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mercredi 12 juin 2013

Jim Brown

Le 17 février 1936, sur l'île de St. Simons en Géorgie, naît le petit James Nathaniel Brown. Il passe son enfance dans une relative pauvreté et une autarcie (conséquences de l'insularité et de la ségrégation), qui s'avéra salutaire, puisque le petit James Nathaniel grandit finalement assez loin du racisme et de la dure vie urbaine, dans une famille aimante et protectrice.
A 8 ans, il quitte St Simons et rejoint sa mère  à New York ; mais leurs relations sont tendues et Jim sera finalement élevé par ses grands-parents.
Au lycée, Jim devient une star sportive et sort avec la chef des cheerleaders... Le mythe est en marche.

Le temps des records
C'est donc fort logiquement, grâce à un système de promotion très spécifique au Etats-Unis, qu'il peut s'inscrire à l'Université de Syracuse. Et les différents coachs voient rapidement les talents du jeune homme. Au football, il aligne les réussites, les records universitaires et les faits de gloire lors des matchs. Mais Jim pratique aussi en parallèle le basket et la crosse où il excelle là aussi.

Et lorsqu'il quitte la fac en 1957, il entre dans la prestigieuse NFL, la ligue de football américain. Il rejoint les Cleveland Browns et jouera sous leur maillot jusqu'en 65 où il met un terme à sa carrière sportive.
En huit années, Jim Brown aura marqué le football d'une empreinte indélébile, alignant là encore des records insensés. Beaucoup n'ont été que rarement égalé, certains toujours pas. Il est encore aujourd'hui célébré comme un des meilleurs sportifs de tous les temps (son "successeur" sera Ernie Davis, auquel une biographie est consacré en 2008 : The Express, Brown y est interprété par Darrin Dewitt Henson).
Mais à 29 ans, en pleine gloire, Jim Brown met un terme à sa carrière et en profite pour s'atteler à son nouveau défit : le cinéma !

Premier clap
Charismatique et servi par un physique travaillé, notre ex-footballeur se voit offrir des rôles musclés qui annoncent les mâles invincibles de la blaxploitation.
En ces temps-là, Sidney Poitier incarnait le gendre idéal. Il jouait dans des romances gentillettes, des drames et des comédies progressistes mais inoffensives et dût attendre sa vingtième année de carrière pour gifler un blanc (dans In the Heat of the Night).
Dès Rio Conchos, Jim Brown propose un personnage différent de ceux de Poitier. Certes, il meurt souvent avant la fin et inaugure en un sens les rôles de faire-valoir produits à la chaîne dans les 80s et 90s. Mais il incarne des rôles alors inédit, échappant aux attributs négatifs des oncles Tom des années 50, comme aux rôles policés d'un Poitier. Pour la première fois des personnages positifs, virils et combattifs qui peuvent rivaliser avec leurs comparses blancs apparaissent sporadiquement dans les salles obsucres, et c'est Jim Brown qui les interprète ! Dans un cinéma hollywoodien où les Noirs étaient désexués depuis 60 ans, Jim Brown est l'incarnation de la virilité afro-américaine.
Dans The Grasshopper et 100 Rifles, l'ultime tabou est levé puisque ses personnages ont des relations sexuelles explicites avec une blanche, fait encore inédit dans le cinéma hollywoodien à cette époque.

Cependant, il n'y pas encore de libération totale de la représentation de l'homme noir. Si l'on y prête attention, la grande majorité des films de Brown le place hors de la société américaine moderne ; il tourne ainsi dans des westerns (Rio Conchos, 100 Rifles et El condor), des films de guerre à l'étranger (The Dirty Dozen, Dark of the Sun et Ice Station Zebra) et même le premier Slaughter se passe loin du territoire américain.
Tout ce qui normalise sa présence à l'écran, qui le rend l'égal d'un personnage blanc, est comme relativisé par l'éloignement spatial et/ou temporel de l'histoire (même dans Riot et tick... tick... tick... il est loin de la société urbaine où se nouent les problématiques de la Communauté afro-américaine).
Cet ancrage de ses personnages dans la société contemporaine, c'est ce que va lui apporter la blaxploitation.

