mardi 24 mars 2009

Joan : «J’ai reçu un tir de flash ball dans l’œil»

Parce que la police se permet tout...
Parce que Joan est un de mes camarades...
Parce que le BAC qui a fait ça ne sera jamais inquiété...
Parce que l'énervement enlève les mots...


La Dépêche raconte :
« J’ai un œil en moins. J’y vois tout noir. La rétine est décollée, avec un hématome interne, le plancher orbital fracturé. Le pronostic des médecins est réservé… » Joan, 25 ans, est hospitalisé depuis jeudi soir au service d’ophtalmologie du CHU Purpan. Il va subir dans les prochains jours deux interventions délicates, pour tenter de lui sauver son œil. C’est la triste conséquence pour cet étudiant en L3 au Mirail qui s’est trouvé au mauvais endroit au mauvais moment, jeudi soir, en marge de la manif interprofessionnelle de Toulouse. Joan a été atteint au visage, vraisemblablement par un tir de flash ball, lors des incidents qui ont éclaté devant le magasin Monoprix au centre ville en début de soirée entre les forces de l’ordre et les manifestants du mouvement étudiant. Les policiers de la Bac et de la compagnie d’intervention ont fait usage de ces armes, tirant des balles en caoutchouc, pour repousser les manifestants qui venaient d’effectuer un « blocage économique » aux entrées du magasin.
Quelques uns d’entre eux étaient entrés à l’intérieur, pour une action « d’auto distribution » symbolique aux plus démunis, méthode apparentée aux Robins des bois.
« J’étais à la manif et je suis resté dans la cortège étudiant. On s’est retrouvé devant Monoprix. Je suis resté aux abords. je n’étais pas dans la chaîne humaine qui bloquait le magasin. Et puis, ça a basculé. Les flics ont chargé. J’ai entendu des bruits de détonation. Un attroupement s’est formé, je me suis replié à l’intérieur pour ne pas rester isolé. On s’est mis à reculer doucement.
A MOINS DE DIX METRES
On était contre la ligne des CRS. Ils m’ont tiré dessus alors que j’étais à moins de 10 mètres d’eux. J’étais effectivement au premier rang, confiant, entrain de dire on recule, on s’en va. Je n’ai absolument pas jeté de canettes ni de projectiles. Je suis sûr que c’est une balle de flash ball qui m’a touché, vu la force et l’impact… On m’a clairement visé ».
Mael, 19 ans, étudiant et pompier volontaire a prodigué les premiers soins à Joan, transporté par ses camardes à l’intérieur du Virgin Mégastore. « On a attendu près de trois quarts d’heure avant que les secours, bloqués derrière la ligne de police, puissent accéder jusqu’à nous ».
« Il est certain que je ne récupérerai pas la totalité de ma vision, un petit peu dans le meilleur des cas », confie Joan, « je trouve que c’est complètement disproportionné et injuste. Sincèrement, je ne comprends pas pourquoi ils ont tiré… »

samedi 21 mars 2009

Mo' Better Blues

Allez, on continue sur la lancée des Spike Lee avec le sublime Mo' Better Blues (pour "more better blues", difficilement traduisible en français, c'est une expression typiquement afro-américaine). A l'image de She's Gotta Have It, on est pas dans le registre des films ouvertement revendicatifs de Spike Lee, plutôt dans un film esthétique, où l'image et la musique priment. Bien sûr, il y a toujours des allusions claires ou très fines chez Spike Lee quant aux problèmes raciaux aux USA et même sur ce film les plus folles critiques l'ont accusé d'antisémitisme (parce que les patrons de la boîte sont juifs)... Mais ce film s'apprécie comme un véritable drame, la chronique d'une époque et la biographie d'un jazzman handicapé des relations sociales.

MO' BETTER BLUES - Spike Lee (1990)



