Pages

samedi 30 juillet 2011

Cotton Comes to Harlem

L'incontournable film qui annonce la blaxploitation est sans conteste Le casse de l'Oncle Tom, distribué United Artists et réalisé par Ossie Davis...

COTTON COMES TO HARLEM - Ossie Davis (1970)



Le révérend Deke O'Malley (Calvin Lockhart) arrive à Harlem pour prêcher et inviter ses fidèles à verser une souscription pour préparer le retour en Afrique. Mais la recette de sa quête -la bagatelle de 87000 $- se fait dérober par des hommes armés et cagoulés ; ils s'enfuient, dissimulent l'argent dans une balle de coton, mais la perdent lors d'une poursuite...
Présents lors du braquage, Coffin "Ed" Johnson et "Gravedigger" Jones (Raymond St Jacques & Godfrey Cambridge) sont chargés d'enquêter sur cet étrange hold-up. Persuadés que O'Maley est l'escroc, ils tentent de le retrouver et commencent par interroger Iris Brown (Judy Pace), la maîtresse du prêcheur.
Mais un vieux clochard, Uncle Ben (Redd Foxx), récupère la balle par hasard. La police, O'Maley, un groupe de militants, une étrange organisation blanche... tout le monde semble rechercher cette balle de coton.
Ossie Davis et Arnold Perl adaptent donc pour le grand écran un des romans de Chester Himes, Retour en Afrique. On ne retrouve pas totalement la complexité de l'histoire originale, mais le pari est largement réussi. A l'image du final dans le mythique Appollo Theatre ou de l'époustouflante course-poursuite (dans l'extrait ci-dessous) qui retranscrit avec virtuosité l'ambiance si particulière de l’œuvre de Chester Himes : ses décors, ses personnages annexes savoureux, ses morceaux de l'âme de Harlem et son ancrage dans son époque retranscrivant les problématiques de la communauté noire.

Second film produit par un grand studio hollywoodien dont la réalisation est confiée à un Afro-Américain. En plus, le symbole est fort d'adapter un roman d'un des romanciers les plus représentatifs de la communauté... Et le film pose les jalons -tout en utilisant les bases des romans de Himes- des black action movies à venir : intrigues au sein de la communauté noire, réalisme, décors urbains, bandits, militants, prêcheurs sans scrupule, flics, Blancs racistes... et un dénouement qui s'arrange avec les lois.

Les trois têtes d'affiche -Godfrey Cambridge, Raymond St. Jacques et Calvin Lockhart- étaient déjà des acteurs confirmés : le premier venait de triompher dans Watermelon Man, le second brillait par sa présence dans Up Tight ! et le troisième relevait le niveau du plat et réac Halls of Anger (il incarnait aussi une déclinaison de Mobutu dans Dark of the Sun). Ils vont dans les années suivantes faire office de "guest stars" lorsqu'ils prêteront leurs noms au générique d'un film.
A l'inverse, nombreuses et nombreux sont les débutants qui prennent là sans le savoir un ticket d'abonnement pour les films de la décennie qui s'ouvre : Judy Pace (The Slams, Shaft - Hit and Run), Redd Foxx (de la célèbre série Sandford and Son), Tony Brubaker pour son premier rôle et qui alternera dès lors cascades et apparitions, Helen Martin, Emily Yancy, Lee Steele, Teddy Wilson (mari à la ville de Joan Pringle, la belle Christella de JD's Revenge), Anthony Chisholm, Jonelle Allen, Mabel Robinson, Vernee Watson-Johnson, Cleavon Little, Lawrence Cook, Gertrude Jeannette, Van Kirksey, Gilbert Lewis, Jimmy Hayeson... La liste des seconds rôles et figurants est sans fin. Presque tous participent à d'autres productions soul. Preuve supplémentaire, s'il en était besoin, que ce film est bien fondateur d'un courant que certains spécialistes ou politiques vont appeler "blaxploitation".
Pour l'équipe technique, étonnamment, on ne trouve pas de futurs fidèles des films soul, si ce n'est peut-être la costumière Anna Hill Johnstone (qui l'année d'après sera créditée sur le film à gros budget The Godfather, puis dans d'autres films plus intimistes tels que Come Back, Charleston Blue, Gordon's War et The Wiz).

2 commentaires:

  1. Voila un billet qui donne envie ! J'ai lu les romans de Chester Himes il y a plusieurs années , je ne savais pas qu'il y avait eu des films ! Merci pour votre chronique, je vais essayer de voir cette vieillerie.

    RépondreSupprimer
  2. "Donner envie", c'est exactement ce que j'essaie de faire... donc merci à toi !
    Tu trouveras ce film assez facilement (en VOst). Il y a aussi une suite (Come Back, Charleston Blues), mais il est plus compliqué de mettre la main dessus (et c'est sans piste de sous-titres français).

    RépondreSupprimer