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dimanche 16 septembre 2012

Wattstax

Le documentaire Wattstax a toute sa place dans la courte liste des films blaxploitation ouvertement militants...

WATTSTAX -  Mel Stuart (1973)

" On a tous quelque chose à dire, mais certains ne sont jamais entendus.Il y a plus de 7 ans, les gens de Watts ont fait front, et ont exigé d'être entendus. Un dimanche d'août dernier, au Colisée de Los Angeles, plus de 100 000 Noirs se sont rassemblés pour commémorer ce moment de l'histoire américaine. Pendant plus de six heures, le public a écouté, vibré, chanté, dansé, et crié le verbe vivant dans une expression pleine d'émotions de l'expérience noire. Voici le film de cette expérience, et de ce que certains ont à dire. "
Ce sont les mots d'introduction de Richard Pryor. Ils résument à perfection l'essence de ce film qui est plus qu'un simple concert. Wattstax, c'est le Woodstock afro-américain, un festival organisé par Stax Records (qui mobilise  ses artistes les plus en vue) dans le quartier de Watts, à Los Angeles, d'où partirent les émeutes dans les ghettos afro-américains en 1965.
Des Bar-Kays et leur Son of Shaft à Kim Weston, de  Jimmy Jones aux Staple Singers, en passant par The Dramatics (qui apparaissent dans l'allumé Darktown Strutters), The Emotions ou encore Rufus Thomas, magistral, qui joue avec le public, incitant des centaines de spectateurs à sauter les barrières pour venir danser puis les y renvoie en quelques secondes, provoquant des suées aux agents de sécurité !Ce sont les plus grands artistes de la firme qui défilent dans le Colisée de Los Angeles ; le clou du spectacle étant évidemment le "Black Moses" Isaac Hayes déboulant en limousine et introduit par Jesse Jackson.
Cependant Wattstax est plus qu'une simple compilation de titres live. C'est un film documentaire qui décortique la vie des Afro-Américains dans la période des 70s donnant la parole au public, à de jeunes acteurs originaires de Watts tels Ted Lange (second rôle durant la période blax, il sera connu dix ans plus tard comme Isaac de La croisière s'amuse), Erik Kilpatrick (Black Girl, la série The White Shadows, New Jack City, Deep Cover, Hoodlum) ou encore Fred Berry (qui connaîtra la gloire dans What's Happening !!).
Plusieurs sujets sont abordés, collant plus ou moins aux thèmes des chansons et illustrés par des sketches souvent hilarants de Richard Pryor. Inconnus et artistes évoquent les émeutes de 65, le racisme et le chômage qui frappe la Communauté, la religion, l'amour et les relations hommes/femmes...

Ce film possède une âme et transmet à la perfection l'ambiance, les préoccupations et les combats de l'époque pour les Noirs américains.

Nombre de personnalités afro-américaines participent à l'organisation (à l'image de Melvin Van Peebles, originaire de Watts, qui drive les techniciens et introduit The Staple Singers). Le pasteur Jesse Jackson, remplaçant de Martin Luther King à la tête de la SCLC, enflamme plusieurs fois le public en accueillant Isaac Hayes sur la scène ou en ouvrant le festival sur un vibrant discours conclu par le poème I am Somebody, repris par les spectateurs le poing levé.

Et le public justement est un personnage à part entière de ce documentaire. Les places pour assister aux réjouissances ont été distribuées pour un seul petit dollars permettant à 100 000 personnes de remplir le stade du Colisée. Les spectateurs -parmi lesquels on peut reconnaître Ossie Davis et Ruby Dee- sont fabuleusement filmés , s'amusant, vibrant au son des chansons et des discours, dansant, riant et partageant avec insouciance ce grand moment de culture populaire.

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