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lundi 21 décembre 2009

DiabolikZine n°4 - Spécial Blaxploitation

Un peu de pub pour le fanzine DiabolikZine 4 entièrement consacré à la Blaxploitation (plus de 130 pages), voilà le sommaire pour vous allécher :
- Introduction (8 pages)
- Polars Urbains et Nouveaux Héros (Polars urbains, Shaft et les nouveaux héros, Superfly, les macs et le besoin de se révolter : 30 pages)
- Les 3 démolisseurs (Fred Williamson, Jim Brown, Jim Kelly : 30 pages)
- Les Panthères de Harlem et d’ailleurs (Pam Grier, Cléopatra Jones et les Dynamites girls : 20 pages)
- Black Fantastik Movies (6 pages)
- Diversité et Variété (Diversité & variété, Rudy Ray Moore, les comédies de Sidney Poitier, Michael Schultz et Richard Pryor : 36 pages).

Alors pour plus d'infos :le site de DiabolikZine...

vendredi 18 décembre 2009

Sidney Poitier, un outsider à Hollywood

Après ce rapide tour d'horizon de trois films qui synthétisent pour moi assez bien l'évolution de Sidney Poitier, je vous propose ce petit docu fort intéressant "Sidney Poitier. An Outsider in Hollywood".
C'est un documentaire français de Catherine Arnaud qui retrace la carrière de Poitier et son évolution d'acteur prometteur mais gentillet, "déracialisé", désexué, relativement insipide, à acteur/réalisateur conscient et participant aux combats pour l'égalité et les droits civiques...


Poitier résume très bien sa démarche de réalisateur : "Les gens veulent voir autre chose et ils l'expérimentent aujourd'hui. Il n'y a plus le même enthousiasme pour les films de la blaxploitation même si à une époque ils ont répondu à un besoin. On veut des films qui parlent des gens qui sont noirs mais qui ne correspondent pas à des stéréotypes comme la prostitution, le détective macho qui pase son temps à taper sur les Blancs. des films avec de vrais personnes qui ont des espoirs et des rêves, des moments de bonheur et de déception, qui aspirent à des joies simples, tangibles, des joies auxquelles tout le monde aspire: un peu de paix, de sécurité, d'amour, de chaleur humaine, d'affection, de tolérance."



Les grands films de Sidney Poitier sont évoqués (dont les trois que j'ai chroniqué ces dernières semaines : Guess Who's Coming To Dinner, In the Heat of the Night et Buck And The Preacher), décryptés par le spécialiste du cinéma noir Donald Bogle ou encore l'acteur/réalisateur Dany Glover.



Angela Davis et Kathleen Cleaver, membres de Black Panther Party, apportent quant à elles un point de vue plus politique et social avec leurs témoignages sur une époque ou cinéma et lutte pour les droits civiques se sont mutuellement nourris.

Allez, bon visionnage...

lundi 14 décembre 2009

Buck And The Preacher

Et voilà que notre Sidney se lance dans la réalisation avec ce western de derrière les fagots. Titré en français Buck et son complice, Poitier s'offre un rôle à sa mesure, un héros qui se défend par tous les moyens nécessaires et sort définitivement des rôles de gentil docteur, de mari désexué et d'icône intégrationniste.

BUCK AND THE PREACHER - Sidney Poitier (1972)


