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mardi 24 mai 2011

Posse

Après New Jack City, Mario Van Peebles délaisse les films réalistes et noirs pour s'offrir, avec La revanche de Jesse Lee, une escapade au Far West, offrant un second rôle à son père Melvin.

POSSE - Mario Van Peebles (1993)


Cuba, 1892, la guerre bat son plein entre Espagnols et Etatsuniens. Un groupe de soldats noirs menés par Jesse Lee (Mario Van Peebles) refusent de servir de chair à canon ; en échange le général Graham (Billy Zane) les envoie récupérer de l'or espagnol, espérant se débarrasser d'eux dans la foulée.
La compagnie se tire de ce mauvais pas et désertent avec l'or. Chacun pensait partir avec sa part du butin, mais leurs têtes sont mises à prix. Obobo, Little J, Father Time (Tommy "Tiny" Lister, Stephen Baldwin & Big Daddy Kane) et les autres décident de suivre Jesse jusqu'à Freemanville, sa ville natale où il a quelques comptes à régler...
D'abord, il faut bien avouer que pour un western, Posse se place comme un bon titre du genre. Van Peebles n'est pas avare en scènes d'action, en duels, en cowboys et en indiens. On a droit aux longues traversées à travers des plaines désertiques ou dans les canyons abrupts, à la construction du chemin de fer, aux chanteuses opulentes dans les saloons et autres parties de poker...
Cependant, l'élément principal est rare : les cow-boys sont Noirs, leurs alliés sont des proscrits blancs ou des Indiens et les méchants sont des Blancs sans scrupule, des rednecks racistes et un Noir capitaliste. Et de ce point de vue, Mario van Peebles nous offre une vision rafraichissante, dans la lignée de Buck and the Preacher et The Legend of Nigger Charley, avec plus de moyens.

Fidèle aux préceptes de son génie de père, Mario Van Peebles enrobe sous les aspects d'un western rempli d'action un objet plus politique : une entreprise de réhabilitation des Afro-Américains dans leur part de la conquête de l'Ouest est bien le centre du film. C'est au vieux conteur qui narre les exploits du héros ; il est interprété par Woody Strode, témoin en son temps des rôles de faire-valoir, voire de bouffons, réservés au Noirs dans les westerns et les peplums. Des rôles qu'il joua dans de nombreuses productions à succès des années 40 à 70 comme Le sergent noir, Spartacus, Il était une fois dans l'Ouest, The Professionals ainsi que dans le documentaire de 1972 : Black Rodeo.
Par ailleurs, difficile de ne pas voir dans l'apparence de Jesse Lee -son flegme, son chapeau et son escapade à travers les plaines arides- un hommage visuel à Sweetback. Ce personnage (et son interprète) réapparait dans une séquelle, Los Locos, et fait un caméo dans Gang of Rose, un western sexy.

Le casting est des plus alléchant ; se côtoient en effet des générations et des habitués de registre différents. Il y a les acteurs blancs, rares mais bien trouvés et employés, avec Stephen Baldwin, Billy Zane, Richard Edson et le scénariste TV à succès Stephen J. Cannell (qui joue déjà dans Identity Crisis). En outre, le casting fait la part belle aux gloires du cinéma soul : Melvin Van Peebles forcément, l'incontournable Pam Grier, le "Black Moses" Isaac Hayes, Robert Hooks, ainsi qu'aux seconds rôles comme Nipsey Russell (The Wiz), Lawrence Cook (Trouble Man, The Spook Who Sat by the Door et Lord Shango) et le roi des cascades Bob Minor, crédités comme acteur.
Tommy "Tiny" Lister, Charles Lane, Salli Richardson, Big Daddy Kane (rappeur qui joue dans une poignée de films, dont The Meteor Man et Block Party), Blair Underwood (séries TV), Richard Gant, Christopher Michael et les frères Hudlin, Reginald et Warrington, dans le rôles reporters qui enquête sur Jesse Lee et l'existence des cowboys afro-américains.
Enfin, plusieurs générations de cascadeurs afro-américains officient : les dinosaures Jophery C. Brown, Julius LeFlore et les plus jeunes Eddie L. Watkins, Jimmy Lewis Jr. ou encore Tierre Turner, un des gamins de la blax (Cornbread Earl And Me, Bucktown et Friday Foster) devenu cascadeur.

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