Blaxploitation time !
La même année que Slaughter sort Black Gunn qui nous plonge dans une ambiance urbaine, avec des militants afro-américains opposés à la mafia blanche, et Jim Brown en dandy branché mais prêt à se défendre !
Dans Slaughter's Big Rip-Off, le scénario se déroule là encore dans une ambiance urbaine où se côtoient des seconds rôles importants de la blax comme Gloria Hendry, Scatman Crothers et Dick Anthony Williams.
Three the Hard Way marque l'apothéose des black action movies avec la réunion explosive des trois plus grandes stars du moment : Brown, Fred "the Hammer" Williamson et Jim Kelly (le trio se reformera une décennie plus tard dans One Down To Two Go, mais pour le pire cette fois).

Notre ex-footballeur ne se limite pas à ces nouveaux héros urbains, il continue à jouer dans des westerns et films de guerre exotiques ou de prison : respectivement Take a Hard Ride et Kid Vengeance d'une part et I Escaped from Devil's Island, The Slams et Pacific Inferno d'une autre.
On peut conclure que Jim Brown n'est pas un acteur de blaxploitation, mais bel et bien un acteur tout court avec une marque de fabrique qui dépasse largement les canons obligés des soul movies. Ainsi, après Sidney Poitier, Brown est incontestablement l'acteur afro-américain qui marque le cinéma des années 70.

Malgré la diversité de ses projets, la déclinaison de la blax fragilise sa carrière. Il participe bien à CHiPs, Hooker ou K 2000. On le retrouve aussi dans Fingers aux cotés d'Harvey Keitel, un excellent drame mafieux, mais malheureusement dans le rôle d'un mac violent, qui rappelle les "Black Bucks" d'antan...
Brown revient sur grand écran en 1987 dans The Running Man, dans un petit rôle face au super-héros Schwarzenegger. L'année suivante, il décroche une tête d'affiche dans l'hillarante parodie de la blaxploitation signée Keenen Ivory Wayans : I'm Gonna Git You Sucka.


Dans la même veine semi-autobiographique, Jim Brown apparaît en 1996 dans la distribution de Mars Attacks, où il joue un ancien sportif qui a raté sa reconversion et trime comme figurant dans un casino. La même année Larry Cohen rassemble la dream team de la blax (Brown, Pam Grier, Fred Williamson, Richard Roundtree, Paul Wienfield et Ron O'Neal) dans Original Gangstas.
Il collaborera ensuite avec Spike Lee, en jouant dans He Got Game et She Hate Me. Entre temps, Lee lui consacre un très bon documentaire : Jim Brown All American.

Echecs et zones d'ombre...
Alors que la blaxploitation décline, Jim Brown se lance dans la production avec son ami d'alors Richard Pryor (et l'actrice Sheila Frazier) avec l'envie de faire de vivre un cinéma afro-américain. Les projets s'amoncellent : The Story of Paul Robeson, The Color Purple, Purple Rain... mais aucun ne verra le jour chez Indingo : les relations entre Brown et Pryor s'enveniment (essentiellement du fait de ce dernier, empétré dans ses addictions) et l'aventure de la production s'arrête là.
Plus grave, les histoires de Brown avec ses compagnes est jalonné d'accusions de viol et de violences. Il a cependant toujours été innocenté...

L'engagé
Malgré ses talents, Jim Brown fut victime comme ses semblables du racisme et de la ségrégation. Mais les manifs et les meetings ne l'intéressent pas.
co-fondateur Negro Industrial & Economic Union. Il incite les Afro-Américains à créer des entreprises et à peser économiquement sur la société. Il profite de sa renommée pour acquérir le soutien et les financements de personnalités et sportifs importants, comme Muhammad Ali.
 En 1988, Brown se concentre sur un nouveau combat : le soutien à la jeunesse des ghettos, où sévit la guerre entre Bloods et Crips. Il fonde l'Amer-I-Can Program pour aider les prisonniers à se réinsérer, à travers un programme éducatif qui leur redonne une estime de soi.


1964

1967

1968

1969
Kenner

1970

1972

1973

1974

1975

1977

1978

1979

1982

1987

1988

1989
Crack House
L.A. Heat

1996

1998

2002
Jim Brown All American (Documentaire)


2008
The Express (Biopic)


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