Buck (Sidney Poitier) est un cowboy. Il escorte les caravanes d'Afro-Américains fraîchement affranchis qui cherchent des terres et goûtent une liberté fraîchement acquise. Mais il est aussi poursuivi par Deshay (Cameron Mitchell) qui a juré sa mort. Un jour, tentant d'échapper à ses poursuivants, Buck vole le cheval d'un drôle de prêtre (Harry Belafonte)... qui devient vite son compagnon de route. Ensemble, en déjouant les pièges, Buck et "the preacher" vont tenter de sauver leurs peaux tout en aidant le convoi à traverser la plaine.Ce premier film de Sidney Poitier en tant que réalisateur est une vraie réussite !
Tous les ingrédients du western sont là : chevauchées soulevant des nuages de poussières, canyons, villes étouffantes, fusillades, Indiens et attaque de banque... De la maquerelle au shériff sympa, en passant par le banquier chétif, tous les rôles sont là. Mais les stéréotypes véhiculés par les John Ford ou Wayne sont bien loin ; les Noirs ne sont pas que des domestiques ignares aux yeux globuleux et les Indiens des anthropophages à plumes.
Poitier s'en sort à merveille dans un rôle plus musclé que ce qu'on lui donnait jusqu'alors. Harry Belafonte est -toujours- génial, inquiétant et sympathique à la fois, sortant son flingue de sa bible. L'acteur de film B, Cameron Mitchell entame ses rôles de méchants -vous aurez compris que c'est le Blanc :-) - dans la blaxploitation (Slaughter ou The Klansman) et il fait ça plutôt bien. On peut regretter que Ruby Dee (qui joue la compagne de Poitier) se retrouve dans un rôle un peu secondaire, Poitier ne pousse malheureusement pas la déconstruction des stéréotypes jusqu'à offrir un rôle intéressant à une femme...
On retrouve aussi Tony Brubaker dans un petit rôle (le chef du convoi) et qui assure les cascades dans Come Back, Charleston Blues ou Detroit 9000, joue dans Cotton Comes to Harlem, Slaughter's Big Rip-Off, Black Gunn, Sugar Hill, Black Samson, The Soul of Nigger Charley, Friday Foster...
A signaler aussi, une légende du cinéma noir en la personne de Clarence Muse (une carrière qui commence en 1929, avec près de 150 films ou séries, dont Car Wash) dans le rôle d'un vieillard, un peu sorcier.

Le film commence par cette explication :
"The Civil War was over and by law the slaves were freed.
But when the promise of land and freedom was not honorated,
many ex-slaves journeyed out the land of bondage
in search of new frontiers, where they could free at last.

They placed their hopes in the hand of the few black
wagonmasters that knew the territory of the West.
None of this came easy, for not only did they have
to overcome a hostilewilderness,
but night riders and bounty hunters were hired,
by “persons unknown” to hunt them down
and turn them back to the fields.

This picture is dedicated to those men, women and children
who lie in gravesas unmarked as their place in history. "

Let's Do It Again

Après le succès d'Uptown Saturday Night, Poitier remet le couvert avec son complice Cosby et il signe là sa meilleure comédie.

LET'S DO IT AGAIN - Sidney Poitier (1975)

Clyde Williams et Billy Foster (Sidney Poitier & Bill Cosby) sont deux amis. Clyde est laitier et Billyest dans la manutention ; ils sont respectivement chef de la sécurité et trésorier de la paroisse dirigé par le révérend Elder Johnson (Ossie Davis). Et ils doivent réunir 55000 $ pour en empêcher la destruction.
Ils profitent d'un voyage à New Orleans avec leurs femmes (Denise Nicholas & Lee Chamberlin) pour mettre sur pied un plan burlesque. Avec 20000 $ déjà récolté pour l'église, ils misent sur un combat de boxe.
Ils utilisent l'hypnose pour rendre invincible un boxeur chétif et parient sur son improbable victoire et en profitent pour raffler la mise après avoir escroqué de gros bonnet concurrents : Kansas City Mack (John Amos) et Biggie Smalls (Calvin Lockhart)
Mais six mois plus tard, KCM et ses hommes retrouvent nos deux compères ; ils ont éventé la combine et les obligent à répéter leur numéro d'hypnose...

Poitier reprend et pousse à son meilleur niveau la recette qui avait si bien marché dans Uptown Saturday Night : des personnages principaux simples et au grand cœur, qui se retrouvent dans une arnaque qui les dépasse. Nos deux pieds-nickelés multiplient les péripéties (Sidney Poitier en costume typique de mac', c'est une image qui vaut son pesant d'or !) et le tandem fonctionne à merveille : le flegme exagéré de Poitier compense l'intarissable flot du désopilant Cosby (dont vous verrez un grand moment ci-dessous).

Le film marque durablement les consciences, à l'image de la légende du rap "east coast" Notorious Big, qui utilisa le nom de Biggie Small, en référence au le malfrat campé par Calvin Lockhart.
Servi par une pléiade d'acteurs géniaux (sans doute un des meilleurs casting avec Friday Foster) qui apportent beaucoup au succès du film, campent des personnages exhubérants et prouve par là-même leur grande qualité de composition : Calvin Lockhart, Ossie Davis, Denise Nicholas, John Amos.
Un peu plus effacé dans des rôles subalternes, on trouve Julius Harris, Lee Chamberlin, Mel Stewart, Paul E. Harris, Val Avery, Doug Johnson, Talya Ferro et Morgan Roberts. Les cascades sont assurés par une équipe de choc : Bob Minor bien entendu, Gene LeBell, Jophery C. Brown et Henri Kingi.
Enfin, le film bénéficie en plus d'un soudtrack endiablé signé Curtis Mayfield et interprété par les Staple Singers.

