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samedi 22 décembre 2012

Black Gestapo

Si certains réalisateurs ont emmergé uniquement dans la blaxploitation, nombres d'autres étaient déjà dans le circuit du cinéma de série B. C'est le cas de l'inconoclaste Lee Frost...

BLACK GESTAPO - Lee Frost (1975)

Dans le ghetto de Watts, une organisation paramilitaire nettoie les rues des dealers et des macs et aide les junkies à se désontoxiquer : The People's Army, dirigée par le General Ahmed (Rod Perry).
Ce dernier a de sérieux problèmes lorsque son subordonné cupide, le Colonel Kojah (Charles Robinson), ne fomente une scission de l'organisation, employant les militants, rétablissant la prostitution et la vente de drogue pour ses propres intérêts. Le General Ahmed va tout tenter pour contrer ses anciens camarades...
C'est un coutumier du bis qui livre ce pur produit d'exploitation : le réalisateur Lee Frost, flanqué de son compère Wes Bishop (à la fois acteur, scénariste et producteur). Les deux hommes s'étaient déjà illustrer avec le déjanté The Thing with Two Heads, agréablement loufdingue et gentiment antiraciste. Ici, le décor se veut plus réaliste. Mais le résultat est médiocre, comme un mélange vulgaire entre la blax et de la nazixploitation (voir la définition de Nanardland).
Tout les ingrédients des films Z sont réunis : sexe, violence (qui souvent se superposent en d'affligeantes scènes de viol que subit chaque personnage féminin) et un sensationnalisme réac qui surfe sur la peur du mouvement afro-américain, bien réel celui-là, tout en tentant de vendre un film "blax".
Dans son bouquin 70's Soul Fever -malheureusement épuisé- Julien Sévéon résume parfaitement : "The Black Gestapo symbolise tout à fait la blaxploitation : une production blanche , conçue par une mentalité blanche et destinée à un marché noir pour lequel elle n'a aucun respect".
Comparer le Black Panther Party aux nazis, même pour un fan de bisseries ne recèle pour moi aucune espèce de second degré. Encore moins quand la seule activité de ses pseudos "nazis blacks" consiste à coucher avec des blanches, stéréotype classique, raciste et réactionnaire s'il en est que Donald Bogle nomme "Black Buck" !

Bien sûr, une fois évacuée les critiques d'ordre idéologique, ce Black Gestapo est un film prenant, bien rythmé et qui bénéficie d'un soundtrack dynamique. Il fait toujours le bonheur des fans de bisseries en tous genres, mais ne trouve pas grâce à mes yeux.

Après The Black Godfather, Rod Perry réenchaîne dans un premier rôle, mais la mayonnaise ne prend pas ; il joue l'année suivante dans la série S.W.A.T. puis disparaît pratiquement des écrans... Charles Robinson incarne le méchant Kojah ; essentiellement acteur de série TV (dont Night Court pour laquelle il réalise trois épisodes), il joue dans quelques films comme Sugar Hill l'année précédente et Set It Off deux décennies plus tard.
Signalons aussi Rai Tasco (Black Starlet, Dr. Black, Mr. Hyde, To Sleep with Anger, Sprung), J. Christopher Sullivan  (Black Starlet, D.C. Cab, Roots : The Gift) et Chuck Wells (acteur dans Sweet Jesus, Preacherman ou Joey, il devient chef machiniste sur Dynamite Brothers, Penitentiary et les plus récents Boyz n the Hood et The Great White Hype).
Dans le casting blanc, il y a entre autres Edward Cross (Foxy Brown et Abar, the First Black Superman), Phil Hoover (The Thing with Two Heads et Sweet Jesus, Preacherman) et une égérie de Russ Meyer : Uschi Digard.

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