BLACK PANTHERS - Agnès Varda (1968)
Alors qu'elle accompagne son mari Jacques Demy à Hollywood, Agnès Varda va découvrir la fac de Berkeley et ses mouvements radicaux ainsi que, dans la banlieue de Los Angeles, la petite ville d'Oakland qui vit la naissance et l'expansion éclair d'un mouvement politique inédit, mélange de marxisme et de nationalisme noir (américain) : le Black Panthers Party.
Ce parti doit sa renommée et la sympathie des masses afro-américaines à sa pratique de patrouilles armées qui contrôlent les agissements de la police. Les leaders seront rapidement harcelés et traqués par les forces répressives et racistes. et le co-fondateur du BPP, Huey P. Newton, est emprisonné pour le meurtre d'un policier (qu'il n'a pas commis).
Les "panthères noires" organisent alors un vaste mouvement de soutien...
Agnès Varda est une des premières cinéastes à s'intéresser aux Black Panthers Party, et propose un documentaire sur le vif, en l'occurence un rassemblement festif et politique de la campagne "Free Huey" (ainsi que quelques démonstrations militaires à travers Oakland et des plans de l'inquiétante police municipale).
Elle filme les principaux dirigeants qui se succèdent à la tribune : Bobby Seale, Stokely Carmichael, Kathleen Cleaver, Ron Dellums (père de l'acteur Erik Dellums, abonné aux premiers films de Spike Lee)... tout comme elle s'intéresse aux militantes et militants anonymes. Probablement dans la même période que John Evans (pour Prelude to Revolution), elle décroche aussi une interview en prison avec le ministre de la défense Huey P. Newton.
En moins de 30 minutes, Varda dresse un portrait à la fois subjectif (dans le sens où elle éprouve une sympathie certaine pour le BPP et sa cause), complet et précis des positions politiques principales du parti et de sa stratégie révolutionnaire.
Cadres et militants de base évoquent le programme en 10 points, l'égalité homme/femme, l'auto-défense face à la police, la tactique de front large avec les radicaux blancs...
Ce reportage est une vraie pépite, car sans le savoir Agnès Varda immortalise certains moments et discours qui deviendront "historiques" (Mario Van Peebles en tire plusieurs scènes qu'il reproduit dans son excellent Panther). Elle offre non seulement le premier film français sur le sujet mais aussi un des premiers documents audio-visuels conséquents sur le tout jeune parti des Black Panthers.
je viens de finir de regarder un reportage sur arte sur cette super mamie ;)
RépondreSupprimerWilliam Klein j'adore "Mister Freedom" forever....