison existe (en zone1) avec des sous-titres français, la saison2 ne comporte pas de sous-titres (espérons qu'on ait droit à une prochaine sortie hexagonale).







La série d'animation reprend les principaux personnages de la BD, et en rajoute de nouveaux, tout aussi succulents :
La famille Freeman : Huey, Riley et Grandad (doublé par John Witherspoon)
Les Dubois : Jazmine et ses parents, Tom et


Uncl' Ruckus, nouveau venu, qui déteste les Noirs

Le ton -grinçant et pas très "politically correct"- est donnné dès la première scène du premier épisode ; Huey Freeman prend la parole dans un cocktail mondain, remplis de Blancs fortunés, et balance : "Excusez-moi, tout le monde. J'ai une annonce à faire. Jésus était noir, Ronald Reagan était le diable et le gouvernement ment à propos du 11 septembre. Merci de m'avoir écouté et bonne soirée."
Je le disais, on croise plein de personnages calqués sur la blax', comme le mac "a pimp named Slickback" (Katt Williams lui prête sa voix, ses traits et ses tenues de Friday After Next), le garde du corps de Oprah très "funky kunfu", mais aussi des personnages réels ; les rappeurs XZibit ou R. Kelly (plutôt à leurs dépens), les acteurs Angela Bassett ou Bill Cosby, mais aussi Quincy Jones, Maya Angelou, Martin Luther King Jr. et Rosa Parks (le meilleur épisode à mon avis)...





Les épisodes de la saison 1, disponible en VOstf

1- Garden Party
2- Trial of R. Kelly
3- Guess Hoe's Coming to Dinner
4- Granddad's Fight
5- Date with the Health Inspector
6- The Story of Gangstalicious
7- A Huey Freeman Christmas
8- The Real
9- Return Of The King
10- The Itis
11- Let's Nab Oprah
12- Riley Wuz Here
13- Wingmen
14- The Block Is Hot
15- The Passion of Ruckus

Pour la route, une réplique savoureuse de Ronald Reagan accueillant Uncl' Ruckus au Paradis des Blancs :

" Le paradis blanc est réservé aux bons chrétiens, ceux qui sont très pieux et qui haÏïssent tous les Noirs et tout ce qui est lié aux Noirs. Ça signifie qu'il n'y a ni Mohammed Ali, ni de musique hip-hop, ni ce connard de Jesse Jackson. […] Il s'avère que le racisme ne pose pas de problème à Dieu. Il ne se souvient pas de l'esclavage, à part en février."

He's back !

Allez, de pause en pause, ça commencera bien à ressemble à quelque chose ce blog...
Un peu de temps devant moi, alors c'est parti pour une fournée de plusieurs sujets (un petit retour sur les Boondocks, un billet sur un personnage de comics US particulièrement afro et j'espère encore un maximum de trucs...).
...et plus que jamais :

Power to the People !

jeudi 11 décembre 2008

Bulworth

Voilà une comédie pour le moins étonnante, qui plonge dans le quotidien et les luttes afro-américaines du point de vue d'un sénateur blanc dépressif...

BULWORTH - Warren Beatty (1998) 

Le sénateur démocrate Jay Billington Bulworth (Warren Beatty) est en campagne pour sa réélection. Mais il est surtout dans une période dépressive intense. Tandis qu'il contracte une assurance-vie de 10 millions de dollars (en échange de son rejet d'une loi sur les aides sociales), il passe un contrat sur sa propre tête.
Mais, dans une église afro-américaine, il répond tout d'un coup avec une sincérité teintée de cynisme à l'assistance médusée... Captivée par son franc-parler, Nina (Halle Berry) et ses amies veulent participer à sa campagne et le sénateur Bulworth les suit dans un club hip-hop. A partir de là, il rappe lors de ses discours auprès des industries pharmaceutiques et hurle "Socialism !", accuse de racisme les producteurs hollywoodiens, dénonce la collusion média/politique/trusts...
Bulworth reprend -par ces facéties et la compagnie de Nina- goût à la vie tout en se plaisant à dire la vérité. Mais le contrat sur sa tête n'est pas annulé...

Warren Beatty est ici scénariste, réalisateur, producteur et interprète. On n'atteint pas la précision et le niveau politique de Reds, sa grande fresque biographique sur le le plus bolchévique des Américains, John Reed. Mais Warren Beatty se sort très bien de ce film qui aurait pu être une énième comédie libérale paternaliste.
Initialement produit par la Fox, on comprend largement que cette boîte de production, plutôt enclin aux thèses réacs, ait freiné des quatre fers lors de la sortie du film, en en limitant au maximum la distribution ; et les bénéfices arrivent à peine à compenser le budget initial. A mon goût, ce film est une des comédies les plus pertinente de cette décennie : on rit, on vibre et on réfléchit. Une alchimie finalement assez rare...

Le personnage peut paraître teinté de paternalisme ; mais à y regarder de près, l e déroulement des évènement bat en brèche cette hypothèse et donne un caractère plus probable et réaliste aux évolutions du personnage principal. Autant dire qu'il part de loin, et sa récente conversion progressiste ne comble pas des années de socialisation dans un milieu blanc, riche et dominant. Les personnages noirs eux font office de remise sur les rails de la réalité : pauvreté, racisme, habitats insalubres et délinquance mais aussi instruction, solidarité, résistance...
Or les références politiques et culturelles traduisent un véritable intérêt pour la communauté afro-américaine, ses modes de vie et ses luttes. Et la bande-originale résume bien le "métissage" des tendances dont ce nourrit ce film : une partition originale signée du grand Ennio Morricone, mais aussi des hits endiablés de Public Ennemy, Dr. Dre, Wu Tang Clan ou Cypress Hill.

Les seconds rôles sont pléthores : Halle Berry, Don Cheadle, Thomas Jefferson Byrd, Michael Clarke Duncan, John Witherspoon, Helen Martin, Sheryl Underwood, Barry Shabaka Henley, Lee Weaver, Wendell Pierce, James Pickens Jr., Armelia McQueen, Myra J., Isaiah Washington, Ariyan A. Johnson... Coté casting blanc, on a tout de même droit à Paul Sorvino, mais aussi William Baldwin et Larry King.
Plus surprenante est la présence du militant, philosophe et universitaire Amiri Baraka, qui fait de brèves apparitions mais tient une place très particulière.