TOP OF THE HEAP - Christopher St. John (1972)
George Lattimer (Christopher St. John) est un des rares agents afro-américains de la police de Washington. Au boulot, il subit d'un coté le racisme de ses collègues majoritairement blancs (capables de l'arrêter et l'insulter lorsqu'il n'est pas en uniforme), de l'autre les accusations de traîtrise proférées par les gens de la rue. Niveau personnel, ça n'est pas non plus la panacée. Il jongle entre sa femme qui le fatigue, sa maîtresse et sa fille droguée.
Pour s'évader de cette vie morose, George fantasme dur ; il se rêve tantôt astronaute, tantôt explorant l'Afrique, tantôt soignée par une infirmière dénudée...
Avec Sweet Sweetback's Baadasssss Song, Melvin Van Peebles avait l'ambition de créer un cinéma afro-américain indépendant, avec sa touche, sa mise en scène, ses
scénari originaux... Christopher St. John est de fait un de ses
disciples.
Il incarnait le militant Ben Bufford dans Shaft
; l'argent qu'il touche pour ce gros succès, il le réinjecte dans ce
projet indépendant totalement original, qui ne ressemble à rien des
dizaines de films classés dans la blaxploitation. Pourtant, il en
possède les caractéristiques principales comme le réalisateur et
l'acteur principal afro-américain, des déambulations urbaines et une
sombre photographie des rapports sociaux et raciaux ainsi qu'un
soundtrack de J.J. Johnson (Man and Boy, Across 110th Street, Cleopatra Jones, Willie Dynamite, ...).
Avec de maigres moyens, Christopher St. John réalise une œuvre riche qui, malheureusement, ne sort
que dans quelques salles ; il doit probablement de ne pas avoir sombré dans un oubli total à sa projection dans plusieurs festivals
internationaux.
Dans la forme comme dans le fond, Top of the Heap est un film anti-système. Le "héros" est sensiblement différent de celui que l'on croise dans les films soul. Ni un super flic, ni un ripoux. Ni une bête de sexe, ni un Oncle Tom asexué. Et c'est justement cet ordinaire que questionne St. John à travers les problèmes existentiels de son personnage. Il interroge la monotonie de la vie urbaine moderne, les mensonges et les mesquineries, la façon dont fonctionne l’ascension sociale pour les Afro-Américains.
La seule actrice un peu connue est Paula Kelly ; elle tourne dans plusieurs films blax importants comme Cool Breeze, Trouble Man, The Spook Who Sat by the Door, Three Tough Guys, Lost in the Stars, Uptown Saturday Night, Drum. Elle parvient à survivre dans les années 80 avec Jo Jo Dancer, Your Life Is Calling, D.R.O.P. Squad ou encore les séries Night Cour et Santa Barbara.
Pour le reste, on croise quelques seconds couteaux habitués du cinéma afro-américain indépendant comme Damu King (Shaft, Black Girl, Sweet Jesus, Preacherman, Black Samson, The Black Godfather, Black Starlet, Blackjack), Ji-Tu Cumbuka (Up Tight !, Blacula, Dr. Black, Mr. Hyde, Mandingo, Moving, Brewster's Millions, Harlem Nights), Jerry Jones (comparse de Rudy Ray Moore dans Dolemite, The Human Tornado et Disco Godfather, il joue également dans Hit ! et Hit Man), Almeria Quinn (Friday Foster, Blue Collar) et le boxeur Ken Norton. Ou encore l'acteur blanc Joe Tornatore, qui participe à plusieurs blax importants : Sweet Sweetback..., Cleopatra Jones, Sweet Jesus, Preacherman et Black Samson.