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vendredi 11 avril 2014

Black Jesus

Avant d'être le producteur de Superfly et Superfly T.N.T., puis le réalisateur du Return of Superfly, Sig Shore s'attèle à diffuser des films étrangers doublés pour le marché US. Il importe ainsi Les 400 coups ou Hiroshima, mon amour ainsi que le très réussi Black Jesus, assis à sa droite avec l'acteur afro-américain Woody Strode...

BLACK JESUS - Valerio Zurlini (1968)

Maurice Lalubi (Woody Strode) est un leader africain qui lutte contre la colonisation de son pays. Pour exalter la ferveur populaire contre les forces coloniales, Lalubi passe de villages en villages pour convaincre les habitants de se soulever pacifiquement. Mais, trahi par un de ses plus proches camarades, il est arrêté et torturé par l'armée coloniale...
Le titre pourrait faire penser à une de ces adaptations dont la blaxploitation a le secret, mais la date de sortie (1968, soit trois ans avant la déferlante blax) et la production italienne démentent à priori ce préjugé. Et effectivement, Black Jesus est un drame politique qui retrace plus ou moins les derniers jours de Patrice Lumumba au Congo (les noms propres ont toutefois été changés).

Le film n'a pas la carrière qu'il mérite ! Réellement bien filmé, il parvient difficilement à franchir les frontières italiennes. D'abord, il est une victime collatérale du mois de Mai 68 français et de l'annulation du festival de Cannes, où il devait être présenté en avant-première. Aux Etats-Unis, il est mal diffusé, certains distributeurs incompétents voulant même le sortir sous le titre Super Brother !). Tous ces déboires altèrent la large réception de ce film pourtant de très bonne facture.
La réalisation est somme toute classique mais efficace. Valerio Zurlini aurait pu livrer un brûlot entendu, politiquement didactique et visuellement radical. Il fait tout le contraire ; la  violence y est sourde et suggérée, mais aucunement atténuée par cette pudeur bienvenue. 

Le rôle central échoie à Woody Strode qui acquiert enfin un rôle à sa mesure après tant de faire-valoir et même de bouffons dans les nombreux westerns et peplums dans lesquels on le retrouve : Sergent Rutledge, Spartacus, Il était une fois dans l'Ouest, The Professionals... On le retrouvera dans le documentaire Black Rodeo et en guest dans le Posse de Mario Van Peebles.