Autant d'argument qui en font une des meilleures comédies de la vague blaxploitation !

dimanche 13 décembre 2009

Comme quelque chose de pourri qui flotte dans l'air...

Entre deux chroniques de films, il m'arrive de m'intéresser à l'actualité ; et même d'essayer à mon humble niveau d'influer sur le cours de choses, de lutter contre le capitalisme qui broie les femmes et les hommes, le capitalisme qui traite les travailleurs comme des marchandises jetables tandis que quelques profiteurs s'enrichissent sur notre travail et notre misère...

Et tandis que la crise qu'ils ont provoquée par la recherche effrénée de leurs profits offre chaque jour son cortège de chômeurs et de suicidés au travail, le gouvernement français joue la plus vieille carte qui puisse exister pour diviser nous diviser : le racisme !
Les vannes sont ouvertes : les minarets, la burqa, le "tribalisme" et le "communautarisme" fantasmés par Sarkozy, des ministres affirmant que si les Allemands avait fait un débat sur leur identité dans les années 30, il n'y aurait pas eu le nazisme, les propos de comptoir valorisés par Besson, et tous ces vieux racis qui peuvent déverser leur racisme pathologique sous les ors de la République...
On se dit quand même que le fond de l'air est nauséabond, qu'il y a comme quelque chose de pourris au "pays des droits de l'Homme", comme un air de déjà vu qu'on veut plus voir.

Alors en ces temps moroses, la moindre éclaircie est bonne à prendre, surtout quand elle appelle à la résistance et au combat, et je dois avouer que la sortie de Cantona sur l' "identité nationale", c'est toujours ça de pris...

vendredi 4 décembre 2009

In the Heat of the Night

Pour continuer sur la lancée des films de Sidney Poitier, après le propret et gentillet Guess who's coming to diner, les trois prochains films que j'aborderai sont emblématiques des phases qu'à traverser Poitier, du gendre idéal poli et désexué en un héros fort et indomptable (qu'il produira et mettra lui-même en scène).
Sorti en France sous le titre Dans la chaleur de la nuit, ce film fait parti de ces précurseurs -un peu involontaires- de la Blaxploitation.

IN THE HEAT OF THE NIGHT
Norman Jewison (1967)




Une petite ville du Mississippi -le Sud profond, quoi- l'officier de police Sam Wood patrouille et découvre un macchabée. Il tombe sur un Afro-Américain qui attend le train, et se trimballe avec de l'argent... Le coupable est tout est tout trouvé.
Sauf que c'est de Virgil "they call me Mr." Tibbs (Sidney Poitier), de la brigade criminelle de Philadelphie. Sommé de collaborer à l'enquête, voilà Virgil Tibbs, aux cotés du shérif Gillepsie (Rod Steiger), un gars bourru mais finalement sympathique, enquêtant dans ce patelin remplis de rednecks, d'histoires pas claires et de vieux réflexes sudistes (lynchages, exploitation dans les champs de coton, viols...).
Premier d'un tryptique inégal (puis d'une série TV) avec le personnage de Mister Tibbs, ce In The Heat of the Night est vraiment excellent.
L'ambiance du Sud est pesante, on la ressent, comme la chaleur à l'écran. Cette ville est pleine de rednecks, où le shériff est aux ordres d'à peu près tout sauf de la loi. Et Poitier s'en tire à merveille et se fait respecter dans cette ambiance (la baffe magistrale que prend le propriétaire des champs de coton ). Même si le personnage n'est pas parfait, Poititer se voit enfin confier un rôle à sa mesure de grand acteur, un vrai premier rôle dans un vrai polar.
Le scénar' est bien ficelé, et c'est Stirling Silliphant (The Liberation of L.B. Jones ou encore Shaft In Africa) qui est derrière le crayon.
Rajouter à ce cocktail explosif la BO de Quincy Jones et ça nous fait un très bon film !!
Il sera sacré "meilleur film" aux Oscars de 67, et recevra aussi deux autres statuettes pour le "meilleur montage" et le "meilleur mixage son". On remarque l'absence de Poitier au palmarès. Le film recevra aussi trois Golden Globes : "meilleur film dramatique", "meilleur scénario" et "meilleur acteur dans un film dramatique"... pour Rod Steiger (le Shérif). Poitier ne sera jamais récompensé pour ses rôles d'homme "normal", seul ses rôles bonhommes lui vaudront les honneurs officielles de la profession, étonnant, non ?