Bleek Gilliam (Denzell Washington) est un trompettiste de génie. Il se produit tous les soirs avec son groupe dans un cabaret. Mais voilà, tout n'est pas rose au pays des jazzmen. Les zicos, mené par l'autre saxo, Shadow (Wesley Snipes), veulent une augmentation que Giant (Spike Lee), le manager n'a pas l'air de réussir à l'obtenir ; Indigo et Clarke, les maîtresses de Bleek aimeraient bien, chacune de son coté, avoir Bleek pour elle seule ; Giant a des problèmes avec le jeu, et il aimerait que son pote Bleek l'aide un peu.
...mais Bleek n'aime que sa trompette et le monde autour de lui le fatigue. Sauf qu'à trop délaisser la vrai vie, elle vous rattrape.
Un film sublime. Spike Lee nous offre des plans de toute beauté, avec un rouge tamisé sublime Le casting est au point avec un Denzell Washington très inspiré et Wesley Snipes dans un rôle qui lui va comme un gant (loin des rôles de brutes qu'Hollywood lui réserve). Spike Lee, comme souvent, nous offre sa stature de freluquet en incarnant un manager largement incompétent.
Toute la petite famille Lee est là, comme d'habitude : Spike offre à sa soeur, Joey Lee, un rôle enfin à sa mesure et elle amène beaucoup de fraîcheur. Bill Lee (le père) a un petit rôle vers la fin, mais c'est surtout lui qui assure la partition du film... et ça en jète !
En guest, Samuel L. Jackson dans campe un caïd local assez savoureux et l'acteur de la Blaxploitation Dick Anthony Williams (Up Tight, The Mack, Five on the Black Hand Side...).

mardi 17 mars 2009

She's Gotta Have It

Depuis 10 ans, peu de nouveautés dans les comédies estampillées "blacks"... Mais voilà qu'un petit réalisateur de Brooklyn vient dynamiter le genre ! Un film -que l'on trouve en France sous le titre Nola Darling n'en fait qu'à sa tête- plein de trouvailles esthétiques et un scénario étonnant et décalé.

SHE'S GOTTA HAVE IT - Spike Lee (1986)


Nola Darling (Tracy Camilla Johns) est une jeune artiste, une femme indépendante qui vit sa vie comme elle l'entend. Elle a ses trois amants masculins : le poète romantique Jamie Overstreet, le B-boy militant Mars Blackmon et le parvenu misogyne Greer Childs (Tommy Redmond Hicks, Spike Lee & John Canada Terrell) et une amante (Raye Dowell).
Alors, bien sûr, Nola est accusée d'être une "freak", une obsédée sexuelle.

Un film superbe, présenté sous forme de faux reportage et tourné en noir et blanc (un peu à la manière de Charles Burnett dans Killer of Sheep). On y explore l'univers de Nola, alternant interviews et flash-back. On vit ses histoires avec chacun de ses amants, sa copine lesbienne, sa bio racontée par ses proches...
She’s Gotta Have It est le premier film de Spike Lee. Il le produit lui-même, avec sa maison de production 40 Acres and a mule (en référence à la promesse faite aux esclaves par les Yankees de recevoir une terre et une mule, promesse non-tenue bien évidemment). A la fin du générique, Spike Lee pose, poing ganté et fermé en l'air. Les bases sont jetées...
Au niveau des chiffres et récompenses, le film -indépendant donc- rapporte 11 millions de dollars, pour un budget initial de 175 000 dollars. Pour ce film, Lee reçoit le Prix de la Jeunesse à Cannes en 1986.

Nola Darling c'est l’anti-stéréotype. Nola Darling brouille en effet les codes auxquels nous ont habitués les films blax' par exemple. Elle cultive une multitude de goûts, comme le prouve son attirance égale pour Greer, Mars et Jamie. Et Spike Lee montre la sexualité noire d’une façon totalement inédite, a fortiori pour une femme noire. A croire que tous ceux qui ont pu critiquer le maître Lee sur sa supposée misogynie n'ont jamais vu ce film. Dommage par ailleurs que ce personnage de femmes "indépendantes" ait été complètement délaissé par le nouveau cinéma afro-américain...

Toute la famille Lee est là : sa sœur Joie joue l'ancienne colloc' de Nola, tandis que son père Jim Lee compose la Bande-Originale du film et incarne le père de Nola... Ainsi que ceux qui vont devenir ses complices de longues années : le producteur Monty Ross, le chef op' Ernest R. Dickerson, le responsable des décors Wynn Thomas, l'homme à tout faire Marcus Turner...
Et outre les acteurs principaux, on déniche les copains de la première heure comme Reginald Hudlin (qui deviendra réalisateur de succès comme House Party, Boomerang et The Great White Hype), Eric Payne, le rappeur Fab 5 Freddy, Erik Dellums...
A signaler, Mars Blackmon (interprété par Spike Lee himself) est un B-boy génialissime, "black and proud" et qui se vante d’être à l’origine de la candidature de Jesse Jackson à la présidentielle américaine : « Vous avez vu, il s’est présenté à cause de moi, Mars Blackmon. Je lui ai donné l’idée. "Présente-toi, Jesse !" ». Le personnage sera réutilisé par Nike qui tourne quelques spots pour ses célèbres baskets.

lundi 16 mars 2009

Black Samson

Acteur et cascadeur, Charles Bail débute dans la réalisation avec Black Samson...

