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dimanche 27 février 2011

Crooklyn

Comme dans Do the Right Thing, Spike Lee filme avec amour la vie dans le quartier de Bedford-Stuyvesant, mais cette fois dans les années 70...

CROOKLYN - Spike Lee (1994)


Eté 1973, Bedford-Stuyvesant, un quartier de Brooklyn à New York.
Carolyn Carmichael (Alfre Woodard) essaie tant bien que mal d'éduquer ses nombreux et turbulents enfants, en composant avec son mari Woodrow (Delroy Lindo), musicien sans le sou. Pour les enfants, le quotidien est fait de jeux, de discussions sur le perron de l'immeuble, de saut à la corde, de matchs de basket à la télé...
Mais le couple Carmichael peine à joindre les deux bouts, et s'engueulent fréquemment. Un jour, les parents profitent d'un voyage dans la famille de Woody pour y laisser leur fille Troy (Zelda Harris) quelques temps. La petite déteste Tante Song (Frances Foster) et son affreux chien, et à son retour à Brooklyn, le quotidien de la famille va changer...
Deux ans après sa fresque historique Malcolm X, Spike Lee livre là un film semi-autobiographique, tour à tour comique, intimiste et dramatique. Joie et Cinqué Lee (la sœur et le frère de Spike) co-écrivent le scénario avec lui.
On sourit en voyant le jeune qui rappelle Spike Lee, avec ses lunettes énormes et déjà fan des Knicks. La musique originale est signée Terence Blanchard ; mais le film est surtout rythmé par les hits de l'époque : "Pusherman" de Curtis Mayfield, "Hey Joe" d'Hendrix, "ABC" des Jackson 5, le thème de Shaft. C'est aussi l'occasion de voir des épisodes de "Soul Train", des pubs d'époque, des affiches de Muhammad Ali contre Frazier...

Malgré des débuts prometteurs (3ème au box-office), il peine à rentrer dans ses frais. Il faut dire que le film n'atteint pas les qualités des précédents, le scénario est parfois décousu et l'effet voulu de déformation de l'image (lors de toutes les scènes où Troy est chez sa tante) est assez désagréable. Cependant, cette comédie dramatique reste intéressante tant visuellement qu'au niveau de l'histoire, et à la façon presque sociologique dont Spike Lee filme Bedford-Stuyvesant et ses habitants. Ici, il n'y a pas de caïds ultra-classes, de drogués heureux ou des pimps rutilants. Juste des gens normaux essentiellement afro-américains, mais aussi asiatiques, italos, latinos...

Un petit mot pour celui qui incarne le père : Delroy Lindo est un acteur qu'on croise rarement (Malcolm X, Clockers, le téléfilm Soul of the Game, Romeo Must Die...) mais il dégage de lui un charisme rare et son interprétation apporte beaucoup au film.
Robi Reed dirige toujours le casting, mais l'on retrouve peu des acteurs fétiches des films précédents. Spike s'octroie un tout petit rôle de junkie, se croisent aussi Isaiah Washington, Ivelka Reyes, Vondie Curtis-Hall, Joie Lee, Bokeem Woodbine, Harvey Williams, Peewee Love, Rich Pierrelouis, Zay Smith (qui rejoue seulement dans Miracle at Santa Anna et est embauché comme assistant stagiaire sur Inside Man).
En plus quelques anciens : Frances Foster (qui débute dans Take a Giant Step, joue 20 ans plus tard dans A Piece of the Action, puis apparaît essentiellement dans des séries), Arthur French (Car Wash, The Wiz, Fingers, A Hero Ain't Nothin'...) et Norman Matlock (dont le premier film est le mythique Across 110th Street).
C'est le premier film sans Ernest R. Dickerson à la photographie, il est remplacé par Arthur Jafa (plutôt habitué des documentaires, il tient le même poste dans Daughters of the Dust et dirige la seconde équipe sur Malcolm X).

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