THE FINAL COMEDOWN - Oscar Williams (1972)
Johnny Johnson (Billy Dee Williams) est le chef d'un groupe de militants afro-américains. Avec ses camarades, il déclenche une opération qui tourne mal et finit en fusillade ; Johnny est touché. Retranché dans une ruelle en attendant un docteur et l'assaut de la police, Johnny se remémore des passages de sa vie : son enfance, ses expériences amoureuses, sa révolte contre ses parents, sa rencontre avec le dirigeant nationaliste noir Imir (Raymond St. Jacques), l'impossibilité d'avoir un job décent à cause de sa couleur...
Oscar Williams écrit et réalise ce véritable brûlot politique ; il livre un film incroyable, aussi percutant que Sweet Sweetback... bien que artistiquement moins innovant. Contrairement à Melvin Van Peebles, Oscar Williams continuera de
tourner après ce film ultra-politique : la comédie -légère mais
politique- Five on the Black Hand Side, Hot Potato avec Jim Kelly, Death Drug avec Philip Michael Thomas et il signe les scenarii de Truck Turner et Black Belt Jones.
Sous l'impulsion de Roger Corman, le pape du cinéma bis, le film est remonté, agrémenté de 20 minutes supplémentaires et ressortis sous le nom Blast !
C'est un petit studio français qui, Le chat qui fume, qui en propose la
version "director's cut", avec en prime des sous-titres français de
très bonne facture (ainsi qu'une débauche de bonus).
Le budget est serré, les scènes d'action légèrement surjouée mais bien stylisée et les cascadeurs sont à l'honneur entre Henry Kingi, Clifford Strong (D.C. Cab, I'm Gonna Git You Sucka, Ghost Dad, il joue aussi dans Harlem Nights) et Ernest Robinson (Halls of Anger, The Spook Who Sat by the Door, Cleopatra Jones, Black Samson, The Black Six, Dr. Black, Mr. Hyde). Le tout accompagné de la musique endiablée du compositeur Wade Marcus et du monstrueux guitariste de jazz Grant Green.
Avec des moyens rudimentaires, le scénariste/réalisateur impose son rythme, malmène le spectateur avec une violence crue et maîtrisée, et le plonge dans une ambiance suffocante de guérilla urbaine et des flashbacks qui permettent de comprendre le parcours d'un jeune afro-américain ordinaire qui pense à l'avenir, au travail et aux filles mais se trouve en butte face au racisme institué et l'exemple de parents méritants, mais trop soumis aux Blancs selon le jeune héros en quête d'indépendance tant familiale que politique...
Le film est un condensé de toutes les problématiques de l'époque pour la communauté afro-américaine, rien ne semble laissé au hasard : du travail du père cireur de chaussure à la solidarité des blancs libéraux et travailleurs juifs, de la représentation de la sexualité (avec une intense scène d'amour) aux petites phrases et aux regards apparemment anodins mais chargé du racisme ordinaire, de l'ami traumatisé par ce qu'il a fait et vu au Vietnam aux harcèlements policiers contre les militants...
Par contre, sans en dévoiler beaucoup, c'est le nihilisme et le désespoir qui prennent le pas sur la résistance et l'espoir.
Étonnamment le jeune débutant Billy Dee Williams ne sera pas non plus handicapé par ce rôle politique : il devient le dandy incontournable de la période (Lady Sings the Blues, Hit !, The Take, Mahogany, The Bingo Long Traveling...) et atteint la renommée avec sa participation aux deux derniers volets de Star Wars.
Le casting est assez resseré. Il y a D'Urville Martin, plutôt habitué à des blaxploitation movies plus groovy, dont la liste est d'ailleurs impressionnante : Black Like Me, Guess Who's Coming to Dinner, Watermelon Man, The Legend of Nigger Charley, Hammer, Black Caesar, Book of Numbers, The Soul of Nigger Charley, Hell Up in Harlem, The Zebra Killer, Sheba, Baby, Boss Nigger, Dolemite, Disco 9000, Death Journey, Black Samurai, Blind Rage...
En "guest", apparaît le grand Raymond St. Jacques, acteur phare qui s'engage réellement en apportant sa caution et sa renommée au film.
D'autres sont moins connus, tels Ed Cambridge (Trouble Man, Cool Breeze, Melinda, Friday Foster, Soul of the Game, Deep Cover), Cal Wilson (Halls of Anger, The Great White Hope, Five on the Black Hand Side, Baby Needs a New Pair of Shoes, Disco 9000), Morris D. Erby (The Lost Man, A Man Called Adam) ou Pamela Jones (Buck and the Preacher, The Limit, Passing Through).
j'ai le dvd du chat qui fume (épuisé depuis) mais c'est le film qui m'a le moins emballé de la série ,mais coté bonus bravo.
RépondreSupprimermême si le propos ne manque pas d'interêt politique et social c'est d'une longeur comme la mort de Johnny qui bat les records.
cependant cela reste un témoignage rare du cinéma rebel indépendant qui a eu sa popularité avant d'être écarté des circuits commerciaux.
merci pour cette très intéresante critique
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerJe suis moins critique que toi, mais je comprends. Je le trouve aussi assez lent et trop nihiliste à mon goût. Mais vu le peu de films vraiment militants de la période, celui-ci a mérite d'exister.
RépondreSupprimerMais je préfère très largement la comédie plus funky mais tout aussi pertinente Five On the Black Hand Side
c'est pour cela que je suis un grand fan absolut de Rudy Ray Moore qui lui savait réunir les deux et un peu plus:)
RépondreSupprimerfaut dire qu'il n'avait peur de rien ce sacré Dolemite.
Peut de films purement révoltés mais pas mal de documentaires à vif comme
"80 Blocks from Tiffany's "(1979) qui en dit long sur le ras le bol des afro-américains.
Sinon "top of the heap" est vraiment très original et finement subversif dans son message sur l'éternelle frustration humaine.....bonne bo également.
une petite scéne antologique pour finir:
http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=gpuJaTA7Txk