BLACK SAMSON - Charles Bail (1974)

Samson (Rockne Tarkington) tient un bar, il fait le service et corrige les clients qui importunent les danseuses. Armé de son bâton et flanqué de son lion Hoodoo, Samson protège aussi les habitants du quartier.
Mais la famille Nappa ambitionne d'inonder ce quartier de ses produits stupéfiants, en particulier  Johnny (William Smith) soucieux de prouver à son oncle Joe (Tito Vandis) ses qualités de chef.
Johnny Nappa multiplie les coups bas pour arriver à ses fins : coups de pression, infiltration d'une danseuse à sa solde, enlèvement de la petite amie de Samson, Leslie (Carol Speed)...
L'ancien joueur de football Rockne Tarkington (vu dans peu de films soul excepté The Great White Hope, Melinda et Black Starlet) prête son physique impressionnant à la déclinaison blaxploitation du mythe de Samson (sauf qu'il ne tire pas sa force de son superbe afro, mais de son bâton). D'abord acteur et cascadeur, Charles Bail se lance dans la réalisation, sans grand génie pour la mise en scène ou la direction d'acteur, il récidive cependant l'année suivante avec la coproduction Warner/Shaw Cleopatra Jones and the Casino of Gold. Les séquences de bagarres sont heureusement bien orchestrées et Bail mobilise tout un pool de cascadeurs afro-américains parmi les meilleurs tels Bob Minor, Tony Brubaker, Peaches Jones, Marvin Walters, Gene LeBell, Terry Leonard, Ernest Robinson... mais aussi blancs comme Hank Calia, Nick Dimitri,Charlie Picerni, Wayne King Sr., Phil Adams. Si bien que plus de la moitié du casting est l'auteur de ses propres cascades.
Quant à l'équipe technique, beaucoup de similitudes entre ce Black Samson, Black Starlet et Sweet Jesus, Preacherman : le chef décorateur Ed Cosby, Henning Schellerup (directeur de la photographie des deux premiers et réalisateur du troisième, ainsi que de deux autres films obscurs :  The Black Bunch et The Black Alley Cats).

Black Samson est donc un blaxploitation assez typique avec son héros quasi-invincible protégeant ses frères et sœurs de la drogue et de la mafia italo-américaine. Si plusieurs réflexions sur le racisme et la pauvreté fusent, l'ensemble n'est que prétexte à dérouler le script et à provoquer bastons et courses poursuites (agrémentées de courtes scènes de danse topless). La scène finale enchaîne une bonne course-poursuite -avec le bâton de Samson dépassant par l'ouverture du toit !- et l'aide de dizaines d'habitants venus prêter main forte à leur héros ; très intéressante image de la solidarité communautaire pas si fréquente que ça dans les films blax.

Habitué des rôles de méchant dans la blaxploitation : Hammer, une apparition dans The Thing With Two Heads, Sweet Jesus, Preacherman, Boss Nigger, William Smith s'avère le meilleur personnage de ce film et campe à la perfection un méchant raciste et misogyne. Son homme de main est joué par Joe Tornatore (Sweet Sweetback's Baadasssss Song, Cleopatra Jones, Top of the Heap...) et son oncle pragmatique par Tito Vandis (A Piece of the Action).
Carol "Abby" Speed incarne la petite amie du héros et l'on peut reconnaître dans les rues des seconds couteaux tels Damu King (Shaft, Top of the Heap, Black Girl, Sweet Jesus..., The Black Godfather, Blackjack), Marilyn Joi (Hammer, Coffy, Detroit 9000, Hitman, Black Starlet, The Candy Tangerine Man, Black Samurai), Junero Jennings (The Mack, Slaughter's Big Rip-Off, Three the Hard Way,...), Ken Bell (The Black Godfather) et le vieil acteur Napoleon Whiting (débutant dans les années 50, il fut longtemps cantonné aux rôle de serviteurs et autre Pullman porter).

dimanche 15 mars 2009

Cleopatra Jones & The Casino Of Gold

CLEOPATRA JONES & THE CASINO OF GOLD
Charles Bail (1975)


