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mardi 26 novembre 2013

Training Day

20 ans après Carbon Copy, Denzel Washington est devenu d'abord une véritable idole pour la communauté afro-américaine et plus généralement une star hollywoodienne enfin oscarisée !

TRAINING DAY - Antoine Fuqua (2001)

Nouvelle recrue aux stups de la police de Los Angeles, Jake Hoyt (Ethan Hawke) ambitionne de devenir inspecteur. Pour celà , il a droit à une journée de mise à l'épreuve, un "training day" sous la houlette du sergent chef Alonzo Harris (Denzel Washington).
Le jeune et intègre Jake Hoyt n'est pas sans connaître la réputation de ce vétéran de la lutte antidrogue maintes fois décoré. Mais face au cynisme et à l'imprévisibilité de Harris, l'admiration cède peu à peu le pas au doute...
Auteur de Bait et Brooklyn's Finest ou, dans un tout autre genre de King Arthur, le réalisateur afro-américain Antoine Fuqua propose un policier dramatique à la violence omniprésente. Pas une violence stylisée et complaisante, plutôt une violence visuelle crue et une violence psychologique parfois insoutenable.
C'est en tout cas le réalisme qui prévaut pour montrer la guerre sans fin que se livrent dealers et policiers ; et plus encore les frontières poreuses entre les deux mondes.

Le scénariste blanc David Ayer et le réalisateur Antoine Fuqua ont tous deux grandit dans cette ambiance de guerre civile larvée. Ils complètent cette expérience personnelle par les conseils d'anciens flics (Paul Lozada et Michael Patterson). Et, à l'opposé, Cle Shaheed Sloan -un ancien membre des Bloods introduit dans le milieu du cinéma par Jim Brown via son association- assure la partie "gang relationship" ; il faut dire que par soucis de réalisme, Antoine Fuqua tourne à Watts, South Central ou Crenshaw (pratique quasi inédite à Hollywood, où les décors urbains sont recréés en studios ou adapté dans des quartiers tranquilles) et Shaheed "Bones" Sloan sert de facilitateur avec les habitants et les véritables membres de gang qui acceptent d'être figurants.
Le résultat présenté au public est bluffant et, en sus, cartonne au box office avec des recettes de plus de 100 millions de dollars.

La musique est signée par Mark Mancina et agrémentée des chansons de Cypress Hill, P. Diddy ou Xzibit, ou encore du tube "Still D.R.E. de Dr. Dre et Snoop Dogg ; ces deux rappeurs les plus représentatifs du gangsta rap à l'époque apparaissent d'ailleurs dans de petits rôles.
Mais pour l'essentiel, la noirceur et par conséquence l'âme du film réside dans le personnage incarné magnifiquement par Denzel Washington. Il décroche enfin un Oscar lors de la cérémonie de 2001 (Ethan Hawke était pour sa part nommé pour celui du meilleur second rôle).
Cette récompense n'est que justice pour ce grand acteur et pour le travail effectué non seulement sur ce film, mais tout au long des deux décennies précédentes. Et, pour ma part, je dois quand même remarqué que Denzel, qui interprète souvent des rôles positifs (au premier rang desquels Malcolm X), se voit consacré pour celui d'un salaud intégral. Ironie cynique dont Hollywood a le secret...

Au niveau de la distribution, on croise ça et là des tronches bien connues comme Raymond Cruz (curé psychopathe de Brothers in Arms), Eva Mendes (Exit Wounds, All About the Benjamins, Hitch) et Noel Gugliemi (National Security, Street Kings, The Soloist, Our Family Wedding). Certains ne sont même pas crédités comme Terry Crews et Peter Greene. Dans ces petits rôles, une mention spéciale pour le travail phénoménal au rendu ultra-réaliste de Macy Gray (Gang of Roses, Domino, For Colored Girls).
Enfin, signalons aussi la présence de l'ancien gamin de la blaxploitation Tierre Turner qui dirige maintenant des équipes de cascadeurs, dont ici Wayne King et l'ancêtre Tony Brubaker.

jeudi 21 novembre 2013

Carbon Copy

Pour reprendre la publication de mes billets sur les Afro-Américains et le cinéma hollywoodien, un petit détour par les années 80 et le premier film de Denzel Washington...

CARBON COPY - Michael Schultz (1981)

Walter Whitney (George Segal) est un brillant businessman et vit avec sa femme et sa fille dans une "all-white community" à San Marino en Californie.Walter cache un lourd secret, celui de sa confession juive qu'il a soigneusement occultée pour assurer sa promotion dans son milieu raciste.
Mais un autre problème vient dérégler sa respectabilité : l'arrivée d'un fils inconnu, Rodger Porter (Denzel Washington), fruit d'une brève et ancienne relation avec une Afro-Américaine...
Enième comédie du réalisateur afro-américain Michael Schultz, Carbon Copy offre un premier rôle d'importance à Denzel Washington. C'est probablement son seul apport au cinéma...
Dans ce grand frère du Made in America de Whoppi Goldberg, on retient surtout la trame politiquement problématique, en l'occurence le rapide déclin d'un homme blanc, dont tous les éléments de la vie s'écroulent lorsque débarque son fils afro-américain.

Certains décalages entre la famille blanche BCBG et le jeune Denzel sont cocasses. Il arrive même de rire sincèrement parfois, mais il y a tout de même quelque chose de suranné dans ce Carbon Copy. Produit par la RKO alors renaissante dans un contexte politique général des plus réactionnaire, Michael Schultz ne parvient pas à faire vraiment déborder son film du chemin balisé du politiquement correct (de l'époque). La démonstration gentilment anti-raciste est donc des plus attendus et, à contrario, la fin apparaît tellement dramatique que les publics sont trop désorientés.

Très ancré dans son époque donc et plutôt associé à un recul de l'image des Noirs au cinéma, le film est quasi-introuvable et rarement diffusé à la télé. Gageons que sans la présence de Denzel Washington, il serait tombé dans oubli total.
A noter Paul Winfield, acteur des magnifiques Sounder et Gordon's War, qui joue un petit rôle.