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jeudi 28 août 2008

The Boondocks, le comic politiquement incorrect

Pour continuer dans les bandes dessinées qui tournent autour de la culture afro-américaine, on quitte la BD franco-belge (dont sont issus les deux titres présentés ci-dessous) direction Los Angeles, California, United States of America ; c'est là que réside Aaron McGruder, le talentueux dessinateur des Boondocks.


The Boondcoks (en France aux éditions Dargaud) est publié quotidiennement depuis 1999 dans plusieurs journaux étasuniens -dont le Washington Post- sous forme de comic strip de une à deux lignes. Mc Gruder utilise un trait très simple, des cases très épurées se limitant souvent à un ou deux personnages. Un style apparemment des plus simplistesqui rappelle Mafalda ; mais comme la BD de Quino, The Boondocks est critique, acerbe, pertinent, ironique. Une oeuvre étonnante au pays de Georges Walker Bush.


A ce jour, 6 tomes sont parus : 1- Parce que je sais que tu ne lis pas le journal... 2- Libérez Jolly Jenkins! 3- Je suis presque sûr que Moïse ne portait pas de flingue. 4- Il me semble que le destin ait un sens de l'ironie. 5- Ma femme est blanche et elle me déteste. et 6- Meurs, Hollywood!

La trame de fond, c'est l'arrivée dans une banlieue "middle class" -Woodcrest- de la famille Freeman, le grand-père qui veut couler des jours paisibles pour sa retraite et ses deux petits-fils, Huey et Riley. Huey, 10 ans, c'est le révolutionnaire afro-américain nourris aux thèses de Frantz Fanon et de Malcolm X, disciple du Black Panther Party et pourfendeur du "nouvel ordre mondial" ; son petit frère, Riley "Escobar" Freeman, au niveau des références c'est plutôt 2Pac et 50Cents, les clips RnB et la passion des armes... Tout ça dans un Woodcrest aux habitants plus Wisteria Lane que Lenox Avenue, avec son école J. Hedgar Hoover (le dirigeant quasi indéboulonnable du FBI dans les années 50 et 60 qui mit en place le plan "cointelpro" pour éliminer le parti des Black Panthers) et ses rues aux noms champêtres (que Riley va s'empresser de rebaptiser en "Notorious B.I.G. Avenue" ou "Wu-Tang Lane").



Avec toute une galaxie de personnages secondaires, le couple "mixte" Tom DuBois et sa femme Sara : militants à la NAACP, exemple de l'intégrationnisme le plus béat, leur fille Jazmine déteste sa coupe afro, ne connaît rien à Kwanzaa malgrès les leçons de Huey ; la petite blanche Cindy McPhearson qui croit aimer les Noirs parce qu'elle aime "Puffy" et n'en avait jamais rencontré avec l'arrivée des Freeman...
Les références sont multiples : de la culture afro (BPP, blaxploitation, soul, hip-hop,...) et ses avatars commerciaux et dégénérés (la chaîne BET, les clips misogynes, les stars du showbiz,...) à StarWars, en passant par la politique étasunienne ; sur ce dernier point The Boondocks est particulièrement intéressant puisque, publié quotidiennent il relate à sa façon les élections présidentielles de 2000 entre Bush et AlGore (Sara et Tom DuBois se déchirent sur le vote AlGore ou Nader) et aussi le 11 septembre ; le ton devient plus sombre et McGruder attaque sans concession la politique de G.W. Bush et des ses faucons. Plusieurs épisodes seront censurés, l'auteur attaqués de toute parts...




En attendant et en espérant avec ferveur de nouveaux tomes à paraître, il faut absolument se ruer sur ceux déjà disponibles !!

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