Cleopatra Jones (Tamara Dobson) est de retour. Elle arrive à Hong Kong pour sauver les frères Jonhson (Albert Popwell & Caro Kenyatta), ses camarades pratiquant le kung-fu afro. Elle se retrouve aux prises avec les sbires de la machiévélique et lesbienne patronne du casino d'or : Bianca "the Dragon Lady" Javin (Stella Stevens), qui retient prisonniers les frères Johnson. Cleo est aidée, à son insu, par son alter-ego asiatique, la belle Mi Ling Fong (Ni Tien) et ses poignards brodés de rouge...
Pour ce deuxième opus, on quitte les décors urbains du premier volet pour s'enfoncer dans Hong-Kong et ses marchés, ses places bondées, ses ruelles étroites et ses ninjas par milliers.
C'est une co-production de la Warner et de la Shaw Brothers, la mythique compagnie de Hong Kong, ce qui explique l'abandon du décor urbain, le casting essentiellement chinois et le soundtrack beaucoup moins soul/funk que pour le premier volet.
On passe tout de même un bon moment avec ce film qui alterne action (avec un final haut en couleur de plus de 20 minutes), humour bon enfant et tout de même un certain esprit "black 'n proud".
La réalisation est confiée Charles Bail ; celui-ci avait déjà fait une petite incursion dans la blaxploitation avec Black Samson (et il est aussi cascadeur sur Cleopatra Jones).

On retrouve Caro Kenyatta et Albert Popwell, seuls seconds rôles rescapés du film original, à qui le scénario offre une plus grande importance.
La belle Stella Stevens (que l'on voit aussi dans Slaughter) nous offre un énième rôle de méchante lesbienne, ce qui devient tout de même un peu lassant...

samedi 14 mars 2009

Le retour du rap français

Allez, je vais pas rester avec comme premier message la fifre au fils Sarko et à ce rappeur de bas étage. Alors, un p'tit Kery James pour se remettre et pour patienter en attendant la sortie du nouvel album Réel (le 27 avril), voilà le clip du Retour du rap français avec Médine, Keny Arkana, Béné, des membres de la Mafia K'1 Fry, Kamelancien...
Hardcore ! Jusqu'à la mort !

jeudi 12 mars 2009

"Génération Mobutu" ? Non merci sale con, moi c'est plutôt Patrice Lumumba

Poison, ça c'est une nom de scène qu'il fait vibrer les banlieues du 9-2 les Hauts-de-Seine !!

Ah bon, personne ne connaît Poison ?!?
Mais si, c'est le rappeur qui se fait faire ses prods par le fils Sarko (rappellez-vous).

On connaissait pas vraiment son faciès à Poison si ce n'est à travers cette jolie photo au coté du fiston-à-son-papa :


Bon après, ça peut arriver à tout le monde de faire des erreurs. Mais qui eût cru que ce jeune garçon puisse être un si parfait imbécile. Le voilà qui sort un album titré "Génération Mobutu" et que cet espèce d'Oncle Tom bling-bling se revendique dans le clip du même nom comme le fils caché du dictateur sanguinaire :
Rappellons que le groupe La Rumeur a subi un harcèlement judiciaire pour avoir dénoncer les bavures policières, que le groupe gentillet Sniper a été accusé d'antisémitisme parce qu'ils avaient un avis sur la colonisation israëlienne, que en son temps NTM s'était vertement tancé pour avoir "pisser sur la police". Mais curieusement un rappeur se réclamant d'un meurtrier de masse, usurpateur de surcroit, y a pas la moindre petite plainte, pas le plus petit entrefilet dans la presse...

Un petit rappel s'impose.
30 juin 1960, le Congo conquiert son indépendance. Alors que la Belgique, la puissance coloniale, et le roi présent lors de la cérémonie attendait des remerciements, Patrice Lumumba -premier ministre depuis une semaine, mais combattant anticoloniste qui a déjà passé des mois dans les geôles belges- s'adresse "aux Congolais et Congolaises, aux combattants de l'indépendance" et dénonce les ravages du colonialisme et l'exploitation des femmes et des hommes du Congo ainsi que des richesses. Rapidement, la Belgique qui croiyait pouvoir continuer à piller le Congo "plus démocratiquement" se rend compte que ces intérêts vont être sérieusement mis en échec. Il fomente et soutienne la sécession de la province la plus riche, le Katango et tente, avec la CIA, d'assassiner à plus reprises le premier ministre congolais.
Mais c'est son ministre des armées, Joseph Désiré Mobutu avec l'aide de la Belgique et des Etats-Unis qui va précipiter sa chute et celle des espoirs d'égalité et de liberté du peuple congolais.
Obligé de fuir, il tente de rejoindre ses partisans regroupé à Kisangani... Trqué par Mobutu, l'ONU lui refuse l'asile dans une de ses ambassades, les casques bleues l'empêchent d'entrer. il sera arrêter, amener au Katanga, emprisonner, tuer puis découper en morceau et enterré. Il faudra au moins dix années pour que ces propres partisans connaissent cette histoire.
Mobutu, avec l'aide des Etats-Unis va décimer les troupes loyalistes, prendre le pouvoir et laisser libre cours à sa mégalomanie en rebaptisant le fleuve et le pays Zaïre, en mettant en place un culte de la personnalité et en asseyant son autorité sur des massacres de masse.
Pour plus d'information, l'excellent documentaire de Raoul Peck, ainsi que son film.

Get on the Bus

J'en parlai plus bas, Spike Lee est sujet à controverses. Controverses sucitées c'est sûr par son sens habile de la provocation mais surtout par des critiques -français en particulier- qui ne comprennent rien aux problématiques qu'il peut traiter !
Quand il sort des films "pour manger", pas de problèmes, quand il fait des films pointus et politiques, on hurle au racisme anti-blanc ! Or Spike Lee a un avis, c'est sûr comme chacun de nous, il a des idées politiques (que je ne suis pas sûr de partager dans le détail) mais ses films sont beaucoup plus complexes que l'on veut nous le faire croire. Ils sont souvent subtils avec une galerie de personnages aussi divers que variés et qui ont tous une raison d'agir et de penser comme ils le font... Ces films les plus complexes sont donc souvent caricaturés voire tout bonnement censurés discrètement. Voilà l'exemple de Get On the Bus qu'on ne trouve qu'en zone 1 (lisible uniquement sur les lecteurs DVD US)

GET ON THE BUS - Spike Lee (1996)


Un bus part de L.A. pour Washington avec une quinzaine d'Afro-Américains se rendant à la Million Men March, organisé en 1995 par la Nation of Islam de Luis Farakhan. Réunis par cet évènement qu'ils jugent historique et leur appartenance à la Communauté noire, ces hommes n'en sont pas moins différents.

L'organisateur, un couple homosexuel, un Républicain, un père et son fils (menotté à son père, sur ordre d'un juge), le vieux Jeremiah et son djembe, un jeune muslim, le flic (métis de surcroît), un étudiant de l'UCLA, un acteur raté, macho et misogyne...




Autant dire que ça s'engueule sévère dans ce bus, ça donne des conseils ou ça parade entre deux haltes dans un bar de rednecks et une aire de repos où des sistas ne comprennent pas pourquoi elles ne peuvent pas participer à la marche... Et pour couronner le tout, le bus tombe en panne, et un nouveau chauffer, blanc et juif, prend le relais...

Avec un sujet qui aurait pu être tantinnet épineux, Spike Lee (qui a été, voire est encore, memebre de la NOI) s'en sort avec un brio incroyable. Ce film est vraiment magistral, à l'image de l'interprétation du mythique Ossie Davis. Mais on pourrait presque en dire autant de tous les autres acteurs qui campent à merveille leurs personnages, enlisés dans leurs propres contradictions. Ces personnages sont tous réunis par la même cause, le même rendez-vous et à priori l'appartenance à la même communauté. Et en même temps, ils sont incroyablement différents, si ce n'est antagoniques dans leurs positionnements politiques ou religieux, dans leur regard sur les femmes, la famille, la morale, sur leurs vécus, leurs métiers, leurs attentes ou leurs positions sociales... Et c'est ce qui fait toute la force de ce film et de cette histoire. C'est ce qui en fait pour moi un film emblématique de la "pensée Spike Lee", faite de contradictions, de complexité et de volonté de laisser au spectateur le choix de ces héros.C'est pas le film le plus esthétique de Spike Lee, mais le cocktail d'émotion, de politique, de tranches d'humanité..., qu'il sait si bien doser est là.


samedi 7 mars 2009

Spike Lee censuré ? Pensez-vous...

Le 1er Octobre devait sortir le dernier film de Spike Lee (rappellez-vous).
Or, depuis...
...rien !
Rien de rien !!
Aucune explication. Les salles l'avaient programmées, certaines mêmes avec décos spéciales et tout. Mais rien ne sortait...
Mais depuis le début de la semaine, on commence à y voir plus clair : TFM, le distributeur (filliale de TF1), se refuse à distribuer le film sous le fallacieux prétexte que les critiques étaient mauvaises (rappellons qu'on lui doit Les Randonneurs à Saint-Tropez, Iznogoud, Dead or Alive... que des films ayant eu les faveurs des critiques). Spike Lee est un habitué des censures déguisées en France ; difficile de se procurer sa filmo, certains films -comme par hasard les plus politiques- ne sont pas édités en zone2, il a fallu longtemps pour que les grandes enseignes hors de Paris daignent à mettre en rayon ces productions...

Mais pour une fois une (petite) résistance s'organise. Notamment à travers ce docu :